Merah : nouvelles révélations sur les services français

Merah : nouvelles révélations sur les services français Le quotidien Libération a pu consulter des documents qui montreraient que Mohamed Merah aurait peut-être pu être arrêté avant le massacre dans l'école juive de Toulouse.

Ce sont des révélations qui sèment le trouble : les auditions de deux policiers du renseignement toulousain, révélées ce mercredi 31 octobre par le quotidien Libération, pointent l'aveuglement dont aurait fait preuve la DCRI, la Direction centrale du renseignement intérieur, dans l'affaire Merah. Que disent ces documents ? Dès juin 2011, soit 9 mois avant les assassinats perpétrés par Mohamed Merah, les policiers toulousains auraient envisagé de transmettre le dossier du jeune homme au parquet antiterroriste. Mais leurs supérieurs hiérarchiques de la DCRI n'auraient pas donné suite. Quelques jours après les révélations sur les défaillances de l'enquête pointées par un rapport de l'IGPN, la police des polices, les affirmations de ces policiers toulousains relancent donc la polémique sur l'efficacité des services de renseignement français dans cette affaire.

Dans son édition de ce mercredi, Libération revient sur l'audition de Christian Ballé-Andui, chef de la Direction régionale du renseignement intérieur (DRRI) de Toulouse et sur celle d'"Hassan", ce brigadier dont le nom avait déjà été cité dans l'affaire Merah. Ce dernier avait en effet interrogé le futur terroriste, avant que celui-ci ne passe à l'acte. Il était également présent lors du siège de l'appartement de Mohamed Merah, avant que celui-ci ne soit abattu par les forces françaises. Le 15 juin 2011, ces deux hommes auraient rédigé une note à leurs supérieurs parisiens pour demander une évaluation pour une possible enquête judiciaire sur Merah, après son voyage en Afghanistan et au vu de ses liens avec le milieu radical. Les deux policiers toulousains affirment ne pas avoir eu de réponse. Pire, deux policiers parisiens seraient venus rencontrer Mohamed Merah en novembre 2011 et, suite à cet entretien, auraient décidé de baisser la surveillance.

A cette mauvaise évaluation de la dangerosité du futur assassin s'ajoute le fait que la DCRI aurait même envisagé, en janvier 2012, de recruter Merah comme source, comme indicateur, trois mois avant son passage à l'acte. Toujours selon le quotidien Libération, qui dévoile des extraits de l'audition de Christian Ballé-Andui, ce dernier aurait pour sa part décidé de ne pas recruter Mohamed Merah au vu de sa "dimension encore trouble", à ses yeux.

La piste de l'extrême droite privilégiée

Enfin, les auditions des deux policiers toulousains révèleraient que Mohamed Merah aurait pu être repéré après avoir abattu les militaires à Montauban, c'est-à-dire avant de tuer trois enfants et un professeur dans une école juive Ozar Hatorah de Toulouse. Ainsi, le 15 mars 2012, jour de la tuerie de Montauban, où deux parachutistes ont été abattus et un autre grièvement blessé, Christian Ballé-Andui aurait proposé de participer aux réunions des enquêteurs, sans succès. Selon lui, ses chefs opérationnels auraient peut-être pu reconnaître Merah sur les vidéos récupérées par les enquêteurs.

Plus loin, le patron de la DRRI aurait aussi avancé la piste djihadiste à sa direction. Dans une note qu'il aurait transmise sur la piste salafiste figurait le nom de Mohamed Merah. Mais ses supérieurs hiérarchiques lui auraient alors demandé d'opérer des "vérifications sur les pistes de l'ultra droite". Et surtout de "mettre en attente le document sur le salafisme".

EN VIDEO - En mars dernier apparaissait le visage de Mohamed Merah sur France 2, qui diffusait une vidéo amateur du tueur. Ce dernier était alors toujours retranché chez lui, à Toulouse.

"Le visage de Mohamed Merah sur une vidéo amateur"