"J'ai dit à mon assureur que je ne fumais pas. C'est faux et ma famille en a payé le prix fort"
C'est la question qui sort à tous les coups de la bouche d'un assureur : "êtes-vous fumeur ? Oui ou non ?" Cette interrogation, personne ne peut y échapper lorsque l'on souscrit à un contrat d'assurance. Encore moins lorsque cela s'inscrit dans la demande d'un crédit immobilier qu'il est obligatoire d'assurer. Pourtant, la réponse donnée n'est pas sans conséquences : entre un non-fumeur et un fumeur, le prix de l'assurance emprunteur augmenter en moyenne de 50%, selon des éléments fournis par Empruntis à Linternaute.com, soit une vingtaine d'euros par mois.
Sur un crédit contracté pour 25 ans, cela peut donc représenter 6000 euros de frais supplémentaires. Une dépense qui n'est pas négligeable. Dès lors, de nombreux fumeurs sont tentés de répondre à la question par la négative, au risque de mettre en péril leurs proches, comme l'explique Pierre de Buhren, directeur général de l'entreprise de courtage en immobilier.
Prenons l'exemple de Pierre et Julie. Tous deux réalisent leur rêve de devenir propriétaire. Pour cela, ils ont souscrit à un crédit auprès d'une banque et ils ont assuré ce crédit auprès d'un assureur. Au moment de signer, Pierre a menti. Il fume et ne l'a pas dit. Comme il est jeune, l'assurance ne lui a pas demandé de preuve médicale : une simple déclaration a suffi.
Or, au fil des années, sa consommation de tabac lui a déclenché un cancer des poumons dont il n'a pu être soigné. Un drame survenu alors qu'il restait encore 15 ans de crédit à payer. Dès lors, l'assurance a demandé à voir les conclusions sur la cause du décès. Elle a alors découvert que Pierre fumait depuis des années, avec les conséquences dramatiques que cela a engendré, et qu'il avait donc menti. Le début du drame pour sa compagne et leurs enfants nés entre temps.
"Le jour où le sinistre arrive, l'assurance commence à creuser. Si le client a menti, l'assureur peut faire valoir la déchéance des garanties ou n'indemniser que faiblement", explique Pierre de Buhren. Concrètement, la garantie signée au départ qui permettait à l'assurance de prendre en charge le reste du crédit à payer en cas de décès n'est pas applicable en raison du mensonge.
"Sans prévoyance, il y a le risque de subir la perte de quelqu'un et de devoir quitter les lieux", souligne le courtier. Les échéances du crédit n'étant pas compensées par l'assurance, c'est à la compagne d'en assumer la charge. Or, avec un seul revenu, impossible d'y faire face. Elle se retrouve donc dans l'obligation de quitter les lieux et de se reloger. La double peine.
Il s'agit ici d'un cas hypothétique. Mais l'esprit de l'assurance en cas de mensonge sur le tabagisme est bien celui-ci. Une indemnisation moindre peut également être appliquée. "Mentir pour éviter 20€ par mois, c'est faible au regard de la protection que cela apporte", rappelle Pierre de Buhren, et d'ajouter : "vous mettez de l'argent pendant X années pour constituer un patrimoine. Cet argent, si on vient à disparaitre, est perdu si on n'a pas une prévoyance qui permet à la famille de récupérer le capital."
Conclusion : "il faut accepter d'être fumeur et d'aller chercher le contrat qui correspond le mieux à sa situation." D'autant que l'assurance du crédit peut être signée avec un autre organisme que la banque qui a accepté l'emprunt. Par ailleurs, pour moins de 200 000€ assurés par personne ou pour tout prêt qui est remboursé avant 60 ans, la question sur le tabagisme n'est plus posée.