Suicide de Gauthier : un gang sévit-il sur Facebook ?

Suicide de Gauthier : un gang sévit-il sur Facebook ? Gauthier, 18 ans, s'est donné la mort après avoir été harcelé via Internet. Après le choc, les interrogations se tournent désormais vers le mode opératoire de l'escroquerie.

Le 10 octobre dernier, Gauthier, 18 ans, s'est pendu dans le jardin du domicile familial à Brest. Hospitalisé, il sera alité une semaine avant de finalement trouver la mort. L'adolescent n'aurait pas supporté le chantage et le harcèlement d'un de ses contacts Facebook qui lui demandait de l'argent en échange d'images de lui, nu, capturées sur Internet. Selon les enquêteurs, Gauthier avait noué une relation avec une jeune fille, qui, selon les indications fournies par l'adresse IP de son ordinateur, était connectée depuis la Côte d'ivoire.

Et il se pourrait que la personne qui menaçait le jeune homme fasse partie d'un réseau de cybercriminalité bien organisé. Le mode opératoire semble en effet suffisamment perfectionné pour qu'il ne s'agisse pas d'un acte isolé et individuel. La "jeune fille" se serait d'abord dévêtue devant le garçon sur le site "chatroulette", un forum qui met en relation les internautes de manière aléatoire. Elle lui aurait demandé ensuite de faire de même par webcam interposée. Après 10 minutes de jeu sexuel, l'interlocutrice de Gauthier lui donne rendez-vous sur Facebook et l'invite à devenir son ami.

Gauthier s'exécute, trouvant étrange que la jeune fille n'ait aucun autre ami sur son mur. "C'est parce que je viens de refaire mon profil", lui répond-elle. Une fois les deux individus devenus "amis", Gauthier se retrouve piégé et la jeune fille, qui est parvenue à copier son carnet d'adresses, le menace ouvertement : "J'ai une vidéo porno de toi, si tu ne me donnes pas 200 euros, je vais détruire ta vie". Celle-ci menaçait en effet de diffuser la vidéo auprès de tous les amis de Gauthier sur les réseaux sociaux et sur Internet.

Les faits rappellent le drame vécu par la jeune Amanda Todd, qui s'est suicidée au Canada le même jour, le 10 octobre, dans des circonstances similaires. Le stratagème est hélas classique. Dans le cas de la jeune Canadienne, les harceleurs auraient opéré depuis Vancouver selon les Anonymous. Dans celui de Gauthier, la maître-chanteuse (à moins qu'il ne s'agisse d'un homme utilisant un pseudo et des photos pour le subterfuge), opérait depuis un cyber-café d'Abidjan.

Les parents du jeune homme ont déposé une plainte contre X à Brest. Le commandant Bernard Salaün, de la brigade criminelle, a fait savoir que l'ordinateur de Gauthier serait examiné par des experts. Le service juridique de Facebook a également été sollicité pour déterminer la provenance des messages.