Ségolène Royal : un licenciement et une candidature face à Macron en 2022 ?
C'est en proclamant qu'elle ne renoncera pas à sa liberté de parole que Ségolène Royal a rendu publiques les intentions du gouvernement de mettre fin à sa mission pour les pôles. Une manière de se positionner pour 2022 ?
Et si finalement, son licenciement était une bonne nouvelle pour Ségolène Royal ? Du moins, une opportunité pour réécrire son agenda, qui l'ennuyait manifestement, avec en ligne de mire l'élection présidentielle de 2022 ? L'ancienne ministre de l'Ecologie, depuis des semaines, se dit capable de porter les espoirs d'alternance de la gauche. Le virus de la politique ne l'a jamais lâchée et malgré les coups durs et les frustrations, elle n'a jamais désespéré d'être à l'avenir un recours pour son camp. Limogée par le gouvernement, Ségolène Royal sera très probablement plus à l'aise dans ses baskets : depuis l'arrivée à l'Elysée d'Emmanuel Macron, elle hésitait entre soutenir bon an mal an le gouvernement - qui s'inscrit dans la ligne sociale-démocrate dont elle issue -, et manifester ses ambitions politiques en affichant ses divergences d'opinion. Le jeu d'équilibriste était d'autant plus compliqué que ses fonctions d'ambassadrice des pôles l'obligeait à un devoir de réserve.
Ces dernières semaines, le ton de Ségolène Royal s'était durci, les critiques envers le gouvernement devenaient de plus en plus nombreuses et systématiques. Crise des gilets jaunes, réforme des retraites, législation sur les pesticides... Le terrain de jeu pour piquer Emmanuel Macron était devenu beaucoup trop grand et bien trop irrésistible pour qu'elle reste en retrait. Et pour la macronie, l'affaire confinait à l'absurde. Ségolène Royal avait été rappelée à l'ordre plusieurs fois, entre autres par la ministre de la Transition écologique et solidaire Elisabeth Borne, en vain. La décision de l'écarter s'est donc imposée, mais l'exécutif mesure très bien que ce licenciement permettra à l'intéressée de se positionner, désormais, comme une opposante. Un député de la majorité résumait bien la situation auprès du Parisien, avant que ne soit rendue publique la décision de la limoger : "Macron est très emm… é. Il l'a nommée en pensant l'acheter, et maintenant, elle lui rentre dans le lard. Il doit vite la sortir, avec le risque de l'instituer comme adversaire pour 2022."
Ségolène Royal déjà en campagne pour les "sans voix qui souffrent"
Comme pour ne pas perdre la face, Ségolène Royal a annoncé elle-même qu'elle ne pouvait rester à ses fonctions, compte tenu des exigences du gouvernement. Mardi 14 janvier, elle a pris les devants et a fait savoir qu'après avoir reçu une lettre lui annonçant qu'il était "envisagé de mettre fin à (s)es fonctions", elle "prenait acte" de son licenciement, qu'elle considérait alors comme ayant déjà été prononcé.
Dans son long message publié sur Facebook, l'ancienne ministre de l'Ecologie assure ne pas vouloir renoncer à "liberté d'opinion". Je comprends par cette lettre que le Président de la République va mettre fin à mes fonctions à un prochain conseil des ministres puisque je n'ai pas l'intention de renoncer à ma liberté d'opinion et d'expression garanties par la Constitution", a écrit Ségolène Royal à la suite de son licenciement.
Ce mercredi 15 janvier, Ségolène Royal a ajouté sur Twitter : "J'ai choisi sans hésiter de garder ma liberté de parler juste au nom des sans voix qui souffrent de reformes brutales et injustes. La mission accomplie sur l'Arctique prend fin, mais mon engagement pour la justice climatique ne faiblira pas. Le travail sur les idées continue". Si l'ancienne ministre se porte candidate à l'élection présidentielle de 2022, il faudra faire de ce tweet le momentum déclencheur.