Viande avariée de Pologne : quel danger pour les consommateurs français ?
[Mis à jour le 1er février 2019 à 14h18] C'est incontestablement un scandale sanitaire : le ministère de l'Agriculture a indiqué ce vendredi avoir trouvé la trace de 795 kilos de viande avariée dans 9 entreprises commercialisant de la viande en France, affirmant très clairement que les services sanitaires avaient été "dupés". Pour l'heure, 500 kilos de viande concernée par l'alerte ont été récupérées et détruites. Les produits pointés proviennent de Pologne, pays dans lequel une enquête a été ouverte sur les conditions d'abattage et de diffusion de lots de viande manifestement viciés.
Il y a quelques jours, la chaîne de télévision polonaise TVN 24 avait diffusé un reportage dévoilant des pratiques illégales et abjectes dans certains abattoirs du pays, comme le rapporte BFMTV. On découvrait des bovins manifestement malades conduits dans des abattoirs, des amas de viande impropres à la commercialisation. Le Guardian avait consacré un article pour rendre compte des abus révélés par ce reportage. Le journal britannique retranscrivait le témoignage d'un membre du personnel de cet abattoir. "J'avais l'ordre d'enregistrer la viande comme étant saine, et de la rendre la plus présentable possible. C'était horrible, croyez-moi. L'odeur de la viande pourrie, ça vous fait vomir. Je devais la rendre 'plus jolie' en la raclant avec un couteau".
Les autorités polonaises ont réagi, dénonçant un cas isolé. Le président de l'Association polonaise de producteurs de bétail à viande, Jerzy Wierzbicki, a lui indiqué à l'AFP que la présence d'animaux malades dans cet abattoir n'était pas déterminée. "Certains médias ont suggéré que dans cet abattoir on tuait des animaux malades. [...] C'étaient des vaches contusionnées, qui n'étaient pas en mesure de quitter le camion toutes seules. De telles vaches ne doivent pas être conduites à l'abattoir mais doivent être tuées chez l'éleveur par une personne qualifiée pour le faire", a-t-il assuré
#SuperwizjerTVN | W polskich rzeniach od lat na masow skal zabija si chore krowy. Jedzc ich miso naraamy zdrowie i ycie.https://t.co/qErXBti05g
— tvn24 (@tvn24) 26 janvier 2019
Plusieurs pays de l'UE touchés par le scandale
La France n'est pas le seul pays concerné par ce qui semble être une tromperie manifeste à grande échelle. Au total, "2,7 tonnes ont été vendues à des pays membres de l'Union Européenne", a fait savoir le responsable des services vétérinaires polonais, dans la journée de jeudi. Au moins 9 autres pays auraient intégré des lots de viande polonaise avariée sur leur sol : l'Espagne, le Portugal, la Finlande, la Suède, la Hongrie, l'Estonie, la Roumanie, la Lituanie et la Slovaquie. Dans un communiqué, que s'est procuré BFMTV, le commissaire européen à la Santé et la sécurité alimentaire a invité les gouvernements des pays concernés à agir sans attendre : "La priorité aujourd'hui est de retracer et de retirer du marché tous les produits provenant de cet abattoir. J'appelle les Etats membres concernés à agir promptement", a-t-il écrit.
"Aucun danger" pour la santé des consommateurs
Pawel Niemczuk, chef des services vétérinaires, a fait savoir que des expertises avaient été menées sur la viande saisie er que celle-ci ne présentait aucun danger pour la santé des consommateurs. La Pologne a toutefois fermé l'abattoir où a été produite la viande bovine viciée. Le président de l'Association polonaise de producteurs de bétail à viande, Jerzy Wierzbicki, a par ailleurs fait part de ses craintes : "Le marché polonais est inquiet, sur toute la chaîne". Les prix du bœuf "ont baissé d'environ 7% par rapport au début de la semaine", a-t-il précisé.