Frédéric Mangé (Glénat) : "Nous sommes les seuls à avoir l'autorisation de Disney de faire de la création avec des auteurs indépendants"

Frédéric Mangé (Glénat) : "Nous sommes les seuls à avoir l'autorisation de Disney de faire de la création avec des auteurs indépendants" Déjà onze ans que les classiques de chez Disney ont rejoint le catalogue des éditions Glénat. Et six ans que l'éditeur publie - avec succès - des créations originales autour de Mickey, Donald, Pat Hibulaire et consorts. Frédéric Mangé revient pour L'Internaute sur l'origine et l'avenir de cette collection tout sauf banale.

Inaugurée par les majestueux Loisel, Trondheim, Cosey et Tébo en 2016, la collection Disney dirigée par Frédéric Mangé n'a cessé de se développer et compte aujourd'hui 17 créations originales. Mais avant d'être un succès critique et commercial, ce projet a nécessité une débauche d'énergie et la vision de deux personnes : Jacques Glénat pour la conception et le lancement et Frédéric Mangé pour la gestion éditoriale. Pour Linternaute.com, ce dernier revient sur l'histoire de cette incroyable collection.

Linternaute.com : la collection des classiques de Donald et Mickey de Disney a rejoint le catalogue Glénat en 2012, après des publications de plusieurs one shots. Comment cette collection vit-elle aujourd'hui?

Avant d'arriver à l'état actuel, il y a eu plusieurs tentatives qui, pour certaines, se sont avérées malheureuses. On a tenté dans un premier temps, à la demande de Disney, de faire un format album BD classique, 48 pages, tout en couleur à moins de 10 € et cela a été un échec patent. On s'est très vite remis à l'ouvrage et, conformément à notre volonté éditoriale, nous avons pu proposer un format d'intégrales. La logique éditoriale imposait de commencer par Carl Barks, et cela a été un succès instantané. Les lecteurs, libraires et médias ont plébiscité cette édition. On a d'ailleurs obtenu un Fauve du patrimoine à Angoulême pour le 4e tome. On a mis sept ans à sortir les 24 volumes. Le succès s'est érodé au fil des tomaisons mais reste très important et représente des ventes de fond assez fortes.

Ensuite, encore plus fort, il y a l'intégrale Don Rosa. Déjà car le premier arc La jeunesse de Picsou ne compte que deux volumes et que l'ensemble des histoires compte sept tomes. On peut se plonger dans cette intégrale facilement. C'est de loin notre intégrale qui se vend le mieux.

 La Grande épopée de Picsou, Don Rosa, éd. Glénat, ©Disney

Une intégrale plus récente comme la Romano Scarpa peine un peu à trouver son public, l'auteur étant moins connu que Barks et Rosa en France. Pourtant, elle a l'avantage indéniable d'être présentée de manière chronologique. Il y a vraiment quelque chose de complet, d'élégant, d'assez didactique sur l'évolution de l'œuvre de Scarpa.

Enfin, la dernière que l'on peut considérer comme intégrale patrimoniale, c'est la Fantomiald. J'ai l'impression que c'est une collection qui correspond plus à une génération de quadras ou de quinquas qui l'ont lue dans Mickey, c'est mon cas d'ailleurs. Et c'était un de mes personnages préférés. Je pense qu'il y a une appétence pour ce personnage de la part d'un public un peu plus jeune et plus nostalgique que les Barks et les Don Rosa.

On s'est aperçu qu'en ce qui concerne les Carl Barks, c'étaient les parents qui les achetaient et les enfants qui piochaient dedans. La Fantomiald, c'est souvent un achat des parents pour leurs jeunes enfants, mais ils la lisent aussi.

On a baissé le prix, on est passé de 29,90€ à 25€ sur cette intégrale-là avec une fréquence de publication un petit peu plus élevée. On est au moins à trois tomes par an, et elle est aussi présentée de manière chronologique.

Avez-vous eu des surprises lors de la réalisation de ces intégrales?

En effet, quand on compile des intégrales, on a parfois des surprises et on est parfois obligés de retraduire parce qu'on n'a plus les textes d'origine. Il faut savoir que les pages sont numérisées sans les textes, pour faciliter une exploitation multi-langues. Donc parfois on repart d'éditions italiennes ou américaines pour refaire traduire quelque chose qui a été traduit il y a vingt ou trente ans et dont on n'a plus trace.

