Une menace bien plus grave que les météorites arrive de l'espace - elle est déjà juste au-dessus de nos têtes

Une menace bien plus grave que les météorites arrive de l'espace - elle est déjà juste au-dessus de nos têtes

Des spécialistes craignent que ces engins, présents par milliers à quelques kilomètres seulement de la Terre, deviennent un danger important pour nous tous.

Les satellites artificiels envoyés par centaines dans l'espace sont-ils dangereux ? Ces engins qui se trouvent en orbite autour de la Terre sont particulièrement utiles, ils sont notamment responsables de la qualité du réseau Internet ou de la précision des données géolocalisées. La course est donc à celui qui en enverra le plus pour s'ouvrir de nouveaux marchés et garantir à ses clients la meilleure qualité.

C'est ainsi que sont nés les méga satellites, un ensemble de plusieurs centaines de petits satellites artificiels envoyés dans l'orbite basse, c'est-à-dire très proche de la Terre. Cet ensemble permet à son propriétaire d'offrir un réseau à très haut débit sur une très grande partie de la planète, même dans les zones difficiles d'accès comme les massifs montagneux et la pleine mer. Ces dernières années, ces "méga constellations" se multiplient, mais leur impact à long terme reste inconnu. 

Les experts de l'espace s'inquiètent néanmoins de ce phénomène en voie de développement. En plus des satellites Starlink d'Elon Musk et ceux européens de OneWeb déjà en orbite, l'Europe travaille à l'élaboration d'un autre projet ainsi qu'Amazon et son projet Kuiper. Dans une interview accordée à La Tribune le 20 novembre 2023, Philippe Baptiste, le président du CNES (Centre national d'études spatiales) explique qu'un tel phénomène peut à terme devenir problématique pour l'orbite basse, qui risque d'être saturée par trop de satellites. Il considère ainsi que "c'est potentiellement toute l'orbite basse qui pourrait être fragilisée".

La multiplication des débris est notamment au cœur de la question. Premièrement avec la multiplication des satellites en orbite, le risque de collision augmente largement la présence de débris. Les satellites artificiels en fin de vie peuvent finir par se disloquer et donc créer des débris à la trajectoire aléatoire en direction de la Terre. Selon une étude de la Federal Aviation Administration (FAA) réalisée pour le Congrès américain en septembre dernier, le risque qu'un avion soit percuté par un débris de satellite est égale à 0,1%. Un risque qui devrait augmenter à 0,84% en 2035 avec ce développement rapide des méga constellations. C'est considérable. La FAA craint également qu'une personne au sol puisse être touchée par un débris tous les deux ans dans le cas d'une augmentation importante du nombre de satellites. N'importe quoi pourrait donc être touché par des débris qui peuvent s'avérer mortels.

Les satellites pourraient aussi participer au dérèglement du climat mondial. En effet, selon Aaron Boley, professeur d'astronomie et d'astrophysique à l'Université de la Colombie-Britannique, interrogé par le Scientific Reports en mai,  l'aluminium présent dans les satellites risque de polluer l'atmosphère lorsque ces derniers se consument pendant la désorbitation. Ce phénomène pourrait, au vu du nombre élevé de satellites, créer un nouveau trou dans la couche d'ozone et donc fragiliser davantage le climat.

Les méga constellations sont aussi responsables de pollution lumineuse. Dans un article de National Geographic publié en août 2023, David J. Helfand, professeur d'astronomie à l'université de Columbia, indique que les satellites compliquent le travail des astronomes. Il précise : "Les objets que nous essayons d'étudier, comme les galaxies et les étoiles lointaines, sont vingt millions de fois moins lumineux que les satellites. Ainsi, lorsque l'une de ces traînées traverse l'image, elle l'oblitère complètement".

Les experts du secteur spatial déplorent donc l'absence d'une "réglementation internationale et de surveillance environnementale" selon les termes de Aparna Venkatesan, professeure au département de physique et d'astronomie de l'université de San Francisco interrogée par National Geographic