Virus Nipah : quel mode de transmission ? Quel risque de propagation en France ?
Le virus Nipah se propage en Inde et inquiète les autorités sanitaires du pays tout comme l'OMS. Pourrait-il être à l'origine d'une épidémie mondiale ?
Le virus Nipah fait des ravages en Inde : un garçon de 14 ans infecté a perdu la vie en ce mois de juillet. Une situation qui inquiète puisqu'il s'agit d'un virus très dangereux : selon l'OMS, son taux de moralité est compris entre 40 à 75%. Le Nipah est classé par l'organisation comme un "agent pathogène prioritaire", au même titre que Ebola et le Covid-19.
Le Nipah tire son nom du village malaisien où est apparue la première épidémie en 1998, qui a coûté la vie à plus de 100 personnes. La contamination était venue de porcs domestiques et les autorités avaient alors décidé d'abattre plus d'un million de porcs.
Le virus Nipah se transmet aux humains par les animaux notamment les cochons et les chauves-souris ou par les aliments contaminés. La chauve-souris frugivore est notamment un hôte naturel de ce virus.. Lors des épidémies au Bangladesh, la consommation de fruits contaminés par l'urine ou la salive de ces chauves-souris était la source d'infection.
Comment s'effectue la transmission ?
La contamination peut aussi se faire entre humains, des cas ont été constatés parmi les familles et les soignants de patients infectés. Cela fait notamment suite à un contact étroit et prolongé avec une personne infectée et passe par les sécrétions corporelles telles l'urine, le sang, les gouttelettes nasales... Sa période d'incubation est de 4 à 14 jours. Pour confirmer une infection, des tests sont possibles en laboratoire.
Quels symptômes et quel traitement ?
S'il existe des cas asymptomatiques, le virus peut aussi provoquer de la fièvre, des maux de tête, une myalgie (douleurs musculaires), des vomissements ou encore une faiblesse respiratoire. Ces symptômes peuvent être suivis de vertiges, de somnolence, d'altération de la conscience et de signes neurologiques indiquant une encéphalite aiguë. En cas de complications, le patient peut souffrir de convulsion, d'une inflammation cérébrale ou d'une maladie respiratoire aigüe. Une encéphalite et des convulsions surviennent dans les cas graves, évoluant vers le coma dans les 24 à 48 heures.
Il n'existe, pour le moment, aucun vaccin ni traitement pour lutter contre ce virus. Certains sont toutefois en phase d'essais cliniques. L'éradication repose donc uniquement sur la détection précoce et l'abattage des animaux infectés et à risque. Pour limiter la contamination, il faut aussi régulièrement se laver les mains, éviter de partager la nourriture ou la literie de personnes infectées. Le port du masque est aussi recommandé.
L'OMS donne aussi quelques recommandations : "Pour protéger les humains de l'infection, il convient notamment de réduire les contacts avec les chauves-souris et leurs sécrétions en adoptant des pratiques d'hygiène rigoureuses, telles que le lavage des fruits et des légumes avant consommation, en procédant à une bonne hygiène des mains après la manipulation ou la préparation de ces produits".
La France peut-elle être touchée ?
Le virus a également été signalé au Cambodge, au Ghana, à Madagascar, aux Philippines, au Bangladesh, en Indonésie et en Thaïlande. Pourrait-il pour autant arriver en France ? Pour le moment aucune infection n'a été détectée en Europe. "S'il mutait pour devenir plus transmissible, ça pourrait être catastrophique", avait déjà alerté le virologue Hervé Fleury auprès de l'Express.
Selon une enquête de Reuters l'année dernière, l'Inde touchée à plusieurs reprises est propice à la propagation du virus de par son urbanisation et sa déforestation. Les animaux ont alors migré plus près des humains. Si le risque de propagation en Europe reste faible, il faut rester prudent. "Personne n'est à l'abri… Cela prendrait peu de temps pour qu'une crise mondiale se déclenche à cause des voyages et des échanges commerciaux dans le monde", a expliqué à Reuters Pragya Yadav, principal responsable de la recherche sur le virus Nipah au sein de l'Institut national indien de virologie.