Dissolution de l'Assemblée nationale : l'idée évoquée par des ténors du gouvernement

Dissolution de l'Assemblée nationale : l'idée évoquée par des ténors du gouvernement François Bayrou va soumettre son gouvernement à un vote de confiance du Parlement le 8 septembre 2025, ce qui pourrait conduire à sa démission, et contraindre Emmanuel Macron à dissoudre l'Assemblée nationale.

François Bayrou a annoncé qu'il solliciterait un vote de confiance du Parlement le 8 septembre prochain. Le Premier ministre a mis en avant le contexte budgétaire français pour justifier sa décision. "Notre pays est en danger parce que nous sommes au bord du surendettement", a-t-il alerté. Selon les informations de BFMTV, François Bayrou a justement évoqué avec les membres du socle commun l'idée d'une nouvelle dissolution de l'Assemblée nationale. "Le président de la République ne la souhaite pas mais en tout état de cause la dissolution reste une hypothèse", a lâché le locataire de Matignon. Des positions qui ont suscité de nombreuses réactions, que ce soit en macronie ou au sein de l'opposition. Dans les rangs du gouvernement, l'hypothèse d'une dissolution suscite un vif débat.

Ce mardi 26 août, le patron des députés socialistes à l'Assemblée nationale, Boris Vallaud, a affirmé ne pas réclamer la démission du président Emmanuel Macron. En revanche, il assure se tenir prêt en cas de nouvelle dissolution de l'Assemblée nationale. "Si elle doit advenir, nous nous y préparons", abonde Boris Vallaud au micro de BFMTV, indiquant qu'un "plan dissolution" est prêt au PS. De son côté, le ministre de la Justice Gérald Darmanin indique qu'une nouvelle dissolution de la chambre basse du Parlement est une option plausible pour trancher "un conflit extrêmement important entre le pouvoir législatif et l'exécutif", sur France 2. "Il vaut mieux pouvoir trouver un compromis avec les groupes politiques à l'Assemblée nationale (...), mais il ne faut pas écarter cette hypothèse", celle de la dissolution, concède le garde des Sceaux.

La dissolution, "seule" option pour Marine Le Pen et le RN

Alors, Emmanuel Macron appuiera-t-il sur le bouton ? Récemment, dans les colonnes de Paris Match, le chef de l'Etat était catégorique sur la question, c'est un non. Justement, "il appartient au président de la République. C'est son pouvoir propre de le faire", rappelait Gérald Darmanin. Une option qui ne ravit pas du tout la présidente du palais Bourbon, Yaël Braun-Pivet : "Je fais partie de ceux, et peut-être que je serai la dernière, à croire en cette Assemblée (...) Non à une dissolution, oui pour un travail en commun, oui pour des concessions", a-t-elle lancé sur TF1. À l'inverse, pour la présidente des députés RN à l'Assemblée nationale, la dissolution est l'unique option. "Seule une dissolution permettra aux Français de choisir leur destin", estime Marine Le Pen. 

Une chose est sûre, si François Bayrou devait démissionner, le président de la République pourrait avoir du mal à nommer un nouveau Premier ministre et à former un nouveau gouvernement. Les deux précédentes nominations, celle de Michel Barnier et de François Bayrou, avaient été longues et n'avaient pas suscité l'unanimité. Une dissolution provoquerait de nouvelles élections législatives, qui permettraient d'apporter de la clarté ou de dégager une majorité. Cependant, les équilibres politiques pourraient peu changer ou être favorables au Rassemblement national. Emmanuel Macron pourrait aussi préférer un gouvernement avec les mêmes parlementaires. 

Mais cette fois-ci, le Rassemblement national est déterminé à pousser le gouvernement à la dissolution et pour cela, il pourrait mettre son veto sur toute nomination d'un nouveau gouvernement issu du centre, ce que fera aussi la gauche. La stratégie visant à cibler Emmanuel Macron comme le responsable de la situation actuelle, notamment de la crise et de la paralysie politique et parlementaire pourrait aussi être choisie par le RN pour refuser systématiquement des nouveaux noms de prétendants à Matignon trop connotés "bloc central". Dans ce cas, le parti à la flamme pourrait appuyer - logiquement - à chaque fois sur le bouton de la censure lorsque celle-ci serait dégainée par une opposition, invoquant une crise politique et/ou une paralysie parlementaire qui dure depuis trop longtemps dans la chambre basse du Parlement. Une situation qui pourrait pousser le chef de l'Etat à une nouvelle dissolution du palais Bourbon, voire, à démissionner.

Des mois de tourmente politique

Depuis plus d'un an, la France traverse une période de bouleversements politiques historiques. Le 9 juin 2024, le Rassemblement national et le Nouveau Front populaire remportaient le plus de voix aux élections européennes en France, largement devant le camp présidentiel. Emmanuel Macron avait rapidement réagi dans une allocution télévisée : "J'ai décidé de vous redonner le choix de notre avenir parlementaire par le vote, je dissous donc ce soir l'Assemblée nationale." Une annonce inattendue qui a été à l'origine d'une séquence pleine de rebondissements.

