Euthanasie, suicide assisté... Quelles différences ?

Euthanasie, suicide assisté... Quelles différences ? L'euthanasie comme le suicide assisté sont des procédures censées permettre aux personnes malades de mettre définitivement fin à leurs souffrances. Quelles sont les particularités de ces pratiques, toutes deux interdites en France ?

Si l'euthanasie et le suicide assisté sont tous les deux censés mettre fin aux souffrances d'un patient qui souhaite abréger son existence, ils sont aussi et surtout interdits en France. Dans l'Hexagone, le droit de la fin de vie est strictement légiféré par la loi Leonetti de 2005 rebaptisée Claeys-Leonetti après sa révision en 2016 : seule la sédation longue et profonde est autorisée, et cette mesure est moins une aide à mourir qu'un soulagement de la douleur dans l'attente du décès du patient. Et pour cause, aider un patient à mettre fin à ses jours est un sujet très délicat auquel de nombreux médecins se refusent. Pourtant, dans les faits la sédation longue et profonde peut se rapporter à une euthanasie passive. Et quid du suicide assisté ? Le point sur les terminologies et leur pratique.

Euthanasie passive ou active, qu'est-ce que c'est ?

Tout tient dans l'intitulé de la pratique : l'euthanasie passive découle de l'absence de soins tandis que l'euthanasie active requiert un acte, souvent une injection létale, pour aider le patient à mourir. La particularité de l'euthanasie, quelle que soit sa forme, est le fait que le médecin prenne part au déclenchement de la mort du patient, à la demande de ce dernier. L'implication du professionnel de santé est évidente dans le cas du recours à une injection létale, elle est plus subtile lors d'une procédure dite passive, laquelle se rapproche, à peu de chose près, d'une sédation longue et profonde.

Lors d'une euthanasie passive, le corps médical stoppe tous les traitements curatifs du patient mais poursuit les soins dits de confort notamment l'administration d'antidouleurs ou de soins palliatifs dans les cas les plus sévères, au regard de l'obligation de "sauvegarder la dignité du patient, assurer sa qualité de vie et soulager sa souffrance". Selon les cas et à la demande du patient la nutrition et l'hydratation artificielle, considérées comme des traitements, peuvent également ne plus être prodiguées. L'arrêt des traitements est prévu sous certaines conditions (refus du traitement, interdiction de l'obstinations déraisonnable) et l'euthanasie passive peut dans un sens se calquer à la sédation longue et profonde.

Quel rôle pour le médecin dans le suicide assisté ?

Si le suicide médicalement assisté est aussi interdit par la loi française, c'est parce qu'il requiert également la participation d'un médecin. Si ce n'est pas lui qui injecte un produit létal, à l'instar de l'euthanasie, il prescrit les médicaments - le plus souvent des barbituriques - qui permettent au patient de mettre fin à ses jours. Le patient peut aussi profiter d'un accompagnement médical dans le processus de fin de vie et de la présence d'un médecin lors de la prise des médicaments ou du déclenchement de l'injection lors d'un suicide assisté.

L'euthanasie et le suicide assisté un jour autorisés en France ?

La légalisation de l'euthanasie et du suicide assisté n'est, a priori, pas envisagée par le gouvernement mais l'exécutif est amené à réfléchir à la question de la fin de vie et a pensé à des procédures pour permettre aux patients qui souhaitent mourir de le faire en sécurité auprès du corp médical. C'est d'ailleurs ce qu'a exprimé la convention citoyenne de la fin de vie lors d'un vote le 19 février 2023. 84% des 167 citoyens tirés au sort qui ont voté se sont dits favorables à "l'ouverture" d'une "aide active à mourir". La même convention mise sur pied par Emmanuel Macron a jusqu'au 19 mars pour préciser les conditions de mise en œuvre de cette aide mais la présidente de la convention Claire Thoury, a rappelé sur franceinfo le 20 février qui les conclusions citoyennes ne sont pas contraignantes et que "la balle sera dans le camp du gouvernement" qui se saisira ou non de la question.

Autour du même sujet

Santé