Durovray, Vassal et Bédier accusés d'avoir laissé des enfants se prostituer
C'est une véritable bombe à retardement que vient de révéler France Info, ce mercredi 30 avril. Elle implique les présidents des départements de l'Essonne François Durovray (LR), des Yvelines Pierre Bédier (LR) et des Bouches-du-Rhône Martine Vassal (DVD). Tous trois sont visés par des recours pour "faute en responsabilité" et déposés par des familles qui accusent ces élus de ne pas avoir su protéger des enfants placés sous leur responsabilité.
France Info évoque notamment le cas d'une adolescente âgée de 13 ans, placée en foyer d'accueil à Toulon, après une plainte déposée par sa mère contre son père pour des faits de violences au sein du ménage. Dans le Var, la jeune fille est "séquestrée dans un Airbnb par des proxénètes", apprend-on. Dans les colonnes du média, la mère de l'adolescente décrit l'horreur vécue par son enfant : "On l'a forcée à prendre de la cocaïne, à faire des passes". Aujourd'hui, elle "se fait du mal, elle préfère être seule et elle est déscolarisée, elle fait des crises de stress, c'est très dur", indique-t-elle.
Selon ses mots, sa fille de 13 ans s'est retrouvée "deux semaines à Toulon dans un foyer d'accueil d'urgence toute seule", elle a vécu "un cauchemar", jusqu'à appeler sa mère en dernier recours, en lui envoyant sa localisation sur WhatsApp accompagnée d'un message : "maman je suis en danger, ne m'appelle pas ou ils vont me frapper". Et certaines voix commencent à s'élever contre un fléau qui touche des milliers d'enfants. D'après la récente commission d'enquête parlementaire sur les enfants placés, 15 000 mineurs sont victimes de prostitution en France dont une majorité d'enfants placés. À l'heure actuelle, ces foyers financés par les départements sont contrôlés tous les cinq ans par ces derniers.
"L'Etat a échoué dans la protection de l'enfance"
À Marseille, une éducatrice se revendiquant "contre le placement" - interrogée par France Info - tente de faire bouger les choses. "A Marseille il n'y a pas un foyer où je n'ai pas mis les pieds, où il n'y a pas de prostitution", révèle Jennifer Abitbol. "Les gamines à partir de 22 heures se préparent, il y en a même qui sortent en string. C'est filmé, il y a les voitures qui défilent avec leurs plaques", poursuit-elle. Elle rappelle également qu'il s'agit là de "gamines, on parle de bébés".
Toujours dans les colonnes de France Info, l'avocat marseillais Me Michel Amas se fait le porte-parole de ces enfants, en dénonçant le manque de "réaction" de l'Etat. C'est lui qui dépose ces recours aux tribunaux de Marseille, Versailles et Evry. "Nous lançons l'alerte pour que tout le monde sache qu'en France, à l'heure actuelle, des petits garçons et des petites filles se prostituent en très grand nombre, dans l'inaction totale des président de département", lance-t-il.
Il dénonce un "phénomène national" et l'assure : "l'Etat a échoué dans la protection de l'enfance (...) nous livrons les enfants aux chiens". D'après France Info, le ministère de la Justice évoque bien une "défaillance" et reconnaît une "situation critique". Une circulaire a été envoyée en début de semaine pour renforcer les contrôles dans les foyers de l'ASE. Pour se faire, 35 contrôles par trimestre et pour chaque juridiction pourraient désormais être ordonnés.