Roquefort, l'arme de Macron pour amadouer Trump ?
Ce jeudi 3 juillet, Emmanuel Macron est attendu à Roquefort-sur-Soulzon (Aveyron) pour célébrer les 100 ans de l'appellation d'origine protégée du (AOP) Roquefort. Il visitera la cave Roquefort Société, ira à la rencontre des producteurs et participera à une dégustation. La visite du président de la République devrait durer entre deux et trois heures. Mais elle n'a rien d'anodin. Le Roquefort, c'est un emblème gastronomique pour la France à l'international.
En effet, le fromage réalise un quart de ses ventes à l'export, notamment aux Etats-Unis. C'est là que les soucis interviennent. Donald Trump pourrait décider de doubler à 20 % le taux par défaut des droits de douane sur les importations en provenance de l'Union européenne, voire, les porter à 50 % comme il l'avait déclaré en mai dernier. Une décision qui apparaitrait comme un coup de massue pour une filière qui cherche de nouveaux débouchés aux Etats-Unis, pour tenter de compenser une baisse structurelle de ses ventes en France. Voilà pourquoi, le déplacement d'Emmanuel Macron revêt une importance capitale.
L'AOP Roquefort représente plus de 2 600 éleveurs et environ 1 330 exploitations. Sa commercialisation représente près de 14 000 tonnes en 2024. Il est aussi la troisième AOP française en tonnage commercialisé, derrière le comté et le reblochon. Dans ce contexte, les producteurs concernés s'inquiètent grandement des conséquences de la guerre commerciale menée par le président américain.
Emmanuel Macron, lui, estime que cette guerre est une "aberration" et appelle à la conclusion "rapide" d'un accord, mais "pas à tout prix". Toutefois, la France ne semble pas encline à courber l'échine devant Washington et entend défendre l'AOP. "Au-delà de sa renommée gastronomique, elle incarne un modèle d'agriculture de territoire, structurant l'élevage ovin, soutenant l'emploi local et participant à l'aménagement équilibré des zones rurales. Symbole du patrimoine fromager national, l'appellation Roquefort contribue activement à la préservation des savoir-faire, à la transmission intergénérationnelle et à l'attractivité de nos campagnes. Elle témoigne de la capacité de nos filières d'excellence à conjuguer traditions vivantes et développement durable, qu'il faut à tout prix protéger", expliquait le palais de l'Elysée. Autant d'arguments que le chef de l'Etat tentera de mettre en avant pour faire plier Donald Trump.
"Le symbole et l'image que renvoie ce déplacement du président de la République est très important", estime François-Xavier Huard, PDG de la Fédération nationale de l'industrie laitière (FNIL), auprès de l'AFP. "Quand l'intérêt collectif est en jeu, il faut que tout le monde se regroupe derrière la bannière", poursuit-il. D'autant plus que la visite d'Emmanuel Macron dans l'Aveyron intervient au moment où le commissaire européen au Commerce, Maros Sefcovic, tente de conclure un accord commercial avec les Etats-Unis à Washington avant la date butoir du 9 juillet fixée par Donald Trump.