"L'Equipe a orchestré le retour d'Armstrong"

Pourquoi les médias ont-ils passé sous silence le "Shower Gate" (explication en bas de page) ?

Les médias en ont parlé, mais de manière très discrète. L'Equipe a même ironisé sur l'affaire de la douche. Sur le thème : on ne va pas disqualifier Lance Armstrong parce qu'il a échappé à la surveillance d'un contrôleur pendant 20 minutes. Sauf que, pendant le temps où il prenait soi-disant une douche, Lance Armstrong a très bien pu faire le nécessaire pour rendre d'éventuels produits dopants indétectables.

L'Agence français de lutte contre le dopage aurait dû le priver de Tour, mais l'Américain bénéficie de soutiens en haut lieu : l'Union cycliste internationale, l'organisateur ASO [Amaury Sport Organisation] et même Nicolas Sarkozy, un grand ami de Lance !

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David Garcia © L'Internaute Magazine

Pour revenir au traitement médiatique de cette affaire et prendre l'exemple de L'Equipe, ce quotidien a orchestré le retour de Lance Armstrong en lui posant un minimum de questions qui fâchent. Et pour cause : l'Américain a reçu des assurances du groupe Amaury sur la "qualité" de son accueil en France. Désormais, le journaliste en charge des questions de dopage à L'Equipe est prié de la mettre en veilleuse. Et comme le reste de la presse n'enquête pas ou si peu et se contente de reprendre les dépêches d'agence, Lance le conquérant peut dormir sur ses deux oreilles.

Combien le retour d'Armstrong rapporte-t-il à ASO ?

Il rapporte indirectement de l'argent à ASO, via les audiences télé et les indices de satisfaction des sponsors, qui paient très cher leur présence sur les routes du Tour. Un Lance survitaminé fait exploser l'audimat et les profits du Tour de France, qui s'élèvent tout de même à une trentaine de millions d'euros annuels.

* Le Shower Gate : En mars 2009, un inspecteur de l'Agence française de lutte contre le dopage (AFLD) a effectué un contrôle inopiné au domicile texan de Lance Armstrong. L'Américain, prétextant le besoin urgent de prendre une douche, avait faussé compagnie à l'agent pendant une vingtaine de minutes, ce qui interdit par le règlement. Le sportif doit rester à portée de vue de l'inspecteur.