Saint-Jacques de Compostelle D'où vient le chemin de Saint-Jacques

vous êtes sur la bonne voie !
Vous êtes sur la bonne voie ! © Jouffre Sébastien

Au Moyen-Age, Saint-Jacques de Compostelle comptait parmi les trois grands lieux de pèlerinage auquel tout bon Chrétien se devait d'aller. De même que, de nos jours, la Mecque attire les croyants de confession musulmane, à l'époque, les Chrétiens se rendaient à Rome pour se recueillir sur les tombeaux de Pierre et Paul, à Jérusalem et...à Saint Jacques de Compostelle. Pourquoi un tel engouement pour ce lieu aussi éloigné des origines de la religion, ou du siège de son autorité ? La petite ville espagnole est en réalité la dernière demeure de Saint Jacques, dont la vie fut étroitement liée à celle du Christ.

Aux environs de l'an 800, on découvre au large des côtes espagnoles le sépulcre de Saint Jacques, frère de Saint-Jean et grand martyre de la chrétienté. Appelé par Jésus alors qu'il était en train de pêcher dans les eaux de Tibériade, Saint Jacques évangélisa l'Espagne avant d'être martyrisé et décapité à Jérusalem sous les ordres du roi Hérode, vers 44 après Jésus-Christ. Son corps fut livré en pâture aux chiens, avant d'être recueilli par ses compagnons. Ceux-ci placèrent sa dépouille dans une embarcation, qui vint s'échouer à Padron, sur les côtes de Galice. Guidée par un ange, elle avait navigué à travers la Méditerranée et franchi le détroit de Gibraltar.

Reconquista et naissance des Chemins de Compostelle


C'est l'ermite Pelagius qui, en rêve, eut une vision du tombeau de Saint Jacques. Il est guidé par une étoile vers un champ (le champ de l'étoile, soit "campus stellae" en latin), qui deviendra Compostelle. Or, à cette époque, l'Espagne est en proie aux invasions des Maures. Alphonse II et Ramiro Ier, souverains des royaumes de Galice et des Asturies, ont alors l'idée d'une reconquête du territoire, passant par la consolidation du pouvoir royal. La religion y jouera un rôle décisif. Alphonse II fait ériger une église à Compostelle, et les pèlerins ne tardent pas à affluer, attirés par la légende de Saint-Jacques. Les Sarrasins s'emparent du sanctuaire en 997, mais celui-ci est vite repris par les Chrétiens. Compostelle devient un des symboles de la Reconquista, et Saint Jacques prend le surnom de "matamore", le tueur de Maures ; certains récits le décrivent, réapparu parmi les croisés pour guerroyer à leurs côtés à Jérusalem.


Du XIe au XIVe siècle, 500 000 pèlerins se rendent chaque année sur ces lieux sacrés ; une affluence en partie expliquée par la prise de Jérusalem par les Turcs au milieu du XIIIème siècle, qui empêchent les Chrétiens de s'y rendre. Les "Jacquets" venus des quatre coins d'Europe tracent quatre voies principales, ponctuées d'abbayes et de chapelles qui sont autant de centres de repos et de prière pour les voyageurs. Au terme d'un long périple, le pèlerin se voit remettre une coquille, signe d'un accomplissement aussi physique que spirituel : il est devenu un "marcheur de Dieu". A partir du XVème siècle, les conflits d'intérêt et religieux diminuent la fréquentation des Chemins de Compostelle ; le pèlerinage ne reprendra qu'au XXe siècle. Désormais, malgré la diminution du sentiment religieux dans les pays occidentaux, croyants et athées s'y retrouvent ; le périple qui mène à Saint-Jacques de Compostelle reste mémorable par la beauté des paysages traversés et les contacts humains que l'on y noue.