Grégoire Hellot : "Michael Bay n'a pas tout compris à Transformers"

Grégoire Hellot : "Michael Bay n'a pas tout compris à Transformers" Kuropop, la jeune collection dédiée à la pop culture du spécialiste du manga Kurokawa, publie pour la première fois en France le comics Transformers : Gloire à Megatron, à l'occasion des 35 ans de la licence. Grégoire Hellot, directeur de collection, revient pour LInternaute.com sur cette sortie si chère à son cœur.

Au début des années 1980, la mode est de réaliser des cartoons pour porter des licences de jouets. Deux gammes de jouets et produits dérivés occupent le devant de la scène : G.I. Joe et Transformers.  Après 35 ans de bons et loyaux services, le poids lourd du genre est l'une des franchises les plus résilientes et pèse énormément dans les revenus du géant du jouet Hasbro.

La licence américano-japonaise Transformers est née du rachat par Hasbro de la ligne de jouets Diaclone du japonais Takara Toys au début des années 1980. Si aujourd'hui le grand public connaît la franchise via les films de Michael Bay, cette dernière jouit d'une richesse transmédia incroyable : jouets, comics, cartoons, films d'animation et jeux vidéo basés sur les Autobots, Decepticons et autres races robotiques sont légion. Grégoire Hellot, directeur des collections Kurokawa et de Kuropop, explique pourquoi cette sortie est importante.

© TRANSFORMERS and all related characters are trademarks of Hasbro and are used with permission. ©2021 Hasbro. All Rights Reserved. Licensed by Hasbro.

Linternaute.com : qu'est-ce qu'un Transformers ?

Gregoire Hellot : C'est un robot qui a le pouvoir de prendre la forme d'un autre objet et ainsi de se transformer. Mais ça n'est pas tout, il possède une personnalité distincte. Il a le pouvoir d'avoir des réflexions et des expressions quasi " humaines". 

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Pourquoi publier un comics Transformers en 2021 ?

Deux facteurs se sont rejoints. Premièrement, avec l'arrivée du premier confinement, on a constaté une envie des lecteurs d'aller vers la nostalgie, vers quelque chose qui rassure. C'est pourquoi en 2021 nous publions beaucoup d'œuvres nostalgiques aux éditions Kurokawa avec Creamy, Bioman et Transformers, entre autres.

Enfin, Transformers est une licence qui m'a fait rêver enfant. Quand le dessin animé a débarqué en 1985, ça m'a pris aux tripes. Même si mon métier est de découvrir de nouvelles licences et pépites avant tout, j'ai quand même envie de me faire plaisir et de rendre hommage à cette franchise de mon enfance. En un sens, je dois ça au moi de 10 ans. Publier un comics de Transformers est un accomplissement, un rêve de gosse réalisé.

Pourquoi est-ce que ce titre est resté inédit jusqu'à aujourd'hui ?

Il y a eu plusieurs tentatives de publication des comics Transformers en France. Semic avait essayé il y a une quinzaine d'années de relancer l'aventure, mais les Transformers étaient un petit peu oubliés par les gens, même si Michael Bay a aidé à la notoriété de la licence en un sens. Aujourd'hui, nous partageons la licence avec l'éditeur Vestron qui lui publie les comics d'une autre époque, il n'y a pas de doublon.

À part Goldorak et un peu Robotech (Macross), la France n'est pas un pays de robots. Au grand damn des Japonais : Gundam, Evangelion, etc. sont des licences majeures dans presque tous les autres marchés comme les Etats-Unis, l'Italie… Si les films de Michael Bay ont bien marché à l'international, il faut rappeler qu'en France c'est là où ils ont eu leur plus faible score.

"Michael Bay beaufise tout ce qu'il touche"

Justement, le grand public d'aujourd'hui connaît les Transformers via les films de Michael Bay. Quelles sont les principales différences ?

