Sous-marin implosé près du Titanic : le Titan était-il suffisamment sécurisé ? Les recherches se poursuivent

Sous-marin implosé près du Titanic : le Titan était-il suffisamment sécurisé ? Les recherches se poursuivent Le sous-marin touristique Titan a implosé à près de 4 000 mètres de profondeur lors de son expédition vers l'épave du Titanic. La conception et la sécurité du submersible sont depuis très critiquées. Les recherches de débris se poursuivent pour essayer de comprendre comment le drame s'est produit.

L'essentiel
  • Le sous-marin Titan a implosé a annoncé la garde-côtes américaines, le jeudi 22 juin 2023 après la découverte de débris dans les fonds marins de la zone de fouille.
  • Les débris retrouvés appartiendraient au submersible touristique et seraient des morceaux d'un "cadre d'atterrissage" et d'un "couvercle arrière" selon l'océanographe David Mearns. 
  • Les cinq passagers du submersible, dont l'explorateur français Paul-Henri Nargeolet, ont été déclarés morts. Ils n'ont pas pu survivre à l'implosion du sous-marin.
  • Un bruit pouvant correspondre à l'implosion d'un sous-marin a été détecté par un système de l'US Navy dès dimanche 18 juin, jour de la disparition du submersible, selon les informations du Wall Street Journal. La coque sous-main touristique aurait donc pu céder dimanche sous l'effet de la pression exercée à près de 4 000 mètres de profondeur.
  • Le sous-marin Titan avait alors qu'il débutait une expédition vers l'épave du Titanic. Il se trouvait à 4 000 mètres de profondeur et à près de 1 500 km des côtes américaines quand il a émis son dernier signal.
En direct

14:11 - Des mails d’avertissement au patron d’OceanGate

Le patron de la compagnie américaine à l’origine de la construction de Titan avait reçu plusieurs mails alertant sur la sécurité du sous-marin. La BBC a révélé une série de mails entre le patron de la société, Stockton Rush et un spécialiste de l'exploration en eau profonde, Rob McCallum. Dans cet échange, ce dernier conseille à OceanGate de ne pas utiliser le submersible : "Je pense que vous vous placez potentiellement, vous et vos clients, dans une dynamique dangereuse."

14:10 - L’enquête est toujours en cours

Si le sous-marin Titan a bel et bien implosé, de nombreuses questions subsistent et l’enquête n’est pas terminée. Au micro de Franceinfo, le directeur de CERES et expert en recherche sous-marine, Bertrand Sciboz annonçait qu’elle prendrait encore quelques jours pour des raisons techniques. Tous les débris vont devoir être remontés à la surface afin de reconstituer le puzzle et de constater « ce qui a pu casser en premier. Est-ce que c’est le hublot ? Ou une autre partie de la structure du navire ? », s’interroge Bertrand Sciboz.

En savoir plus

Où était le sous-marin qui se rendait vers le Titanic ?

Les recherches pour retrouver le submersible Titan ont débuté à l’endroit où le sous-marin a émis un signal pour la dernière fois : à 1 448 km des côtes américaines du Cape Cod, au Massachusetts, dans l’océan Atlantique. L’appareil entamé une expédition pour observe le Titanic. Le paquebot britannique a coulé en 1912 au large des Terre-Neuve, au Canada, après avoir heurté un iceberg.

Le sous-marin a été recherché dans les environs, en surface et dans les profondeurs jusqu’à 4 000 mètres. Au fil des opérations, la zone de fouille s’est étendue sur un périmètre de 19 700 km² a fait savoir le capitaine Jamie Frederick.

