"Pauvres créatures" au cinéma : un conte féministe délicieux et irrévérencieux (critique)

"Pauvres créatures" au cinéma : un conte féministe délicieux et irrévérencieux (critique) Sorti le 17 janvier 2024, "Pauvres créatures" est le film à ne pas rater au cinéma cette semaine.

Après avoir obtenu le Lion d'or à la Mostra de Venise et plusieurs prix d'interprétation, Pauvres créatures arrive enfin dans les salles de cinéma françaises. La dernière réalisation de Yórgos Lánthimos (The Lobster, La favorite...) est sorti au cinéma ce mercredi 17 janvier. Et s'il y a un film à voir sur grand écran cette semaine, c'est bien celui-ci.

Pauvres créatures se présente comme un Frankenstein au féminin. Ramenée à la vie par un scientifique brillant (et un peu fou), Bella a cependant une particularité : on lui a greffé le cerveau d'un enfant dans son corps d'adulte. Cette femme-enfant doit tout réapprendre et une curiosité insatiable qui la pousse à s'enfuir avec un avocat débauché pour découvrir le monde.

Ce long-métrage est aussi surprenant que son pitch. Mais il n'en reste pas moins délicieux et irrévérencieux. A travers Bella, Yórgos Lánthimos offre un récit d'apprentissage qui explore la libération de la femme que ça soit par son corps, sa sexualité, sa curiosité et son intelligence. Femme-enfant, Bella fait exploser tous les carcans du patriarcat et s'impose, contre leur volonté, comme l'égal des hommes qu'elle croise.

Pauvres créatures use également des codes du gothique et du surréalisme pour servir le propos de son récit, qui fait la part belle aux "freaks" (que l'on peut traduire par monstres) de son récit. Sans oublier l'humour et la tendresse pour ses personnages.

Emma Stone trouve en Bella l'un de ses plus beaux rôles de sa carrière (c'est dire) qui la positionnent déjà comme l'une des favorites pour remporter l'Oscar de la meilleure actrice en mars, tandis que Willem Dafoe irradie de tendresse en docteur Frankenstein qui développe un amour filial pour sa créature, et Mark Ruffalo surprend en méchant ridicule.

Fable baroque presque rabelaisienne, jouissive et parfois grotesque, Pauvres créatures a tout pour surprendre et donc pour diviser la critique ou encore le public. Car des films comme ça, on n'en voit pas souvent au cinéma.