Michael Bay, c'est le roi Midas mais pour les beaufs. Il beaufise tout ce qu'il touche. Dans son film, les Transformers font pipi de l'huile, font des blagues de cul, on voit des filles en short hyper sexualisées, majoritairement des voitures de sport, etc.  Le comics et le dessin animé n'ont pas du tout la même ambiance, au contraire. L'univers des Transformers propose des personnages nobles, complexes, de vraies interactions et jeux de pouvoir entre eux. En tant que fan, j'avais été choqué qu'Optimus Prime - l'un des protagonistes les plus nobles des années 80 - tire dans le dos d'ennemis ou les achève au sol. Michael Bay a beau être un technicien de l'image exceptionnel, il n'a pas tout compris sur la licence Transformers.

Pourquoi ce titre particulièrement ?

Je voulais fêter les 35 ans des Transformers, mais ça impose plusieurs contraintes. Pour moi il était obligatoire de choisir une série qui respecte le design des personnages d'origine. Il fallait aussi une histoire complète, pas trop longue (cette série se termine en 4 volumes) pour laquelle on n'a pas besoin d'avoir un gros bagage de lecteur pour apprécier. L'univers des comics, de manière générale, est très compliqué pour les nouveaux lecteurs. Il n'y a pas de " tome 1" absolu par arc narratif. Pour commencer Spider-Man par exemple, il faut avoir lu plus d'une dizaine de séries pour tout comprendre. C'est un véritable frein au recrutement. J'ai donc choisi cette saga Gloire à Mégatron pour toutes ces raisons. C'est une histoire dans laquelle tous les lecteurs, fans ou novices de la licence peuvent se retrouver. C'est l'arc narratif parfait pour relancer la machine.

© TRANSFORMERS and all related characters are trademarks of Hasbro and are used with permission. ©2021 Hasbro. All Rights Reserved. Licensed by Hasbro.

On peut lire ce comics sans connaître Transformers ?

Idéalement, il est préférable de regarder la série animée disponible sur Netflix. Car l'histoire de ce comics est dans la continuité directe de cette dernière. Pour résumer, les Decepticons, fascistes de l'espace, s'opposent aux Autobots, les sociaux-démocrates de l'espace, qui veulent re-démarrer leur planète qui n'a plus de ressource. Après leur défaite, les Autobots se réfugient sur Cybertron, leur planète en ruine, et les Decepticons entreprennent d'envahir la Terre en commençant par New York.

© TRANSFORMERS and all related characters are trademarks of Hasbro and are used with permission. ©2021 Hasbro. All Rights Reserved. Licensed by Hasbro.

Quel est ton Transformers préféré et pourquoi ?

Malheureusement il n'apparaît pas dans ce comics, mais mon Transformers préféré c'est Grimlock. Les transformers ont des espèces selon leur typologie de transformation: les Autobots se transforment en automobiles, les Aéroports en avions ou hélicoptères, les Dinobots en dinosaures, etc. Mon cœur d'enfant de 10 ans a failli exploser en voyant Grimlock, le chef des Dinobots, se transformer en tyrannosaure, c'était la combinaison de toutes mes passions. En plus de son design incroyable, Grimlock est un super personnage: il est très drôle, très puissant, noble mais un peu idiot, c'est l'archétype du chevalier bourrin.

Est-ce que les lecteurs peuvent s'attendre à d'autres titres de la licence à l'avenir ?

Gloire à Megatron est l'introduction d'une longue saga que j'aimerais publier, mais ça dépendra du succès. Je ne m'interdis pas non plus de continuer à faire du comics sur d'autres licences. Le but de Kuropop est de rendre hommage à des icônes de la culture pop japonaise qui des fois sont mieux servies par le comics que par le manga. Par exemple, les mangas Transformers sont souvent de simples opérations commerciales éphémères. C'est assez paradoxal mais cette licence d'origine japonaise est mieux traitée en Occident.

Le respect des licences est notre leitmotiv, c'est pour ça par exemple que dans la bible officielle Bioman, nous ne nous sommes pas contenté d'une traduction mais l'avons enrichie de contenu original, dont l'interview de Samuel Kefi Abrikh, le seul cascadeur français à avoir joué dans un sentai (série japonaise live avec des super-héros costumés). Il partage son expérience d'Ultraman Xenon avec sincérité et bienveillance.

Transformers : Gloire à Megatron, éditions Kuropop, 18,90€.