Tout d'abord, la tenue de nouvelles élections législatives, qui ont donné une Assemblée encore plus divisée. Si le camp présidentiel n'avait qu'une majorité relative avant la dissolution, elle est aujourd'hui divisée en trois blocs : 182 sièges pour les élus du Nouveau Front populaire, 168 pour le camp présidentiel et 143 pour le RN et ses alliés.

Le Premier ministre de l'époque, Gabriel Attal, avait ensuite démissionné le 16 juillet. Celle-ci a été acceptée par Emmanuel Macron, qui a ensuite brandi la "trêve olympique" pour ne pas appeler un nouveau Premier ministre à former un gouvernement. Il aura fallu attendre le 5 septembre pour voir Michel Barnier arriver à Matignon.

Une surprise mal accueillie par la nouvelle Assemblée. En effet, le NFP étant arrivé en tête, il s'attendait à voir une personne de son camp à la tête du gouvernement. Le RN avait la même ambition, considérant être arrivé premier puisque, contrairement à l'alliance de gauche, il est le parti qui a réuni le plus de sièges. De plus, Michel Barnier est issu des Républicains, qui n'ont que 49 députés. Son gouvernement a été censuré le 13 décembre après avoir tenté de faire passer son budget avec un 49.3. Vient enfin le gouvernement Bayrou, membre de l'alliance centrale. Après une tentative de censure de la gauche, qui n'a pas été soutenue par le Rassemblement national, il est toujours en place au mois d'août 2025.

Dernières mises à jour

13:34 - En cas de dissolution, la gauche est "prête à gouverner", assure Tondelier

"Emmanuel Macron a nommé contre le vote des Français deux Premiers ministres de son camp, pour autant d'échecs (...) Après la chute annoncée de François Bayrou, il devra enfin choisir la force arrivée en tête aux législatives de juin 2024. Avec nos partenaires politiques de gauche, nous sommes prêts à gouverner", assure la secrétaire nationale de Écologistes, Marine Tondelier, au micro de BFMTV ce mardi. 

13:26 - Macron peut-il être poussé à démissionner ?

La France insoumise lancera une procédure de destitution d'Emmanuel Macron le 23 septembre prochain, a annoncé Jean-Luc Mélenchon. "Le plus court chemin, c'est que le responsable s'en aille", a-t-il lancé. Dans les faits, la démission d'un chef de l'Etat est prévue par l'article 68 de la Constitution et la loi organique précisant son application, en cas de manquement du Président "à des devoirs manifestement incompatibles avec l'exercice de son mandat". On vous explique tout dans notre article dédié, ci-dessous :

13:13 - "La dissolution est une option", explique Louis Aliot (RN)

"La dissolution est une option, c'est même une possibilité importante dans la Ve République. Le peuple souhaite s'exprimer, parce que je peux vous dire, ici, que tout le monde en a marre de vivre systématiquement les mêmes épisodes, la même politique, sans aucune mesure nouvelle ou même perspective d'avenir". Au RN, "nous sommes respectueux des institutions. La Ve république permet un certain nombre de mécanismes institutionnels pour sortir de la crise, il faut les mettre en place, le jour où ils ne fonctionnent plus, parce qu'il n'y a pas d'autre solution que le départ du président, ce n'est pas à Mélenchon de décider qui part et qui reste, c'est au président de prendre ses responsabilités, de jauger son impopularité et de quitter le pouvoir", indique ce mardi le maire RN de Perpignan, interrogé sur BFTMV.

12:12 - "La dissolution reste une hypothèse", lâche Bayrou

Selon les informations de BFMTV, le Premier ministre François Bayrou a évoqué avec les membres du socle commun l'idée d'une nouvelle dissolution de l'Assemblée nationale. "Le président de la République ne la souhaite pas mais en tout état de cause la dissolution reste une hypothèse", a lâché le locataire de Matignon.

11:14 - Le RN veut une dissolution pour "donner une majorité à ce pays"

"François Bayrou tente une ultime manoeuvre, il rencontrera un ultime échec", a déclaré sur CNews ce mardi, le député du Nord et vice-président du RN, Sébastien Chenu. "Si (Emmanuel Macron) est un président responsable, il se tourne vers les Français, il dissout l'Assemblée et il leur dit 'donnez une majorité'", estime-t-il. Le Rassemblement national, lui, "fera campagne (...) pour gouverner le pays non seulement sur un programme, mais sur l'idée de donner une majorité à ce pays", conclut-il.

11:08 - "Oui, oui à la dissolution", lance Laurent Jacobelli (RN)

"Si demain il y a une dissolution, les Français ne se laisseront plus avoir par la sirène du front républicain. Ils diront tout simplement : 'on veut une majorité'. L'impôt, on en a marre. L'insécurité, on en a marre. L'immigration, on en a marre. Qui a le programme qui nous correspond ? Quel gouvernement de rupture et d'alternance est possible ? C'est le Rassemblement national. Oui, oui à la dissolution", a déclaré ce mardi le député de Moselle et porte-parole du Rassemblement national Laurent Jacobelli sur BFMTV. Il attend désormais qu'Emmanuel Macron "demande aux Français de s'exprimer" par des élections législatives anticipées, sur France Info.