12 milliards de dépense par an : cette facture imprévue qu'il faudra payer pour nettoyer la France
VIDEO

12 milliards de dépense par an : cette facture imprévue qu'il faudra payer pour nettoyer la France

Selon une enquête coordonnée par Le Monde, les Français et les Européens sont confrontés à un grave problème de santé publique, qui peut coûter plusieurs milliards d'euros pendant des années...

"Le coût de l'inaction". Le Monde a titré en ces termes les relevés d'une enquête alarmante, réalisée par plusieurs médias et coordonnée par le journal. Le rapport, publié en début d'année, fait état d'une somme vertigineuse que devra débourser l'Europe dans les années à venir, en raison de son manque de vigilance sur une pollution rarement évoquée dans les dernières décennies, y compris depuis que les problématiques environnementales se sont imposés dans l'agenda médiatique, et sur laquelle la planète commence tout juste à ouvrir les yeux.

Si l'Europe décide de s'attaquer à cette pollution émergente pour prendre à bras le corps le problème, il faudra mettre sur la table 100 milliards d'euros par an sur 20 ans. Ce chiffre représente à lui seul plus de la moitié du budget annuel de l'Union européenne. Une somme à débourser "à perpétuité", tant que ces polluants "ne font pas l'objet d'une restriction généralisée, à partir de laquelle leurs concentrations commenceraient à baisser si nous les traitons activement", précise Hans Peter Arp, coordinateur du projet de recherche européen ZeroPM.

Autre chiffre qui donne des sueurs froides aux autorités sanitaires et à Bercy : selon l'estimation conduite par Le Monde, "la France devra consacrer 12 milliards d'euros par an à l'élimination des polluants éternels".

Cette pollution, c'est la contamination des eaux et des sols par des substances toxiques plus que jamais d'actualité : les PFAS. Ces "polluants éternels" sont des substances chimiques, prisées pour leurs propriétés antiadhésives, déperlantes ou antitaches, et dotées d'une résistance qui les rend quasi indestructibles dans l'environnement. Avec le temps, elles s'accumulent dans l'air, le sol, les rivières, et... dans le corps humain. 

Les PFAS font l'objet d'un éclairage médiatique important depuis quelques années seulement. Et pour cause : on sait désormais qu'ils sont présents dans de nombreux produits du quotidien. Dans vos batteries, vos téléphones, vos cosmétiques et même vos désinfectants pour les mains. Un sujet brûlant en raison de leurs potentiels effets sur la santé. Selon l'Anses, une exposition à long terme peut avoir de nombreuses conséquences "délétères" sur l'homme : "augmentation du taux de cholestérol, cancers, effets sur la fertilité et le développement du fœtus, sur le foie, sur les reins, etc."

En Europe, une contamination au PFAS a été détectée "dans près de 23 000 sites". Ces chiffres, déjà parus dans une vaste enquête du Monde datant de 2023, témoignent d'un problème de santé publique de premier plan. C'est donc à cause de cette crise environnementale monumentale et à ses risques majeurs, que l'Europe doit entreprendre un chantier qualifié de "pharaonique". D'après les estimations du Forever Lobbying Project, publiées ce mardi 14 janvier, le prix de la dépollution est sérieusement estimé à 2000 milliards d'euros sur vingt ans.

Le 23 janvier 2025, deux campagnes de mesures conduites séparément par UFC-Que choisir / Générations futures et par le laboratoire Eurofins suggèrent encore que la quasi-totalité des Français sont exposés aux PFAS dit TFA, par le biais de l'eau. "Les concentrations de TFA détectées, excéderaient la limite applicable aux pesticides dans 20 prélèvements sur 30", écrit Générations Futures. 

En 2023, une restriction globale de toute la famille des PFAS avait été portée par cinq États membres (la Suède, la Norvège, le Danemark, les Pays-Bas et l'Allemagne). À ce jour, elle est toujours en cours d'examen par l'Agence européenne des produits chimiques (ECHA).