Des millions de Français en prennent : ce médicament pour le coeur serait parfois inutile, voire dangereux
Un traitement prescrit depuis environ 40 ans est remis en cause : il ne serait pas systématiquement efficace. Il augmenterait même le risque cardiaque chez les femmes. C'est pourtant un traitement pour le cœur assez fréquent. Il est notamment prescrit aux patients qui ont subi une crise cardiaque afin de réduire les risques de récidive.
Depuis plusieurs décennies, ils sont ainsi prescrits à la majorité des patients après un infarctus. Mais depuis, la prise en charge des crises cardiaques a changé. Des chercheurs ont donc récemment mené une étude auprès de 8 500 patients pour savoir si ce traitement était toujours pertinent aujourd'hui. Les résultats de leur étude ont été présentés au Congrès de la Société européenne de cardiologie ce 30 août 2025 et publiés dans le réputé New England Journal of Medicine.

Ils mettent en évidence que ces médicaments, les bêta-bloquants, n'ont "montré aucun bénéfice" chez des patients ayant subi un infarctus mais dont la fonction cardiaque n'est pas réduite, d'après un communiqué de la Société européenne de cardiologie. Chez ces patients, les bêta-bloquants seraient donc inutiles.
Pire encore, ils pourraient augmenter les risques de récidive, d'hospitalisation et même de décès chez les femmes qui ont une fonction cardiaque normale après un infarctus. "Les femmes traitées par bêtabloquants présentaient un risque absolu de mortalité supérieur de 2,7 % à celui des femmes non traitées par bêtabloquants", d'après un communiqué du Centre national de recherche cardiovasculaire espagnol, qui a mené l'étude.
Le Dr Borja Ibáñez, chercheur principal de l'étude, affirme dans le communiqué que "dans de nombreux cas, prescrire des bêta-bloquants à des femmes après une crise cardiaque sans complication peut faire plus de mal que de bien. Les cliniciens doivent soigneusement peser les risques et les avantages, et envisager des ajustements de dose ou des traitements alternatifs lorsqu'ils traitent des patientes".
D'après les chercheurs, ces résultats constituent une "découverte révolutionnaire" et "pourraient bouleverser le paradigme thérapeutique standard". Une prise en charge plus personnalisée semble nécessaire. Le traitement à la suite d'un infarctus devrait en effet prendre en compte la fonction cardiaque et le sexe. De façon plus générale, les hommes et les femmes ne réagissent pas de la même manière aux médicaments et ne sont pas égaux en termes de santé cardiaque. En France, le bisoprolol, un bêta-bloquant, fait partie des 20 médicaments les plus prescrits avec 2,3 millions de patients d'après l'Assurance maladie.