D'importants moyens avaient ensuite été déployés pour retrouver le submersible : deux avions militaires ont surveillé la surface de l'eau, un C-130 américain et un P8 canadien, un sous-marin, des bouées sonar ainsi qu'un véhicule télécommandé ROV ont été mis à l'eau pour sonder les profondeurs. Un robot Victor 6000, un appareil sous-marin télécommandé devait aider les recherches à parti du mercredi 21 juin en fin de journée. Les sonars permettent de capter toute activité jusqu'à 3 950 mètres de profondeur. Cela correspond plus ou moins à la distance à laquelle l'épave du Titanic repose et à laquelle le sous-marin devait aller. Le navire Horizon Arctic "conçu et équipé pour des opérations de soutien offshore avancées" a aussi participé aux recherches, a fait savoir la société Horizon Maritime. Dans la nuit du mardi au mercredi, des bruits de "claquement" ont été entendus à intervalle réguliers. Ces bruits entendus approximativement toutes les 30 minutes et repérés par les sonars pourraient être émis par les passagers depuis le submersible et constituaient un espoir, douché jeudi par de nouvelles analyses puis par la découverte de débris appartenant très certainement au sous-marin perdu, selon les informations données lors d'une conférence de presse jeudi soir.

A quoi ressemblait le sous-marin Titan ?

Voici une vidéo effectuée par le site de la BBC, qui montre bien la conception du sous-marin Titan

Une sécurité qui pose question

Le Titan aurait-il dû être interdit de se rendre près de l'épave du Titanic ? La question se pose au fil des témoignages d'experts en plongée sous-marine. En 2018, le directeur des opérations marines d'OceanGate, David Lochridge, avait même été licencié après avoir remis en question la sécurité du submersible. Cet employé avait souligné que le hublot était conçu pour descendre jusqu'à 1 300 mètres de profondeur alors que la compagnie comptait se rendre sur l'épave du Titanic à presque 4 000 mètres de profondeur...

Dans son rapport, David Lochridge alerte sur l'absence totale de tests de pression réalisés sur la coque en fibre de carbone. Historiquement, ce type d'appareils est fait de titane et d'acier, mieux réputés pour leur résistance en profondeur. Les premiers éléments de l'enquête semblent avancer que le Titant a implosé : la pression de l'eau a broyé sur lui-même le sous-marin.

Qui étaient les cinq passagers du sous-marin disparu ?

Ils étaient cinq à avoir pris place dans le sous-marin Titan pour se rendre jusqu'à l'épave du Titanic. Parmi eux, deux aventuriers chevronnés notamment l'océanaute français Paul-Henry Nargeolet, l'un des plus grands experts du paquebot britannique au monde. Le septuagénaire avait déjà plongé plus de 35 fois près de la célèbre épave et avait systématiquement conscience des risques en tant qu'ancien officier de la Marine et professionnel de la plongée. "C'est un très grand connaisseur de ce périmètre sous-marin. Il est capable de tout. Y compris de refaire surface", avair assuré son attaché de presse Mathieu Johann auprès du Parisien, avant que l'on apprenne jeudi soir l'implosion probable du sous-marin et la découverte de débris.

Le second explorateur à bord du sous-marin Titan était l'homme d'affaires britannique de 58 ans, Hamish Harding. Le président de la société internationale Action Aviation avait fait partie du cinquième vol commercial de Blue Origin, devenant du même coup l'un des premiers touristes de l'espace. L'homme avait fait part de sa participation à l'exploration marine près du Titanic sur les réseaux sociaux.

Le fondateur d'OceanGate, la société organisatrice de l'expédition à bord du sous-marin, Stockton Rush, était aussi à bord du submersible, selon les informations de Sky News. Les deux autres personnes qui complétaient l'équipage touristique du Titan sont Shahzada Dawood, un important et riche homme d'affaires pakistanais, et son fils Suleman. Le businessman est vice-président d'Engro, un conglomérat qui investit dans l'énergie, l'agriculture, la pétrochimie et les télécommunications, précise Le Parisien.

Ces cinq passagers avaient embarqué à bord du sous-marin Titan pour une expédition estimée à 10 jours, dont 8 en mer, selon le site internet de la société privée OceanGate Expeditions. Le submersible devait normalement comporter un conducteur, un guide et jusqu'à trois passagers civils qui paieraient chacun 250 000 dollars pour participer à l'expédition.