Délestages et coupures d'électricité, baisses de tension : qu'est-ce que c'est ?

Délestages et coupures d'électricité, baisses de tension : qu'est-ce que c'est ? Pour pallier les tensions sur le système électrique cet hiver, le gouvernement a prévu de recourir à des baisses de tensions mais aussi à des opérations de délestages et des coupures de courant. En quoi consistent ces mesures ?

[Mis à jour le 5 décembre 2022 à 16h45] Personne n'a pu passer à côté des délestages électriques. La mesure présentée comme le dernier recours pour réguler la consommation d'électricité cet hiver, en cas de trop fortes tensions, est dans toutes les bouches. Pourtant il y a encore quelques semaines, ce genre d'opération n'était qu'une lointaine hypothèse. Elle l'est encore selon le gouvernement qui s'efforce de rappeler que la mesure ne sera prise qu'"exceptionnellement". Jusqu'à Emmanuel Macron qui a lancé un "pas de panique" à l'adresse des Français le 3 décembre sur les antennes de LCI et TF1 rappelant que le délestage électrique ou encore le recours à des baisses de tension, évoqué ces derniers mois par la ministre de la Transition énergétique Agnès Pannier-Runahcer, "sont des scénarios fictifs mais il faut les préparer". Les dispositions sont en train d'être prises et le protocole pour recourir à ces mesures est prêt mais, en quoi consistent vraiment les opérations destinées à limiter la consommation d'électricité et éviter le black-out ?

Qu'est-ce que le délestage électrique ?

En quelques mots le délestage électrique et une coupure de courant programmée "exceptionnelle". "C'est l'organisation de coupures d'électricité localisées, temporaires et réparties sur le territoire", précise le réseau de transport d'électricité (RTE) sur sa plateforme Ecowatt. L'anticipation et le déclenchement volontaire sont des caractéristiques qui distinguent le délestage d'une simple coupure de courant inopinée. Et si les opérations de délestage sont mises en œuvre c'est "pour conserver l'intégrité du système électrique" "lorsqu'il n'y a pas suffisamment d'électricité disponible en France pour faire face à la consommation", indiquent EDF et RTE. Les délestages permettent notamment d'éviter des pannes de grande échelle comme des black-out généralisés sur le territoire.

Si elles sont nécessaires, les opérations de délestage sont aussi de courte durée. En l'occurrence la coupure d'électricité programmée est limitée à deux heures, un temps auquel il faut ajouter le délai de redémarrage du système électrique. Limité en temps, le délestage est aussi circonscrit à une zone géographique très localisée, sur une parcelle minoritaire d'un département. Enfin la coupure de courant prive d'électricité tous les sites situés sur la zone délestée à l'exception des sites dits sensibles ou prioritaires tels que les hôpitaux, les casernes et locaux des forces de l'ordre ou encore les sites industriels à risque.

Comment est organisé le délestage électrique ?

Une circulaire adressée aux préfectures par le gouvernement le 1er décembre précise les conditions dans lesquelles les délestages électriques seront organisés, au besoin, durant l'hiver. L'exécutif assure que les coupures ne seront pas inopinées puisque le signal Ecowatt permettra d'anticiper les besoins. Le risque de délestage sera donc annoncé trois jours à l'avance en cas de signal rouge et une coupure effective du courant sera confirmée la veille à 17 heures au plus tard.

L'annonce du délestage électrique précisera l'étendue de la zone privée de courant, laquelle sera toujours minoritaire dans un département. La plage horaire de délestage sera également indiquée : la coupure interviendra aux heures de pointe soit le matin entre 8h et 13h ou le soir entre 18h et 20h. RTE rappelle aussi que les délestages seront "répartis" et "lissés" sur l'ensemble de territoire français - à l'exception de la Corse qui dépend du réseau électrique italien et de sa propre production d'énergie - de sorte à ne jamais délester deux fois une même zone.

Qu'est-ce qu'une baisse de tension ?

Une baisse de tension correspond, comme son nom l'indique, à une réduction de la tension du réseau électrique. Quasiment imperceptible, le mesure affaiblit le nombre de Volts émis par les prises électriques, cela peut ainsi retarder le chargement des appareils électriques ou électroniques tels que les téléphones et amoindrir de peu la puissance d'autres équipements ou de l'éclairage. Toutefois, une baisse de tension qui persiste dans le temps peut avoir un impact sur la longévité de vos appareils électroniques.

Le gouvernement a laissé entendre qu'il pourrait faire la demande à RTE d'organiser une baisse de tension. Le 30 août dernier, Agnès Pannier-Runacher avait évoqué cette possibilité sur l'antenne de France Inter suggérant qu'il faudrait "passer de 230 volts à 220 volts" pour économiser "beaucoup d'électricité" sans que cela n'ait d'incidence sur l'état des appareils électroménagers. En effet, votre domicile est considéré comme "mal alimenté si un minimum moyen de 207 volts est enregistré pendant dix minutes", indique le garant du service public de la distribution des énergies vendéennes, Sydev.

Quelles sont les risques de subir un délestage ou une baisse de tension ?

Si au départ, le recours à des baisses de tension était privilégié pour faire des économies d'énergie et éviter des tensions puis un black-out pendant l'hiver, l'option des délestages, plus conséquente, a depuis gagné en force. Le gouvernement s'est d'ailleurs préparé pour assurer le possible déclenchement de coupures d'électricité anticipées et limitées "parce que parfois l'impensable arrive", a déclaré Emmanuel Macron sur TF1 et LCI le 3 décembre. Et le président de la République d'ajouter : "C'est la responsabilité du gouvernement, en lien avec tous les acteurs compétents de préparer ces scénarios pour que tout le pays ne soit pas en désordre complet."

Les délestages électriques entrainent plus de conséquences que les baisses de tension et en se préparant à recourir à des coupures d'électricité programmées, le gouvernement doit aussi pallier certaines difficultés notamment l'impact des coupures sur certains établissements comme les écoles, sur des infrastructures dont les antennes téléphoniques et surtout sur les ménages dont certains ne peuvent être privés d'électricité à l'instar des personnes médicalisées à domicile.