Affaire Bétharram : Bayrou impassible mais affaibli, Macron assure que le Premier ministre a "toute sa confiance"
- François Bayrou va-t-il devoir quitter Matignon, éclaboussé par le scandale des agressions sexuelles de Bétharram ? La presse politique relaie de plus en plus l'inquiétude de membres du camp présidentiel. "S’il était au courant et qu’il n’a rien fait, là, il est mort. Au moment où on obtient la certitude de cela, il ne peut plus rester", analyse auprès de Médiapart un proche d'Emmanuel Macron.
- En visite au Salon de l'agriculture ce samedi, Emmanuel Macron a assuré que François Bayrou avait "toute sa confiance".
- Le Premier ministre a fait évoluer sa position sur les éléments dont il avait connaissance sur l'internat de Bétharram. Mais il affirme qu'il ne savait rien des violences sexuelles, contrairement à ce que plusieurs personnes, dont une victime et un magistrat, ont affirmé.
- Mardi, François Bayrou a assuré que le gouvernement socialiste en place entre 1997 et 2002 avait, lui, bien été averti d'accusations de viol à l'encontre du père Carricart, ex-directeur de l'institution Bétharram. Le Premier ministre a notamment accusé l'ex ministre de la Justice Élisabeth Guigou et l'ancienne ministre chargée de l'enseignement scolaire, Ségolène Royal, de n'avoir rien fait.
- Selon les informations de BFMTV, la ministre de la Justice de l'époque Elisabeth Guigou avait effectivement "été prévenue par le plus haut magistrat de Pau" des faits reprochés au père Carricart.
14:48 - Emmanuel Macron assure que François Bayrou "a toute sa confiance"
"Le Premier ministre a répondu à toutes les questions sur ce sujet avec beaucoup de clarté. Le Premier ministre, je l'ai nommé et il a toute ma confiance", a dit Emmanuel Macron, en marge de sa visite du Salon de l'agriculture. "Le combat de la lutte contre les violences qui sont faites à nos enfants, c'est le mien depuis le début et je le mènerai jusqu'au bout", a-t-il ajouté.
"D'autres savaient". Ces mots sont signés de François Bayrou, ce mardi 18 février 2025 à l'Assemblée nationale au sujet de la polémique - qui ne cesse d'enfler - autour des violences commises contre certains élèves de Notre-Dame de Bétharram. Dans la chambre basse du Parlement, le Premier ministre a affirmé n'être "jamais" intervenu dans cette affaire, "ni de près ni de loin" après avoir été interrogé par la députée PS Colette Capdevielle
Pour rappel, le locataire de Matignon a reconnu ce samedi avoir eu connaissance d'une plainte pour violence dans les années 1990, après avoir rencontré les membres de l'association des victimes à la mairie de Pau. "Quand j'ai appris en 1996 la première plainte pour une claque, j'ai fait organiser une inspection générale de l'établissement", a-t-il assuré, concédant donc qu'il connaissait ce fait précis de violence.
Royal, Guigou et Allègre ciblés
Cette fois-ci, François Bayrou accuse certaines personnalités politiques en place à l'époque d'avoir été au courant de certains agissements dans l'établissement du Béarn. Dans l'hémicycle, ce dernier s'en est pris au gouvernement de l'époque et plus particulièrement à trois d'entre eux. "Quel était le gouvernement à cette époque ? C'est le gouvernement socialiste de 1997 à 2002. La ministre de la Justice est Élisabeth Guigou (...) Qui était le ministre de l'Éducation nationale ? C'était Claude Allègre. Qui était la ministre chargée de l'enseignement scolaire ? C'était Ségolène Royal", a-t-il fait remarquer. Selon les informations de BFMTV, la ministre de la Justice de l'époque Elisabeth Guigou "avait été prévenue par le plus haut magistrat de Pau" des faits reprochés au père Carricart, ancien directeur de l'institution Bétharram et accusé de viol. Trois courriers datant de 1998 et 2000 - que la chaîne d'informations en continu s'est procuré - en attestent.
"J'affirme devant vous, et vous le vérifierez, que le procureur général a tenu informé la chancellerie à 4 reprises durant l'année 1998", a-t-il affirmé. Voilà pourquoi, ce dernier juge impossible que les membres de l'exécutif Jospin n'aient pas été "avertis" d'un "signalement aussi important". "Il ne peut pas y avoir un tel signalement sans que le ministre de l'Éducation ne soit averti", abonde-t-il. Une ligne partagée par l'actuel ministre de la Justice, Gérald Darmanin, venu au secours de François Bayrou : "ce n'est pas à ceux qui n'étaient pas aux responsabilités qu'il faut poser des questions, mais à ceux qui l'étaient à l'époque", a-t-il lancé.
Pour autant, un gendarme chargé de l'enquête sur le père Carricart accusé de viol à l'époque évoque bien une "intervention" de François Bayrou. "Le procureur général demande à voir le dossier, Monsieur Bayrou est intervenu auprès de lui", a-t-il lancé dans l'émission Sept à huit ce dimanche 16 février. Des déclarations qui ont obligé, une nouvelle fois, François Bayrou à se justifier devant l'Assemblée nationale ce mardi.
Pour prouver son innocence, le Premier ministre a assuré que le juge Mirande et l'ex-procureur général de Pau n'auraient tout simplement pas pu lui communiquer de détail sur les violences à Notre-Dame de Bétharram en raison de leur "absolue intégrité". "Un magistrat n'a pas le droit, sous peine de sanctions disciplinaires (...) de communiquer le moindre élément du dossier dont il a la charge", a indiqué le maire de Pau ce mardi. "S'il n'a rien dit, je ne savais rien de cette affaire", a-t-il assuré.