Stock-options : des contraintes insoupçonnées
La mécanique des stock-options est très encadrée. Il se passe ainsi plusieurs années avant de pouvoir vendre. De quoi voir parfois s'envoler sa plus-value, surtout en période de baisse sur les marchés financiers.
Contrairement aux apparences, bénéficier de stock-options ne garantit en rien la réalisation d'une plus-value. Certes, l'entreprise qui les accorde offre une option d'acheter en Bourse ses actions à un prix préférentiel qui peut aller jusqu'à 20 % de moins que le cours de référence. Mais le bénéficiaire doit attendre pour "exercer" cette option - c'est-à-dire d'acheter réellement les actions - et de nouveau patienter avant de pouvoir les vendre. Du coup, si le cours d'exercice se situe en dessous du prix d'attribution, tout le bénéfice s'envole. Pire encore, si une fois exercé, le cours passe sous le prix d'achat, cela entraîne des pertes.
Un double risque lié au délai d'attente pour acheter puis vendre
Recevoir une stock-option, c'est obtenir à terme le droit d'acheter à un prix préférentiel connu à l'avance un volume d'actions défini. Afin de bénéficier à plein du dispositif fiscal associé, il faut en général attendre 4 ans pour exercer ses stock-options. Et impossible de les vendre dans la foulée. La session d'actions obtenues par le biais de stock-options n'est autorisée qu'après un délai de détention, on parle de levée-cession. Là encore pour des raisons fiscales, cette durée est au minimum de deux ans. Mais libre à l'entreprise de fixer une période plus longue.

Prenons le cas d'un cadre dirigeant d'Alcatel-Lucent. Il a reçu 5 000 stock-options, le 8 mars 2004, à un cours préférentiel de 11,60 euros, quand le titre cotait 14,49 euros. Le 4 mars 2008, la date d'exercice est enfin arrivée à échéance. Mais entre-temps, le cours de l'action est tombé à 3,68 euros. Pour ce cadre, les 5 000 stock-options ne vont rien lui rapporter. Au contraire, s'il les exerce, il doit les acheter à 11,60 euros et donc débourser 39 600 euros, alors qu'elles coûtent 18 400 euros en bourse. Il n'a donc aucun intérêt à réaliser cette opération.
Mais la situation la pire est celle où arrivé au moment de vendre, le cours de l'action se situe en dessous du prix d'exercice. Dans ce cas là, une levée-cession entraîne alors des pertes. Il ne reste plus qu'au bénéficiaire à croiser les doigts pour espérer que le cours remonte assez pour éviter une moins-value.
Se protéger d'un double pari sur l'avenir
Voila pourquoi, l'octroi de stock-options repose sur un double pari. Le premier dure quatre ans : le cours de bourse doit être supérieur au prix préférentiel. Le second prend le relais pour une nouvelle période d'au moins deux ans : là encore, le cours doit être supérieur au prix préférentiel. Au total, il faut attendre six ans pour encaisser les gains en optimisant sa fiscalité.
Le premier pari reste sans trop conséquence. En revanche, le second, à savoir accepter d'exercer les stock-options, suppose d'avoir confiance dans les perspectives de son entreprise. Puisqu'il sera impossible de vendre les actions avant deux ans et selon un calendrier fixé par avance, pour éviter les effets d'aubaine.
Pour limiter ce risque, les établissements financiers offrent des services dédiés pour optimiser la gestion des stock-options. Les conseillers en gestion de patrimoine indépendants sont aussi aptes à proposer les bonnes solutions. Il s'agit d'abord de trouver les produits d'épargne appropriés pour constituer la somme d'argent à verser au moment de l'exercice des stock-options. Ensuite, d'étudier les risques de perdre, ou non, la mise, au moment de la levée-cession. Enfin, mettre en place des dispositifs de couverture, comme par exemple l'achat de warrant ou de tracker.