Le calvaire des passagers en voiture électrique – des experts expliquent ce nouveau phénomène
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Le calvaire des passagers en voiture électrique – des experts expliquent ce nouveau phénomène

De nombreux passagers se plaignent de souffrir du mal des transports depuis qu'ils circulent dans des voitures électriques.

Vous aussi, vous avez la nausée dans les voitures électriques ? Avec l'arrivée massive des véhicules équipés de batteries sur nos routes depuis une dizaine d'années, de nombreux passagers se plaignent d'un mal qu'ils ne connaissaient pas, ou peu, avant : celui des transports. Maux de tête, vertiges, envie de rendre le dernier repas avalé quelques heures plus tôt, ce sentiment de mal être est une réalité pour un grand nombre d'occupants de voitures électriques. Ce phénomène ne relève pas du hasard. Plusieurs études expliquent les raisons de ce mal-être heureusement passager.

Il faut savoir que les sensations ressenties dans une voiture électrique ne sont pas les mêmes que dans les voitures thermiques, à essence ou à diesel, auxquelles nous avons été habitués. Dans un véhicule thermique, le son du moteur et les vibrations offrent des repères sensoriels clairs qui aident le cerveau à anticiper les mouvements. À l'inverse, le silence et la fluidité des véhicules électriques privent le cerveau d'un indice auditif primordial pour anticiper les mouvements du véhicule. Aussi, les accélérations plus franches et surtout le freinage régénératif des voitures électriques, qui ralentit la voiture sans à-coups perceptibles, perturbent les repères des passagers dont le corps est habitué à davantage de secousses sur la route.

© 123RF_Olga Yastremska

Les recherches scientifiques confirment ce ressenti : il existerait une forte corrélation entre les vibrations émises par les sièges des voitures électriques et la sévérité du mal des transports. Le freinage régénératif, typique de la conduite électrique, entraîne un nouveau décalage entre les sensations attendues et celles réellement perçues. Ce décalage sensoriel est considéré l'un des déclencheurs principaux du mal des transports. Pour mieux comprendre, la théorie du conflit sensoriel explique que le cerveau combine des signaux visuels, vestibulaires (avec l'oreille interne) et proprioceptifs pour estimer le mouvement.

Lorsqu'un signal est absent ou ne concorde pas — par exemple les yeux détectent un mouvement alors que le cerveau ne l' anticipe pas — cela provoque le mal des transports. Ceci explique notamment pourquoi les passagers sont plus vulnérables car ils sont passifs tandis que le conducteur, à l'origine des actions de conduite, reste le plus souvent épargné.

Pour remédier à ce problème, chercheurs et constructeurs commencent à proposer des solutions. Des signaux sonores artificiels ou des tonalités à basse fréquence, comme un bruit continu à 100 Hz, ont montré qu'ils atténuaient nettement les symptômes dans des simulateurs et lors d'essais dans des conditions réelles. L'ajout de vibrations dans les sièges ou d'éclairages intelligents dans l'habitacle pourrait aussi fournir des repères sensoriels efficaces pour réduire le risque de nausées. En attendant, comme c'est déjà le cas dans les véhicules thermiques, regarder la route au loin et éviter de trop regarder les écrans aident déjà à limiter l'inconfort.