Les sorties du mois de septembre "La femme au miroir" d'Éric-Emmanuel Schmitt

la femme au miroir     22 euros
La femme au miroir     22 euros © Albin Michel

Éric-Emmanuel Schmitt est un véritable touche-à-tout. Après les pièces de théâtre, les expériences du cinéma, l'écriture de nouvelles, voilà que l'auteur à succès revient pour cette rentrée littéraire avec un nouveau roman de plus de 450 pages.

il fallait au moins ça pour raconter l'histoire de trois femmes, plutôt privilégiées par leur situation sociale ou amoureuse :
Anne d'abord, qui doit se marier à Bruges pendant la Renaissance avec un très bel homme, rendant jalouse tout son entourage. Hanna ensuite, vivant à Viennes au début du XXe siècle, qui n'aspire qu'à offrir un enfant à l'homme qui l'aime. Anny enfin, star de cinéma de notre époque qui partage son existence entre paradis artificiels et amours fugaces.

Trois femmes qui semblent avoir tout pour elles. Pourtant, sous la plume d'Eric-Emmanuel Schmitt, elles s'obstinent à ne pas se contenter de leur destin. Etonnant, d'autant que les trois femmes ne sont ni des rebelles, ni des capricieuses, bien au contraire.

Elles font simplement le constat d'une vie qui ne les rend pas heureuses et décident de ne plus être ce que les autres souhaitent d'elles. Elles quitteront tout ce qui les définissait pour s'accorder une existence plus épanouissante, grâce à un lent travail d'introspection, par la découverte de la spiritualité, de la psychanalyse ou encore par le biais d'une cure de désintoxication.

Le pitch a tout du sujet banal et mièvre à souhait. Et pourtant le roman se dévore avec gourmandise. D'abord parce que Schmitt évite les clichés et le sentimentalisme. Ensuite parce que les trois héroïnes sont assez lucides pour éviter les atermoiements béats ou les lamentations agaçantes. Bien au contraire, on se prend d'une sincère affection pour ces trois femmes qui mettent des mots sur leurs déceptions, leur inconfort, et prennent les choses en main.

Sans doute parce que l'écriture de Schmitt est limpide
, sans superflu, la réflexion philosophique peut émerger naturellement, sans prétention et sans aucune fausse note.
Le récit nous amène ainsi doucement et habilement à apprécier le retour aux sources des trois héroïnes, à goûter avec émerveillement à leur contemplation mystique de la nature, à leur joie devant les forces de l'esprit ou bien au bonheur qu'elles découvrent sur les voies de la rédemption.