Mort de Shunsuke Kikuchi : Goldorak, Dragon Ball... Qu'avait-il composé ?

Mort de Shunsuke Kikuchi : Goldorak, Dragon Ball... Qu'avait-il composé ? Goldorak, Albator 84, Dr Slump, Dragon Ball, ces licences phares de l'animation japonaises pleurent leur principal compositeur : Shunsuke Kikuchi s'est éteint le samedi 24 avril 2021. Il avait 89 ans et a arrangé plusieurs centaines de bandes originales...

Shunsuke Kikuchi a conquis plusieurs générations dans le monde entier. Il est virtuellement impossible pour une personne entre 30 et 60 ans de ne pas avoir été bercé par au moins une des mélodies orchestrées par le virtuose. Surnommé par de nombreux fans le "Ennio Morricone Nippon", Shunsuke Kikuchi est avant tout célèbre en France pour son travail sur Goldorak, Albator 84 et Dragon Ball Z.

Au Japon c'est une légende, connu principalement pour les licences Kamen Raider et Doraemon, explique Alex Jetblack, spécialiste cinéphile et cinéphage nippon notoire. Ce dernier précise d'ailleurs, qu'aux Etats-Unis d'Amérique, comme le dessin animé Dragon Ball Z avait eu droit à une réorchestration par la SABAN, le public américain connaît essentiellement le travail de Kikuchi via la chanson "Les Fleurs du carnage" interprétée par Meiko Kaji dans Kill Bill de Quentin Tarantino.


 

Olivier Fallaix, créateur du podcast et du site anisong.fr site spécialisé sur les génériques de dessins animés français et japonais explique "Tout est allé très vite pour Shunsuke Kikuchi. Dès son adolescence ce dernier, passionné de cinéma n'a qu'un vœu devenir compositeur de musique de film. Une de ses inspirations et référence est Ennio Morricone. C'est d'ailleurs dans ce milieu qu'il commence, au début des années 60, avec notamment la musique des films de Kaïju Gamera (la tortue géante rivale de Godzilla) chez Daiei, avant d'intégrer la Toei. Sa carrière explose très vite, passionné de cinéma, adolescent, son rêve était de faire des musiques de films. Il a commencé en faisant des BO de films d'ailleurs. Et Ennio Morricone est son idole. Il faut rappeler qu'à cette époque, c'est le début de l'ère de la télévision. Les besoins en bandes-son, musiques et générique explosent avec la popularité de ce média. Avec un pied déjà chez la Toei, il n'est pas surprenant que le compositeur ait été sollicité sur de nouveaux projets. C'est Tiger Mask, puis Kamen Rider, la première série Tokusatsu (genre dont est issue la série Bioman) qui va faire exploser la popularité du compositeur."

Alex ajoute : "Il a composé les musiques de Kamen Rider pendant plus de dix ans. C'est exceptionnel. Une telle longévité et une telle qualité sur la durée…Et puis sa patte où l'on retrouve la mélancolie du western spaghetti est devenue une source d'inspiration pour de nombreux réalisateurs et compositeurs. Il n'y a pas que Quentin Tarantino qui lui ait rendu hommage. Le film un peu fou Karate-Robo Zaborgar n'a repris que des musiques du génial compositeur."

Le musicien, véritable stakhanoviste, compose plusieurs centaines de bandes sonores : Goldorak, Getter Robot, Dr Slump, La Tulipe Noire, Dragon Ball et Dragon Ball Z (rien que pour ces deux derniers il signe pas moins de 450 musiques originales), Doraemon pour ne citer qu'eux. Mais, il arrange aussi des génériques comme les chansons d'Albator 84 et Goldorack dont la célèbre chanson de début Accours vers nous prince de l'espace interprétée par Enrique en France.

Les deux spécialistes sont unanimes: c'est un compositeur emblématique qui a marqué l'histoire. Sa capacité à ancrer ses musiques aux œuvres de manière fusionnelle est l'une des raisons de son succès et garantit la postérité de son travail. Sa musique est tellement emblématique que les fans de Dragon Ball ont eu une sensation de manque sur Dragon Ball GT ou Dragon Ball Kai, explique Alex. À tel point que la Toei a fini par reprendre ses musiques pour la fin de la série Dragon Ball Kai. Ses mélodies sont devenues une madeleine de Proust pour de nombreuses générations de fans, de par le monde entier.

Comme le résume le mangaka Kia Asamiya (principalement connu en France pour son manga Silent Moebius) "Les mélodies composées par Monsieur Kikuchi pour la télévision m'ont accompagné depuis ma plus tendre enfance. Sa musique m'a profondément marqué." Heureusement pour les musicophiles il laisse une œuvre d'une richesse et d'une qualité sans faille. Gageons qu'à l'instar de ce qu'il s'est passé après la disparition d'Ennio Morricone des éditions collectors vont être publiées, pour noyer notre chagrin en musique. Quatre musiques emblématiques choisies par Olivier Fallaix et Alex "Jetblack" pour saluer le départ de ce géant, qui contrairement à sa musique n'est pas immortel.

Premier générique de Goldorak, iconique dans de nombreux pays : 

Albator 84, dont la musique du générique à même fini par devenir le thème de la série : 

La scène de la guitare d'Actarus, symbole parfait de la touche du compositeur :

Impossible de faire l'impasse sur le travail d'orfèvre de l'arrangeur sur la licence Dragon Ball. Série qui lui a value le Prix international de la société japonaise pour le droit des auteurs et compositeurs (JASRAC).

Pour de plus amples information sur la carrière vous pouvez lire l'article l'article d'Olivier Fallaix sur Anisong.