Comment analysez-vous la part de lectorat jeune et celle nostalgique?

Ce que l'on sait, c'est par rapport à ce que nous remontent les libraires et ce qu'on peut constater sur les salons. Ou bien les contacts que l'on peut avoir sur notre site de lecteurs contents ou mécontents, de ceux qui attendent la suite. C'est grâce à ça que l'on constate une appétence plus forte pour Fantomiald que pour les Scarpa. Ce ne sont pas juste des constats tirés de chiffres et volumes de vente.

 La Dynastie Donald Duck, Carl Barks, éd. Glénat, ©Disney

Quel est l'âge de vos lecteurs?

Quadras, quinquas et même septuagénaires… À l'origine, c'est vraiment une nostalgie de Jacques Glénat qui a lu les premiers numéros de Mickey quand il était enfant et il a toujours eu envie de republier ces albums. Je crois que cela correspond à un public qui a redécouvert ces œuvres. Et comme aujourd'hui on est plus dans le partage, ce sont des parents qui ont ça dans leur bibliothèque et ce sont les premiers bouquins que les enfants vont piocher. Ce qui est amusant, c'est qu'il y a une vraie différence d'appréciation entre les bandes dessinées de Barks et de Don Rosa et celles réalisées aujourd'hui par les studios italiens ou allemands qui sont plus aseptisées. Les lecteurs et lectrices français trouvent plus de charme aux écrits originaux plus secs et engagés.

Comment le projet de création originale est-il né?

C'est lors d'un dîner où Régis Loisel a fait part Jacques Glénat de son envie de faire un Mickey à la Gottfredson. Ce dernier a beaucoup marqué son travail et il souhaitait lui rendre hommage. Cela a déclenché une véritable vague entre les dessinateurs qui, in fine, ont tous trouvé un écho d'enfance chez Donald et Mickey. C'est ainsi que sont nés les premiers albums de la collection publiés en 2016. Je n'ai rejoint l'aventure qu'après cette première vague.

Comment reprend-on un tel catalogue en cours de route?

On distingue en fait deux catalogues Disney chez Glénat. D'un côté le patrimonial, qui est très encadré par Disney. On a accès à leurs serveurs, à tout l'historique. C'est très pratique mais du coup assez linéaire. Avec une exception pour les Mickey par Gottfredson: on repart du travail fantastique qui a été fait par Fantagraphics aux États-Unis et on sort quasi à l'identique. Cela ne nous empêche pas de devoir faire valider les traductions. C'est très encadré et relativement simple. À nous d'établir un programme sur deux ou trois ans pour qu'on ait une certaine visibilité.

Et de l'autre côté, il y a les créations. Nous sommes les seuls éditeurs au monde,  pour l'instant, à avoir l'autorisation de Disney de faire de la création avec des auteurs indépendants – j'entends par là qui ne font pas partie du sérail de Disney. Là, on a une étape de validation qui est un peu plus complexe. On discute avec des auteurs qui viennent nous voir ou que nous sollicitons. On monte un projet sous forme de synopsis ou de recherche graphique que l'on soumet au directeur artistique de Disney. Dans notre cas, notre référent se situe en Italie. Et là commence un jeu d'échanges assez longs et fastidieux. Il faut se mettre d'accord sur ce que l'on peut faire et ne pas faire et ensuite le retranscrire aux auteurs pour qu'ils se sentent le plus libres possible. Ensuite, on enchaîne sur une étape de création tout à fait classique avec les auteurs retenus. Une fois le séquencier validé, 80% des échanges avec Disney sont terminés. Ensuite c'est sur le story-board ou le crayonné que l'on peut avoir quelques ajustements, mais plus on avance dans le temps, moins on a de soucis à se faire valider.

La jeunesse de Mickey, Tebo, éd. Glénat, © Disney

Combien de temps peuvent prendre ces validations?

En comptant les allers-retours, les ajustements, il faut compter entre six mois et un an à partir du démarrage du projet. Certains ont commencé dans les deux mois qui ont suivi l'envoi des premières lignes et d'autres ont commencé un an après. Il n'y a pas de loi par rapport à ça. Notre interlocuteur italien est un peu submergé parce qu'il valide toute la production Disney pour l'Europe. C'est compliqué mais une fois qu'il s'y met on a un retour très constructif à chaque fois. Quand il y a un refus, on a des choses très argumentées et ça nous permet d'avancer avec la certitude d'aller dans la bonne direction.

