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Provocateur, égocentrique et ambitieux, Gustave Courbet s'est imposé comme le peintre par qui le scandale arrive. Après avoir remporté un vif succès au Grand Palais, l'exposition qui lui est consacrée s'installe au musée Fabre, à Montpellier. Jusqu'au 28 septembre, 120 tableaux, accompagnés d'œuvres graphiques et de photographies, retracent la carrière tumultueuse du chef de file du courant réaliste. Son parcours est dicté par un même leitmotiv : "le beau est dans la nature". Il l'a ainsi recherché dans ses formes les plus diverses. Des nus sulfureux aux paysages francs-comtois, en passant par les portraits de famille, l'artiste a exploré les dessous de la nature dans cette quête inlassable. Mais si Gustave Courbet demeure un personnage controversé, son talent est unanimement reconnu.

L'exposition "Gustave Courbet" apporte un éclairage plus sensible sur le travail du peintre en mettant l'accent sur les paysages. Mais ses toiles représentant les corps féminins attirent davantage le regard des curieux. Le clou de la rétrospective reste la "Femme nue couchée", un tableau disparu depuis un demi-siècle, que les visiteurs peuvent venir admirer pour la première fois.

Le réalisme s'inscrit dans toutes les œuvres de Gustave Courbet. Il peignait ce qu'il voyait et prônait une représentation authentique de la réalité. Cette rétrospective, la première depuis trente ans, met en avant les manifestes de ce mouvement artistique qui a révolutionné la peinture académique. En effet, le peintre a su bouleverser les canons néoclassiques du XIXe siècle et imposer son propre univers.

 


 

Dans les dédales d'un esprit complexe

 

vignette lhomme blesse
 
Dès la première salle de l'exposition, les visiteurs sont confrontés à l'égo de Gustave Courbet. Halluciné, blessé ou avec son chien, l'artiste fut pour lui-même une des premières sources d'inspiration. Convaincu de sa beauté physique, il était fier de son apparence. Durant les dix premières années de sa carrière, le peintre s'est consacré aux autoportraits. Ces toiles reflètent la vision romantique que le portraitiste avait à cette époque. C'est l'occasion d'admirer des toiles issues de collections particulières telles que "Le Désespéré", un des tableaux emblématiques du parcours de Gustave Courbet, à travers lequel le spectateur se retrouve face au désespoir de l'artiste.
Puis les autres séries témoignent de l'attachement inébranlable de l'homme pour sa terre natale. Originaire d'Ornans, dans le Doubs, Gustave Courbet a peint de nombreux sites et scènes de campagne en Franche-Comté. Dans la seconde moitié du XIXe siècle, les Français connaissaient mal cette région, annexée depuis seulement un siècle et demi. Cette obsession des paysages francs-comtois a alors déconcerté les contemporains du peintre. "Un enterrement à Ornans" notamment est reconnu comme un manifeste du réalisme. Cette toile a surpris par ses immenses dimensions qui étaient jusque là réservées aux grandes fresques religieuses ou historiques.

 
vignette femme perroquet
 
Gustave Courbet a également nourri une profonde passion pour les femmes. Plusieurs toiles immortalisent les corps dénudés de ses modèles. Amoureux des courbes pleines, il n'a pas hésité à coucher sur la toile le sexe féminin dans "L'origine du monde", son plus célèbre tableau. Le cadrage serré utilisé par l'artiste accentue l'érotisme de cette œuvre taxée de vulgarité à l'époque. En choquant ses contemporains, Gustave Courbet a "encanaillé" la peinture comme il le souhaitait ardemment.

 


 

Entre grandeur et décadence

 

vignette paysage mer
 
La controverse suscitée par Gustave Courbet provient de sa personnalité hors normes. Né en 1819 dans une famille de propriétaires terriens, il arrive dans la capitale à 20 ans pour se faire "un nom à Paris". Le jeune artiste parvient alors à entrer dans le cercle culturel parisien et se fait ainsi connaître. En 1853, il reçoit le soutien d'Alfred Bruyas, un riche mécène qui lui permet de se consacrer à sa peinture. Mais la vie citadine ne séduit pas cet homme de campagne qui préfère représenter la nature. Après des années d'opulence et de scandales artistiques mais également politiques, il est soupçonné en 1871, à tort, d'avoir détruit la colonne Vendôme sous la Commune. L'artiste est alors condamné à six mois de prison et à financer sa réparation. Il s'exile par la suite en Suisse où il meurt en 1877. Ses dernières œuvres, caractérisées par des natures mortes, illustrent la mélancolie et la nostalgie qui l'habitent.

 

Gustave Courbet est l'artiste le plus représentatif du réalisme artistique. Ce bouleversement culturel a constitué, dès la seconde moitié du XIXe siècle, une transition fertile entre le romantisme et l'impressionnisme. En s'opposant aux codes établis de la peinture académique, l'artiste augure l'ère moderne au niveau pictural. Après le Grand Palais à Paris et le Metropolitan Museum of Art à New York, le musée Fabre rend à son tour un bel hommage au talentueux peintre.