Une élection présidentielle en 2026 ? L'idée fait son chemin, on sait même à quoi ressembleraient les résultats

Une élection présidentielle en 2026 ? L'idée fait son chemin, on sait même à quoi ressembleraient les résultats Depuis la démission de Sébastien Lecornu, l'option d'une démission d'Emmanuel Macron et d'une élection présidentielle anticipée en 2026 est évoquée par plusieurs personnalités politiques, dont Edouard Philippe.

Mardi 7 octobre, le patron d'Horizons, Edouard Philippe, a suggéré au président Emmanuel Macron de démission pour que se tienne "une élection présidentielle anticipée", après l'adoption d'un budget pour 2026. Une option envisageable, bien qu'elle dépende uniquement de la volonté du chef de l'Etat de mettre un terme lui-même à son mandat. Ici, l'article 7 de la Constitution fait foi, et le dispositif a déjà été expérimenté en 1969 après la démission du général de Gaulle. Que se passerait-il dans un tel scénario ? Comment s'organiserait une nouvelle élection présidentielle début 2026 après l'adoption d'un budget en fin d'année 2025 ?

À compter du jour de la démission du président de la République, le délai de vacance du pouvoir est constaté et un nouveau scrutin doit être organisé dans un délai de 35 jours maximum, ce qui signifie une campagne express. Pendant ce temps, le président du Sénat - Gérard Larcher - assure l'intérim, avec des pouvoirs limités : il ne peut ni dissoudre l'Assemblée, ni convoquer de référendum. Le scrutin pourrait probablement se tenir fin janvier ou début janvier, selon l'annonce hypothétique d'Emmanuel Macron.

Nous sommes là dans de la politique fiction : le principal intéressé a déjà martelé qu'il ne démissionnerait pas, se considérant comme garant de la stabilité des institutions. Toutefois, la récente communication de l'Elysée autour du futur d'Emmanuel Macron reste floue. "Tout est ouvert", confiait un des conseillers du chef de l'Etat auprès du Politico, dans sa newsletter du 7 octobre.  Et l'idée fait son chemin : elle est évoquée à Horizons, par des cadres de LR. Elle est aussi réclamée par LFI, qui a même lancé une procédure de destitution.

La menace d'une "pré-campagne inéquitable"

Attention, la potentielle démission d'Emmanuel Macron risquerait cependant de créer une "pré-campagne inéquitable", d'après la constitutionnaliste Anne-Charlène Bezzina. "C'est absolument impossible de démissionner en deux temps et de considérer qu'on va lancer une campagne présidentielle en annonçant sa démission (…) Cette campagne-là, de 35 jours maximum, va lancer toutes les règles de financement, de temps de parole médiatique, de recueil des parrainages, de déclaration des candidatures officielles, etc", explique-t-elle auprès de l'AFP.

Cette dernière précise aussi que le mandat du potentiel nouveau président sera un mandat complet : "Une élection anticipée ouvre un nouveau quinquennat complet. C'est une nouvelle légitimité démocratique", ajoute-t-elle auprès de Public Sénat. Enfin, même en cas d'élection anticipée, un président ne peut exercer plus de deux mandats consécutifs. Autrement dit, Emmanuel Macron ne pourra pas se représenter à une élection présidentielle, en vertu de l'article 6 de la Constitution.

Quatre hypothèses, un grand favori

À l'instant T, que pourrait bien donner une élection présidentielle anticipée en 2026, du moins, un premier tour ? En se basant sur le dernier sondage Cluster17, réalisé les 30 septembre et 1er octobre auprès de 1 531 personnes (publié le 3 octobre) et testant plusieurs hypothèses en vue de l'élection présidentielle 2027, il est clair qu'une tendance se dégage. Au total, cinq scénarios de deuxième tour peuvent être envisagés.

Dans un scénario où Jean-Luc Mélenchon, Raphaël Glucksmann et Edouard Philippe sont tous en lice face à Jordan Bardella, les trois se retrouvent à égalité à 15%, alors que le président du RN est crédité de 30% des suffrages. Bruno Retailleau atteint 12% et Eric Zemmour 5,5%. Le RN sort grand gagnant face à une opposition morcelée composée de trois blocs principaux qui se neutralisent. Cette hypothèse est à ce stade la plus probable.

Dans la deuxième hypothèse, Gabriel Attal remplace Edouard Philippe. Il obtient alors 12%, un score inférieur à celui du président d'Horizons. Le ministre démissionnaire de l'Intérieur, Bruno Retailleau, grimpe à 14%, tandis que Marine Le Pen, candidate à la place de Jordan Bardella, bénéficie de 30,5%. Jean-Luc Mélenchon et Raphaël Glucksmann recueillent tous deux 15% des intentions de vote. Eric Zemmour conserve son score de 5,5%.

La troisième option voit l'entrée en lice des Ecologistes. Jordan Bardella franchit ici la barre des 31%, renforçant l'idée selon laquelle le Rassemblement national plane au-dessus de ce dernier sondage, et de bon nombre des derniers parus récemment. Marine Tondelier (EELV) plafonne à 7,5%, derrière Edouard Philippe (19,5%), Jean-Luc Mélenchon (15%), Bruno Retailleau (12,5%) et Eric Zemmour, stable à 5,5%. À noter que l'absence de Raphaël Glucksmann permet au "centre-droit" de grappiller du terrain en frôlant les 20% d'intentions de vote, son meilleur score toutes hypothèses confondues.

Enfin, la quatrième et dernière option teste le PS. Si le patron des socialistes, Olivier Faure, venait à entrer dans la danse à la place de Raphaël Glucksmann, cela n'aurait pas vraiment d'impact pour la concurrence. Le PS bénéficie ici de 8 % des intentions de vote, loin derrière LFI et Jean-Luc Mélenchon (14%) et Edouard Philippe (19,5%). Jordan Bardella reste nettement en tête à 30%, même constat pour Eric Zemmour en queue de peloton avec 5,5%, comme dans chaque option testée. Ces résultats interviennent quelques jours après une autre enquête d'opinion de l'Ifop-Fiducial pour Sud Radio et L'Opinion, publiée le 30 septembre. Elle plaçait déjà le RN largement en tête, entre 33% et 35% des intentions de vote.