Est-ce qu'il y a une volonté depuis le départ de sortir un tome par trimestre?

Non, on s'est accordé avec Disney pour en faire deux à trois tomes par an. On sait qu'on ne peut pas avoir un rythme beaucoup plus élevé. Il faut trouver des auteurs qui ont l'envergure pour s'attaquer à cette collection. Quand je parle d'envergure, c'est à la fois la connaissance, l'envie et aussi la notoriété. On est sollicité par beaucoup d'auteurs qui manquent pour l'instant de notoriété. L'intérêt, c'est de montrer au public un Mickey ou un Donald "vu par".  Si c'est vu par un auteur que j'adore mais qui n'a pas l'aura pour faire un Mickey, c'est un coup d'épée dans l'eau d'un point de vue financier.

Terror Island, Alexis Nesme, éd. Glénat, ©Disney

On a commencé avec Loisel, Cosey, Trondheim… Ce n'est pas évident de passer derrière ces grands noms. Mais on s'est aperçu que ce ne sont pas les plus connus qui ont le mieux vendu. Aujourd'hui, ce sont Camboni et Filippi qui sont quasiment en tête de nos ventes sur ces créations et ce n'étaient pas les plus connus. Le graphisme de Camboni a remporté l'adhésion. C'est un graphisme très élégant, très moderne et très inattendu sur ce genre de bande qui a fait qu'il y a eu un engouement sur ces deux tomes.

Avez-vous sollicité des mangakas?

Non. Les Japonais préfèrent exploiter leurs licences. Les auteurs extrêmement connus ne vont pas arrêter leur licence pour se consacrer à un, deux ou dix volumes de Mickey qui ne seraient pas leur propre création. Je pense qu'il y a peu de chance que Disney arrive à sortir du manga avec des auteurs connus. Leurs éditeurs ne veulent pas qu'il y ait un trou dans le rythme de parution pour qu'il fasse une pige ailleurs. J'en avais sollicité pour le Mickey All Stars comme il s'agissait d'histoires en une planche, et on a eu une fin de non-recevoir des trois éditeurs majeurs à qui on s'était adressé. Katsuhiro Ôtomo, avec qui on est en contact direct, aussi avait décliné la proposition. Il est très sollicité, il répond très peu.

Combien avez-vous d'albums en attente de validation, de création?

Entre ce qui doit sortir cette année et ce que j'ai en préparation, j'ai un peu moins de dix albums, dont quatre qui sont validés.

Terror Island, Alexis Nesme, éd. Glénat, ©Disney

Est-ce que vous essayez d'équilibrer les personnages mis en scène?

Non. On a beaucoup plus d'auteurs qui on fait du Mickey que du Donald ou de la famille Canard parce que, graphiquement, c'est beaucoup plus compliqué de prendre Donald et Picsou en main. Les dessinateurs franco-belges ont beaucoup de mal à dessiner Donald ou Picsou parce que c'est une tête de canard caricaturée sur un corps de canard, alors que Mickey c'est sur un corps humain, donc il est plus facile à mettre en mouvement et à dessiner. Faire courir un canard ou lui faire tenir un objet, c'est incongru. De plus, on sort les albums quand ils sont prêts, certains mettent trois ans à les dessiner, d'autres moins d'un an. Quand c'est prêt, on le sort et on essaye de le caler à des dates plus visibles que d'autres. Si on devait en plus gérer la prépondérance de Mickey vis-à-vis de Donald, on ne s'en sortirait pas.

Est-ce qu'avec le succès de Fantomiald des auteurs se positionnent ? Contactez-vous des auteurs ?

