Budget 2026 : Sébastien Lecornu dévoile ses premières pistes, déjà des déceptions pour la gauche
Voilà plus de deux semaines que Sébastien Lecornu est Premier ministre, pourtant, il n'a pas encore nommé le nouveau gouvernement. Il vient d'annoncer dans une interview au Parisien que le gouvernement "sera nommé avant le début des travaux parlementaires", soit le 1er octobre. Il a également donné des pistes de réflexion sur le budget 2026, qui est attendu pour le 14 octobre à l'Assemblée nationale, après ses nombreuses entrevues avec les forces politiques.
Sébastien Lecornu a annoncé "repartir sur une feuille blanche". "Je présenterai un budget qui tiendra compte des premières consultations que j'ai eues avec l'ensemble des organisations syndicales et patronales, et des formations politiques", a-t-il ajouté. Il précise que le budget, "à la fin, ne sera pas le budget Lecornu" et que "des compromis seront à trouver dans l'hémicycle". Assurant prendre en compte les attentes sociales, il refuse de "préparer un budget d'austérité et de régression sociale". Il prévoit ainsi un déficit public de 4,7 % en 2026. Son prédécesseur, François Bayrou, prévoyait 4,6%.
Il confirme son objectif de réduction des dépenses avec notamment, une "diminution de six milliards d'euros sur l'État et son train de vie", notamment concernant les ministères. Il répond ainsi au point sur lequel les camps droite et gauche se rejoignent. A l'inverse, des moyens supplémentaires seront consacrés aux retraites (six milliards) et à la santé (cinq milliards).
Des demandes de la gauche rejetées ?
Par ailleurs, le Premier ministre a annoncé qu'il n'envisageait pas de retour de l'impôt sur la fortune. Concernant la taxe Zucman, un impôt plancher de 2% apposé aux personnes dotées d'un patrimoine de plus de 100 millions d'euros, il ne croit pas non plus que ce soit "la bonne réponse", à cause des "impacts en termes d'emploi, d'investissement et de compétitivité" qui ne sont pas assez pris en compte. Ces deux mesures sont pourtant fortement soutenues par la gauche, et notamment le parti socialiste, mais rejetées par la droite et le patronat. Pour les impôts, il a déclaré que "la répartition de la charge au sein des impôts actuels doit évoluer" et donc que "certains impôts augmenteront, mais d'autres diminueront", voulant éviter une augmentation globale. Il faut donc attendre de connaitre le détail de cette répartition et si une taxe sur les plus riches pourrait être actée sous une autre forme.
Il n'envisage pas non plus de revenir sur la réforme des retraites. "Je rappelle que la réforme Borne portait des mesures utiles aux salariés : majoration de la retraite minimale de 100 euros par mois, création d'une assurance vieillesse pour les aidants, surcote des pensions pour les mères de famille dès 63 ans", a-t-il précisé. Il pourrait toutefois réfléchir au sujet estimant que la réforme n'est pas achevée, notamment concernant la pénibilité et les femmes. De nouveau, c'était une décision attendue par la gauche, qui risque d'être fortement déçue de ces premières pistes. Fermer la porte à une abrogation de la réforme des retraites de 2023 peut, a contrario, être un moyen d'apporter des garanties à la droite. L'arbitrage s'annonce donc délicat et dépendra aussi de la composition du gouvernement.
La gauche vent debout menace de censurer le gouvernement
Après cet entretien de Sébastien Lecornu accordé au Parisien, plusieurs ténors de gauche ont manifesté leur opposition aux propositions faites par le nouveau chef du gouvernement. Parmi les premiers à réagir, Jean-Luc Mélenchon a ainsi appelé les forces de gauche de l'hémicycle à "rallier la censure insoumise" dans un post sur X (ex-Twitter). De son côté, le Premier secrétaire du Parti socialiste, Olivier Faure, a lui aussi brandi la menace de la censure en estimant qu'"aucun effort" n'avait été fait par le nouveau locataire de Matignon après la dernière mobilisation syndicale et citoyenne de 18 septembre dernier, et alors même qu'une nouvelle mobilisation est prévue pour le 2 octobre à l'appel de l'intersyndicale. "Si on devait aujourd’hui se poser la question de savoir si l’on censure ou pas […] nous censurerions parce qu’aucun effort n’a été réalisé", a-t-il ainsi déclaré. Quant à la patronne des Écologistes, Marine Tondelier a elle aussi menacé de censurer le futur gouvernement de Sébastien Lecornu en expliquant que, pour l'heure, ce dernier avait dit "non" à toutes les mesures de la gauche, mais "oui" à toutes celles de la droite.