Androcur : paralysie, tumeurs... Une plainte concernant le médicament et un scandale sanitaire prêt à éclater ?
L'Amavea, une association de victimes du médicament Androcur, a porté plainte contre X devant le tribunal judiciaire de Paris pour mise en danger d'autrui et tromperie aggravée, ce mardi 5 novembre, comme indiqué par l'avocat et la présidente de l'association auprès de l'Agence-France-Presse (AFP).
Ce médicament prescrit contre l'endométriose - ou encore l'acné, la chute de cheveux et en tant que moyen de contraception - et commercialisé par Bayer serait responsable de plusieurs troubles neurologiques et plus particulièrement de tumeurs du cerveau. D'après les informations du Monde, la plainte vise exactement cinq infractions : l'administration de substance nuisible, l'atteinte involontaire à l'intégrité de la personne, la mise en danger d'autrui, le non-signalement d'effet indésirable et la tromperie aggravée.
"Ce méningiome m'avait rendue hémiplégique du côté droit"
"Il est aujourd'hui évident que les acteurs en charge de la sécurité d'Androcur ont failli dans la gestion des effets secondaires de ce médicament", indiquent Charles Joseph-Oudin et Emmanuelle Mignaton, présidente de l'Amavea, dans un communiqué. Tout avait commencé en 2003 pour Emmanuelle Mignaton.
Après la prise de ce médicament, elle ressent rapidement des symptômes : "J'ai eu des maux de tête très importants, des problèmes d'élocution et ma main droite se paralysait", explique-t-elle sur RMC. Après avoir pris l'Androcur pendant sept ans, elle dit avoir développé cinq tumeurs dont une de la taille d'une orange. "Ce méningiome m'avait rendue hémiplégique du côté droit. J'avais perdu la parole (...) ça m'a plongée dans une dépression assez importante", reconnaît-elle dans les colonnes de France Info.
Le lien entre la prise de l'Androcur et les méningiomes a été établi en 2018. "Pourtant, aucune information n'a été communiquée aux professionnels de santé prescripteurs ni aux patientes avant 2019", regrette l'association. Voilà pourquoi, "L'Amavea, représentante de milliers de victimes, souhaite qu'une enquête soit menée pour déterminer les négligences commises et établir la responsabilité des acteurs impliqués", tout en réclamant la désignation d'un juge d'instruction. De plus, d'après la plainte, "à compter de 1998, des cas de méningiomes sont régulièrement déclarés aux laboratoires commercialisant l'Androcur".
Cinq autres victimes doivent déposer plainte au pénal
Entre 2009 et 2018, 2 578 femmes ont été opérées d'un méningiome à cause de la prise d'un médicament progestatif. Dans les faits, les méningiomes sont des tumeurs des membranes qui entourent le cerveau.
Si elles sont qualifiées de "bénignes", car elles ne sont pas susceptibles de muter en cancers mortels, elles peuvent en revanche provoquer d'importants handicaps neurologiques. "Dans les prochains jours, cinq autres patientes, victimes du médicament, doivent déposer plainte contre X au pénal également mais à titre individuel", précise RMC.