On en a un qui devrait sortir bientôt avec Nicolas Pothier au scénario et Batem au dessin. Cela va être des histoires courtes et cela va s'appeler Un travail pour Fantomiald. Il est prévu fin 2023 ou début 2024. Il faut le sortir à une bonne date. Ce projet est né de la volonté de Batem de travailler sur la famille Canard et cela a marché avec une proposition de Nicolas Pothier. La rencontre entre les deux s'est très bien passée, ils étaient vraiment sur la même longueur d'onde. Nicolas Pothier avait plus envie de travailler sur Fantomiald. Tout le monde connaît le personnage mais on ne connaît pas forcément la mythologie d'origine. Très vite, je lui ai envoyé nos intégrales pour qu'il se replonge dedans et il en a fait quelque chose vraiment à sa main, truffé de jeux de mots, avec des situations qui permettent une lecture à deux niveaux, un peu comme pour les grands classiques Astérix ou Lucky Luke. On a un album autant lisible par un public jeunesse que par un public adulte qui va rigoler en le lisant.

La jeunesse de Mickey, Tebo, éd. Glénat, © Disney

C'est une collection qui peut sembler très masculine. Cherchez vous des autrices?

Oui et non. Je ne cherche pas des autrices pour chercher des autrices. Je suis au service de l'œuvre et non pas pour travailler avec untel ou unetelle. Quand je lis un livre, même en littérature générale, ça ne m'intéresse pas de savoir si c'est un homme ou une femme qui l'a écrit. Je trouve cela absurde. J'ai publié pleins d'autrices et j'ai travaillé avec un plaisir équivalent à celui de travailler avec des hommes, mais pour moi ça n'a aucun intérêt de savoir si c'est un homme ou une femme qui crée une œuvre. Un artiste reste un artiste. Ce n'est pas une volonté de ma part. Ce qui m'intéresse, c'est le bon projet, peu importe qui me le propose. Évidemment, éditorialement, nous sommes ouverts et cette collection n'est pas un boy's club.

Y a-t-il un auteur ou autrice que vous rêveriez d'avoir dans votre collection?

Un projet avec auteur, s'il doit se faire, il se fait. J'ai souvent eu des déconvenues à vouloir absolument travailler avec quelqu'un que j'admirais. Si ce n'est pas une envie qu'on partage, cela n'aboutit à rien de bon, ni d'exceptionnel. D'ailleurs, plus qu'une envie de collaborer avec moi, ce qui compte c'est le désir de cet artiste à évoluer dans l'univers de Disney.

La jeunesse de Mickey, Tebo, éd. Glénat, © Disney

Quelle est votre période préférée Mickey ou Donald que vous aimeriez revoir?

Comme pour tous les projets, j'aime avant tout être surpris. Je veux ressentir la surprise du lecteur. Ce sont justement des auteurs hors du contexte Disney qui peuvent apporter cette nouveauté. La plus-value, la richesse des auteurs de BD franco-belge qui regardent d'un autre œil cette bande dessinée américaine classique. Quel est le regard d'adulte que l'on peut poser dessus aujourd'hui? Est-ce que c'est un regard nostalgique ou est-ce qu'on a envie de moderniser les choses et de proposer une bande dessinée innovante malgré ce que l'on peut trouver comme contingence quand on s'attaque à un mythe comme Mickey ou Donald? Voici les questions qui me taraudent avant d'ouvrir chaque nouvel album, et je ne suis jamais déçu.

Les personnages sont un peu figés dans le temps. Est-ce qu'il y aura une tentative de passer Riri, Fifi et Loulou à l'âge adulte?

Non, parce qu'il y a eu la jeunesse de Mickey qui a été faite et cela a été très compliqué à mettre en œuvre. On montrait un Mickey vieux, un Mickey jeune, et ce sont des notions qu'ils ne veulent pas voir chez Disney. On peut montrer un personnage plus vieux au cours d'une histoire ou autre, si on raconte sa jeunesse, mais ça reste marginal. Je ne suis pas sûr qu'ils acceptent de voir Rifi, Fifi et Loulou adultes ou à la fin de l'adolescence. C'est comme la relation entre eux qui reste assez figée. On ne peut pas faire de Mickey et de Pat Hibulaire deux amis inséparables même s'il y a eu des épisodes où ils ont été obligés de s'associer ou de collaborer. Cela reste des antagonistes. Il faut faire avec cette trame existante. Je pense qu'on peut proposer des choses originales sans vouloir à tout prix casser les codes. L'album de La Jeunesse de Mickey de Tébo est un truc incroyable dont Disney est très fier aujourd'hui, même si ça a été un cauchemar de validation, car ils ne percevaient pas ce que voulait faire Tébo. C'est une vision d'auteur à laquelle ils adhèrent aujourd'hui mais cela ne veut pas dire qu'ils vont renouveler leurs bandes classiques dans ce registre-là.

