Cette lourde facture attend de nombreux propriétaires et elle sera indispensable
Beaucoup de propriétaires sont englués dans une impasse financière concernant l'avenir de leur logement.
Être propriétaire, c'est certes être chez soi, mais c'est aussi payer plusieurs taxes et se soumettre à diverses obligations. Ces dernières deviennent de plus en plus nombreuses et, pour se mettre en conformité avec la loi, beaucoup doivent mettre la main au portefeuille. Notamment en raison des nouvelles règles liées au diagnostic de performance énergétique (DPE).
Ce document, qui permet de savoir quel est le niveau d'isolation et de consommation énergétique d'une maison ou d'un appartement, est devenu central. Il influe notamment sur le prix de vente et la mise en location d'un bien. Certains propriétaires pourraient prochainement en faire les frais, au grand dam de leur patrimoine.
Depuis une cinquantaine d'années, beaucoup de Français ont fait le choix d'acheter une résidence -généralement secondaire- à la montagne. A la faveur du "Plan neige" mené entre 1964 et 1977, de nombreuses stations de ski sont sorties de terre et les investisseurs ont afflué, faisant l'acquisition d'appartements dans des grands ensembles bâtis rapidement sans véritable réflexion énergétique.
Cinq décennies plus tard, la donne a changé et la consommation d'énergie est au cœur des préoccupations politiques, avec un objectif : sa diminution. Ainsi, une nouvelle loi est entrée en vigueur : les logements classés G ne peuvent plus être loués, les F seront interdits à partir de 2028 et les E à partir de 2034. Or, à la montagne, 30% des logements sont classés G et F et 37% sont classés E. Au total, d'ici neuf ans, 67% des logements à la montagne pourraient être interdits à la location, selon la FNAIM.
Une véritable bombe à retardement pour les propriétaires. Si la location leur est interdite, c'est une perte de revenus qui s'annonce, couplée à une baisse de la valeur de leur bien. La double peine. Pour se mettre en conformité, des travaux doivent nécessairement être engagés. Mais leur coût peut vite chiffrer, avec un résultat incertain.
"Les propriétaires hésitent à débourser de 30 à 40 000 euros pour effectuer des travaux de rénovation, d'autant qu'il ne sert à rien de rénover un logement seul dans une copropriété passoire thermique s'il n'existe pas de projet global de rénovation de la copropriété", explique David Chouraqui, directeur général adjoint du Crédit Agricole immobilier auprès du Particulier.
"Par ailleurs, les travaux par l'intérieur, sur de petites surfaces, entre 20 m2 et 30 m2, rendront les chambres inlouables car elles feront moins de 9 m2 à cause de la perte de place engendrée par l'isolation", ajoute Thomas Arnéodo, coprésident de la commission location de vacances à la FNAIM dans les colonnes du Parisien.
A cela s'ajoutent les difficultés opérationnelles pour mener les travaux (printemps/été uniquement), le surcoût d'environ 15% par rapport à un chantier en plaine et l'absence d'aides financières de l'Etat lorsqu'il s'agit de résidences secondaires. Autant de freins qui ne facilitent pas la sortie d'une situation quasi-impossible pour ces propriétaires. A moins d'un nouvel gros investissement financier.