Léguer son patrimoine numérique
Adresse mail, blog, site... On n'y pense pas mais tout ce qui vous appartient sur Internet entre dans les biens de votre succession. Seules les personnes héritières sont censées continuer à les utiliser ou à les supprimer.
Internet est l'un des grands oubliés des successions. La plupart des utilisateurs du web ignorent que leur patrimoine numérique fait partie des biens à léguer ou n'associent pas ce qu'ils détiennent sur la toile à leur patrimoine personnel. Rares sont les testaments, quand ils existent, à prévoir les dispositions adéquates. Si personne ne dispose des informations nécessaires pour supprimer votre profil sur les divers réseaux sociaux, pour clôturer un blog ou pour prendre en charge l'administration d'un site, alors toutes les informations resteront accessibles et lisibles sur la toile. Personne ne connaîtra la raison de la non actualisation des pages personnelles et elles resteront visibles aussi longtemps que l'hébergeur acceptera de conserver les pages.

Des solutions existent pour indiquer à vos ayants-droit l'étendue de votre patrimoine numérique. Il s'agit par exemple de prévoir les dispositions utiles pour que les héritiers puissent accéder à vos divers profils et de décider de la suite à donner. Pour les mails et les plateformes de conversations en ligne, la clôture des comptes s'impose. Pour les profils des réseaux sociaux, vous pouvez demander à ce que votre fiche reste en ligne afin qu'une trace numérique soit conservée et visible.
Mais faute d'actualisation, le profil en question risque de se perdre dans les milliards de données numériques. Il faut également arbitrer pour savoir si des fonctionnalités comme l'ajout d'amis ou la possibilité de rejoindre des groupes doivent être désactivées. Il s'agit également de préciser si des commentaires peuvent être postés.
Prévenir au moins une personne
Toute cette gestion peut demander du temps aux personnes à qui vous avez confié la responsabilité de gérer votre e-patrimoine. Et pour qu'elles puissent le faire sans qu'un profil ne leur échappe, il faut tenir à jour un document qui recense vos divers comptes numériques avec le login et le mot de passe correspondant. Sans quoi, tous vos souhaits resteront vains. Comme ce document peut évoluer à tout moment avec l'ajout d'un compte ou d'une modification de mot de passe, il n'est pas forcément utile de le déposer à chaque changement en annexe de votre testament. Le mieux est de discuter avec votre notaire ou votre exécuteur testamentaire pour arrêter les bonnes dispositions.
Comme la gestion du patrimoine en ligne est complexe, surtout si on ajoute les coffres-forts numériques, des services en ligne commencent à voir le jour. Ils sont encore peu nombreux, mais plus pour très longtemps : près de sept français sur dix possèdent déjà un patrimoine numérique. A titre d'exemple, les sites laviedapres.com ou edeneo.fr propose une interface de gestion qui permet d'enregistrer ses divers comptes numériques et s'engage à prendre contact avec les personnes autorisées à accéder aux données après le décès. Il permet aussi de stocker les documents numériques : factures, actes juridiques, photos, vidéos... Le tout de façon gratuite ou payante selon l'espace de stockage que vous souhaitez obtenir.
Mais ces sites ne résolvent qu'une partie du problème. Eux-mêmes doivent être avertis du décès. Pour cela laviedapres.com demande l'envoi d'un avis de décès. Encore faut-il que quelqu'un sache que vous avez souscrit à ce service et décide de prévenir le site.