Picsou, le dragon de Glasgow, Joris Chamblain et Fabrizio Petrossi, éd. Glénat, ©Disney

Est-ce que ces albums ont une vie à l'étranger?

Tout à fait. L'Allemagne est notre plus gros client pour cette collection. Mais cela reste une gestion de droit assez complexe. On ne peut publier une bande dessinée Disney que si on est licencié Disney. Il faut donc que dans le pays où un intérêt est évoqué se trouve un éditeur déjà contractualisé auprès de Disney et que ce soit ce dernier qui veuille acheter nos productions. En Italie, l'éditeur qui souhaitait acquérir nos licences n'est pas celui licencié par Disney et cela bloquait. Ça commence à se débloquer par le biais de Panini. Les pays nordiques sont de très gros consommateurs des bandes Disney, plus de Donald que de Mickey d'ailleurs, mais par le biais de journaux. Le Journal de Donald est extrêmement diffusé, il y a de très grosses ventes mais nos bouquins n'y arrivent pas parce qu'il n'y a pas de consommation d'albums dans les pays scandinaves. Plein d'auteurs rêvent d'être publiés aux États-Unis et je crois qu'on en a eu trois de publiés. Le Cosey, le Trondheim et le Mickey All Stars.

Pour l'instant, c'est vraiment l'Allemagne notre plus fidèle et gros partenaire sur ces créations. On a vendu en Espagne, en Italie et je crois que la Pologne en a pris, mais ça reste de très petites ventes.

Quel est le best-seller de la collection?

On doit avoisiner les 40.000 avec le premier, Mickey et l'Océan perdu. Notre premier tirage est à chaque fois supérieur à 15.000, on est assez proche des 20.000. Le Pieter de Poortere, qui est un auteur extrêmement pointu, considéré comme underground avec qui on a fait Super Mickey, c'est sa plus grosse vente en tant qu'auteur mais dans cette collection c'est la plus petite. Il a eu la volonté de faire un album entièrement muet. Il a des enfants et il voulait absolument que ses enfants puissent lire un Mickey. On est sur de 10.000 à 12.000 exemplaires. Cela reste un très bon chiffre. L'avantage de travailler avec Disney c'est que, comme ils n'ont pas de culture d'auteurs, je peux leur présenter un Loisel comme un Poortere. Ils vont le juger sans retenue et avec une véritable objectivité. Ce qui les intéresse, c'est le graphisme, l'originalité de l'histoire et la manière de la raconter.

Picsou, le dragon de Glasgow, Joris Chamblain et Fabrizio Petrossi, éd. Glénat, ©Disney

Quelle est la plus belle anecdote de cette collection ?

La collaboration avec Batem est amusante parce que Batem ne se sentait pas de faire le scénario lui-même et moi je cherchais de mon côté un dessinateur pour Nicolas Pothier avec qui je travaillais depuis longtemps. Je ne savais pas si Batem serait disposé à travailler avec un scénariste qu'il ne connaissait pas du tout, qui sortait pour lui de nulle part. Je disais à Nicolas, sans lui révéler que c'était pour Batem, de me proposer une BD sur Disney et plutôt sur les canards. Et de l'autre côté, Batem m'a dit qu'il avait vu ce que faisait Pothier et qu'il trouvait ça vachement bien et qu'il faudrait lui demander s'il ne voulait pas scénariser pour lui. C'était assez amusant parce qu'au même moment j'étais en contact avec l'un sans lui révéler pour quel dessinateur et de l'autre côté j'avais le dessinateur qui me disait qu'il voulait bien travailler avec tel scénariste. Cet alignement des planètes reste un chouette souvenir.

Comment est-ce que vous accompagnez une sortie en librairie ?

Chaque album est soutenu chez nous par le biais de PLV, voire d'actions de communication ou de marketing. On fait régulièrement des chevalets, des silhouettes, des diptyques ou triptyques qui sont proposés aux libraires. On va faire un jeu de serre-livres offert pour l'achat de trois albums de créations. Les prochains seront proposés avec une illustration de Thierry Martin et de Petrossi. C'est une collection que l'on pousse énormément.