Les enfants bannis de certains espaces publics, des parents séduits par l'idée

Les enfants bannis de certains espaces publics, des parents séduits par l'idée Les enfants pourraient être chassés de certains espaces publics au nom du calme et de la tranquillité des plus grands. Parents, élus... cette pratique appelée le "no kids" divise.

Voilà un sujet qui ne manquera pas de diviser. Et si des espaces sans enfants, appelés "no kids", tendaient à se généraliser en France au nom de la tranquillité pour les parents ? Il est vrai que siroter un cocktail avant un bon repas, en couple ou entre amis dans une ambiance tamisée après une longue journée de travail peut apparaître comme plus agréable loin des cris des plus petits et du brouhaha général. Pour autant, l'idée d'une multiplication des espaces "no kids" divise l'opinion, à commencer par les parents.

Mère de deux enfants et fonctionnaire dans le Calvados, Peggy est tout à fait favorable à la prolifération de ce genre d'espaces. "Ça devrait même presque être obligatoire", ironise-t-elle dans les colonnes de RMC. Elle n'a "pas forcément envie de faire la police pour (ses) enfants déjà, et encore moins pour ceux des autres", indique-t-elle, notamment au restaurant. D'autres sont plus modérés, à l'image de Laurent, jardinier paysagiste. "Les enfants ça court, ça saute, comme des enfants, c'est bien. Mais je trouve que c'est bien d'avoir le choix, de pouvoir profiter", explique-t-il. "Même si on aime beaucoup les enfants", les gens peuvent également avoir envie d'être "tranquilles", tempère l'homme de 54 ans auprès du média.

"Le confort des adultes au détriment de l'inclusion"

Ces espaces dans lesquels la présence des enfants serait tout bonnement proscrite ont le don d'énerver une sénatrice qui compte bien se battre contre ce qu'elle appelle, une véritable "discrimination". En effet, l'élue du Val-de-Marne Laurence Rossignol a déposé une proposition de loi visant à interdire ce genre d'espaces, car ils seraient discriminants pour les enfants. Pour elle, "proposer des lieux sans enfants crée la demande et la justifie", et ces espaces pourraient alors se généraliser en France. Son texte constitue une "proposition de loi d'alerte", abonde-t-elle chez Public Sénat. Et elle n'est pas la seule à s'insurger contre cette tendance qui pourrait se développer. 

La Haute commissaire à l'Enfance et ex-ministre déléguée chargée de l'Enfance, Sarah El Haïry, s'est elle dite "effrayée" par cette tendance. "Je suis assez effrayée, et je pèse mes mots, du développement de mouvements, d'espaces 'no kids' où les enfants ne sont plus les bienvenus, où les enfants sont invisibilisés, voire interdits", a-t-elle lancé ce jeudi 15 mai lors de la présentation du rapport "Comment va la vie des enfants à l'ère numérique", à l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), à Paris. Elle regrette la volonté de privilégier "le confort des adultes, au détriment de l'inclusion et du bien-être des plus jeunes".

Pour l'heure, en France, la SNCF réserve par exemple à certains des "Espaces famille", mais il n'est pas envisagé de copier le modèle italien Trenitalia où les voitures "Silenzio" imposent le calme aux voyageurs. La pratique reste encore relativement marginale dans l'Hexagone. Si certains lieux de vacances, restaurants, voyages certifiés sans enfants de moins de 15 ans se multiplient, ils restent encore des exceptions. 

Pour rappel, l'article 225-1 du Code pénal interdit "toute distinction opérée entre les personnes physiques, sur fondement de leurs origines, leur sexe, leur situation de famille, leur âge", sous peine de trois ans d'emprisonnement et 45 000 euros d'amende. Laurence Rossignol souhaite aller plus loin et intégrer au texte de loi les termes suivants : "Constitue également une discrimination l'exclusion de mineurs de lieux de vie, de l'espace public, d'espaces commerciaux, des transports et toute autre exclusion qui ne serait pas justifiée par des exigences de sécurité propres aux enfants ou par l'absence de capacité civile".