Le harcèlement scolaire responsable du suicide d'un adolescent de 15 ans à Poissy ?

Le harcèlement scolaire responsable du suicide d'un adolescent de 15 ans à Poissy ? Un adolescent de Poissy, victime de harcèlement scolaire, s'est suicidé, mardi. Le harcèlement avait été signalé et suivi par l'établissement, mais les mesures ont été insuffisantes.

[Mis à jour le 7 septembre 2023 à 21h43] Un adolescent de 15 ans, victime de harcèlement lors de l'année scolaire précédente, s'est suicidé mardi à son domicile de Poissy, dans les Yvelines. Le corps du lycéen a été retrouvé par sa mère, pendu au lit mezzanine par une taie de traversin, le mardi 5 septembre en fin de journée, au lendemain de la rentrée scolaire. Le ministre de l'Éducation nationale, Gabriel Attal, a annoncé, mercredi 6 septembre, l'ouverture d'une enquête administrative sur les circonstances de ce harcèlement. La justice devra déterminer si le passage à l'acte du jeune est lié à ce harcèlement.

Mais il est avéré que l'adolescent était victime d'harcèlement depuis au moins un an. Un harcèlement qui remonte à l'automne 2022. Il s'agissait de brimades, de moqueries de la part de deux autres élèves. Des faits qui ont été remontés au proviseur de l'établissement puis jusqu'au rectorat. Le parquet de Versailles appelle à "rester prudent" et indique qu'une enquête est en cours pour déterminer précisément les causes de la mort du lycéen.

Un des amis proches de la victime, Killian, a indiqué auprès de BFMTV qu'en plus des faits de harcèlement qui portaient "surtout [sur] son physique", la dépression dont souffrait le jeune homme pourrait avoir été trop dure à surmonter : "À force, je le comprends s'il s'est suicidé à cause de ça. Vu qu'il était dépressif, ça a dû le pousser encore plus à le faire". Le jeune homme n'était pas scolarisé dans les même établissement que la victime mais ils "se parlai[ent] toujours". L'adolescent décédé avait d'ailleurs essayé de joindre Killian dans la soirée du 4 septembre après la rentrée scolaire alors que ce dernier était indisponible. 

Un harcèlement signalé et avéré

"Une enquête est en cours mais les premiers éléments qui ont été remontés par les services attestent clairement que des faits de harcèlement avaient été déclarés au cours de l'année scolaire 2022-2023", a fait savoir le ministère de l'Éducation nationale quelques heures après l'annonce de la mort du jeune homme. Si la victime avait changé d'établissement et fait sa rentrée dans un lycée professionnel du 14e arrondissement de Paris le 4 septembre, elle avait passé toute l'année précédente dans le même établissement que ses harceleurs, le lycée Adrienne-Bolland à Poissy.

Les faits dont été victime l'adolescent avaient été signalés auprès de l'établissement scolaire et faits l'objets de plusieurs démarches de la part de la famille du jeune homme. Le premier signalement remontait à décembre 2022, il avait alors été fait état "de brimades et d'injures répétées de la part de plusieurs élèves nommément désignés". Des échanges avaient eu lieu avec le lycée entre mars et avril 2023 jusqu'à ce que la famille de l'adolescent dénonce "l'absence de mesures suffisantes" et dépose une main courante au commissariat de Poissy, sans que celle-ci n'aboutisse à une plainte. Le ministre de l'Education nationale a ajouté que, d'après l'établissement, l'adolescent avait "bénéficié d'un suivi régulier par la CPE, et ce jusqu'à la fin de l'année scolaire".

Une enquête administrative et une "initiative forte" contre le harcèlement scolaire

Une enquête judiciaire pour rechercher les causes de la mort a été ouverte et les enquêteurs "vérifient évidemment tout l'environnement du jeune, dont l'aspect scolaire" a souligné la procureure de la République de Versailles, Maryvonne Caillibotte auprès de France Télévisions. Ni la mère, hospitalisée car en état de choc, ni le père de la victime n'ont encore été entendus par les enquêteurs.

Le ministre Gabriel Attal, qui s'est entretenu avec la mère du jeune garçon afin de lui apporter "tout [s]on soutien", a indiqué qu'une autre enquête, administrative cette fois, avait également été ouverte au sein de l'établissement où était scolarisé le jeune homme l'an dernier. Non seulement de l'enquête, une cellule d'écoute et de soutien a été mis en place dans le lycée de Poissy. 

Ce nouveau drame replace le harcèlement scolaire au cœur des débats sur les mesures à prendre dans l'Education nationale. "Beaucoup de choses ont été engagées", a tenu à rappeler le ministre, énonçant : "Nous avons déployé le programme pHARe qui doit se généraliser cette année dans l'ensemble des lycées. Un référent adulte sera désigné à partir de cette année dans chaque établissement." Enfin, Gabriel Attal a souligné avoir lui-même "annoncé un certain nombre de mesures fortes cet été", évoquant "le fait que désormais ce sera au harceleur de changer d'établissement et non plus à la victime du harcèlement" ou encore "le fait que nous pourrons désormais prononcer des sanctions disciplinaires à l'endroit d'un élève qui cyberharcèle un élève d'un autre établissement, ce qui n'était pas possible auparavant".

Brigitte Macron rend visite à la famille du lycéen

Après la réaction et la venue du ministre de l'Education nationale, c'est la Première dame Brigitte Macron qui a rendu visite, jeudi 7 septembre, à la famille du jeune lycéen qui s'est suicidé. Elle était accompagnée du député Renaissance de la 12e circonscription des Yvelines, Karl Olive.