Quelles solutions pour appeler les secours lors d'une coupure de courant ?

Quelles solutions pour appeler les secours lors d'une coupure de courant ? Cet hiver, d'éventuels délestages électriques perturberaient le réseau téléphoniques et compliqueraient l'entrée en contact avec les secours. Le gouvernement travaille à des solutions pour assurer le lien avec les services d'urgence.

Solution de "dernier recours", les délestages électriques pourront être utilisés cet hiver si les tensions sur le réseau sont trop fortes. Les coupures de courant, bien qu'anticipées et limitées à deux heures, auront de nombreuses conséquences dont "des interruptions de communications électroniques" sur le réseau de téléphonie mobile et fixe. La circulaire rédigée par le gouvernement et envoyée aux préfectures le 1er décembre précise la mesure rapportée par Europe 1. Les lignes téléphoniques ne sont pas prioritaires en cas de coupure et ne seront donc pas exemptées des délestages, problème : les appels téléphoniques sont le moyen privilégié des Français pour contacter les secours en cas d'urgence. Dans les zones délestées, "les usagers ne pourront pas joindre les services de secours (15, 17, 18, 115, 196)", écrit le document officiel qui renvoie au 112, le numéro d'appel d'urgence européen.

Le 112, seul numéro d'urgence disponible ?

Une coupure de courant, même programmée, entraîne les mises hors service des antennes du réseau téléphonique. "Il est illusoire d'imaginer qu'en cas de délestage, on saura maintenir un service continu pour l'ensemble des Français", a reconnu la directrice générale d'Orange, Christel Heydemann, devant la commission des affaires économiques du Sénat le 30 novembre. Sans antenne, les numéros d'urgence habituels ne sont pas disponibles, seul le 112 peut fonctionner grâce à son signal accessible sur tous les opérateurs et donc sur des zones géographiques plus vastes. Le statut particulier du 112, en tant que numéro européen, peut permettre au numéro d'urgence d'"être moins perturbé" par les interruptions sur le réseau de téléphonie. Le recours au 112 n'est toutefois pas une solution miracle car "si [les services mobiles] sont éteints dans une zone géographique pendant deux heures, il n'y aura pas d'accès aux services de numéro d'urgence pendant un temps", a rappelé Christel Heydemann.

Si le 112 reste utilisable pour joindre les secours, encore faut-il que les usagers puissent émettre des appels, ce qui n'est pas garanti comme l'indique la circulaire. "La téléphonie mobile et l'internet ne fonctionneront pas dans les zones privées d'électricité. [...] Seules les lignes en cuivre, avec prise téléphonique fonctionnelle en T, seront opérationnelles", précise le gouvernement.

Le 112 suffit-il pour prendre tous les appels ?

Le plan du gouvernement en vue de possibles délestages électriques prévoit que les moyens humains disponibles dans les centres d'appels d'urgence chargés de centraliser et de prendre en charge tous les appels soient renforcés pendant mais aussi deux heures avant et deux heures après les coupures, note Europe 1. Ce renfort est aussi de mise dans les brigades de gendarmerie et les postes de police. Un décuplement des forces pensé pour pouvoir répondre à une demande plus importante. Face à la situation, des communications de sensibilisation pour inciter les Français à recourir au 112 uniquement en cas de réelles urgences pourraient être organisées. Pour de simples renseignements sur la coupure de courant ou autre, des permanences dans les mairies sont prévues par le plan gouvernemental.

Le numéro d'urgence 112 fonctionne-t-il partout ?

Un autre problème se pose à l'utilisation du 112. Si le numéro d'urgence est bien le seul à pouvoir être borné par toutes les antennes, il reste des zones blanches où le numéro ne fonctionne pas. Les pouvoirs publics ont demandé de cartographier toutes ces zones pour pouvoir y remédier et rendre le 112 disponible et joignable partout d'ici à janvier.

L'utilisation du numéro 112 pourrait aussi être compliquée par une saturation de la ligne téléphonique non délestée, mais prise d'assaut par toutes les tentatives d'appels. En zone urbaine, les appels au 112 pourraient être permis grâce à un signal, moins performant mais possible, émis par l'antenne la plus proche et épargnée par la coupure de courant, mais si le signal est utilisé par tous la communication sera considérablement ralentie. La situation pourrait être plus critique en milieu rural à cause d'un maillage plus espacé bien que suffisant d'ordinaire.

Quelles autres solutions pour contacter les secours pendant une coupure de courant ?

Si le réseau téléphonique risque d'être perturbé en cas de coupures de courant, il existe "des systèmes de secours qui permettent de prendre le relais", a prévenu la directrice d'Orange. Impossible toutefois de munir toutes les antennes de batterie ou de générateur d'appoint. Certaines antennes sont déjà équipées de batteries de secours, mais seulement capables d'une "autonomie de 10 à 30 minutes" et "conçues pour gérer les micro-coupures", ces solutions de repli ne suffiront pas à compenser deux heures de coupure de courant d'après Michel Combot, directeur général de la Fédération française des télécoms (FFTélécoms), interrogé par le Parisien le 1er décembre. Quant aux générateurs, impensable de transporter ces engins de plus d'une tonne à divers endroits et "dans un délai très court", poursuit le directeur général de la FFTélécoms.

Le plan du gouvernement prévoit également des mesures dans les zones où le 112 ne fonctionne pas. Lesquelles doivent d'ailleurs être cartographiées pour définir "des mesures palliatives et de renforcement de la sécurité", notamment le déploiement physique des services d'urgence sur le terrain pour assurer des interventions en cas de besoin. Enfin, si l'entrée en contact avec les urgences n'est possible ni par téléphone, ni physiquement, des cellules de crise mises en place dans les mairies ou d'autres lieux définis doivent être en "capacité de relayer l'alerte aux services de secours, de santé et de sécurité, pendant la durée du délestage et de la coupure éventuelle du réseau téléphonique."

Qui peut être touché par les interruptions sur le réseau de téléphonie ?

Si les délestages et les coupures d'électricité sont responsables d'interruptions sur le réseau de téléphonie, la logique veut que les coupures soient circonscrites à une même zone géographique. Mais ce n'est pas si simple et Michel Combot, le directeur général de la FFTélécoms, redoute des "coupures subies en mode taches de léopard plutôt que ciblées sur des territoires".