France: fuite des cerveaux, un mal inévitable ?
Durant le mercato hivernal, le football français se sépare de ses meilleurs éléments pour le plus grand bonheur des clubs de Premier League qui raflent la mise à coup de millions. Revenons sur ce phénomène qui se reproduit tous les six mois.
Alors que le froid s’est installé sur la France depuis quelques temps déjà, les oiseaux migrateurs sont, depuis bien longtemps, partis à la recherche d’un avenir plus serein, où il n’y aura pas de difficultés pour se nourrir, où la chaleur séchera leurs frêles plumes. En quelques sortes, une vie meilleure. Le footballeur, pour cette raison, se rapproche de ces animaux volages. N’attendez pas à ce que l’on vous dise dans cette chronique que le footballeur a une cervelle d’oiseau, ce ne serait pas permis et les comparaisons pourraient se montrer fastidieuses. Seulement le footballeur est comme l’oiseau sur un point. Il n’a aucun regret de quitter la France pour trouver une vie meilleure ailleurs.
En ce mois de janvier, pour le football, c’est la période des transferts. Période pendant laquelle les millions d’euros partent comme des petits pains (pas ceux en chocolat qui ont déjà tous été mangé) et où les footballeurs se munissent de leur Guide du Routard pour partir dans des contrées inconnues. Pour juste donner quelques exemples, Yann M’vila, milieu défensif de Rennes parti à Rubin Kazan en Russie, Mathieu Debuchy, arrière latéral de Lille parti à Newcastle tout comme son nouveau coéquipier Moussa Sissoko, ancien milieu de Toulouse. Ou bien même encore Loïc Rémy, ancien attaquant de Marseille parti à Queen Park Rangers, équipe dernière de Premier League. Et là, je ne cite que des internationaux, seulement des joueurs qui ont un jour, ou continuent, porter le maillot bleu de l’Equipe de France. Alors certes, ce sont des adultes et ils font ce qu’ils veulent. Cela ne les rend pas moins bons en équipe de France, c’est souvent même le contraire qui se passe. On peut juste se demander où se trouve la place du sport français, et plus précisément ici du football, sur le continent européen, ou plus encore sur l’échiquier mondial. Actuellement deuxième exportatrice de joueurs de football, derrière le Brésil, la France n’en finit pas de perdre ses nombreux talents faisant du même coup de la Ligue 1 un championnat stagnant. Un championnat qui, hormis les spécialistes du ballon rond, n’attire pas grand spectateur. La faute à un manque de nom clinquant peut-être.
Alors comment changer ce qui recommence à chaque période de transfert me direz-vous ? Peut-être en faisant plus d’investissements sur les joueurs et moins sur les structures. Je pourrais prendre l’exemple du Losc, le club de Lille. Tout en haut du podium il y a cela très peu de temps, les voilà cette saison bataillant pour accrocher une place européenne. L’équipe qui avait le jeu le plus léché du championnat ne produit presque plus rien. Et pour cause : après avoir remporté le titre, le Losc s’est séparé de ses meilleurs éléments et aujourd’hui, après l’achat du Nouveau Stade, se retrouve à devoir dégraisser l’effectif pour payer moins de salaire. Hors, si le Losc s’était contenté de garder ses meilleurs éléments, si les dirigeants n’avaient pas souhaité un stade de dimension européenne, peut-être que l’effectif aujourd’hui ne serait pas de dimension nationale et que le club de Lille continuerait à concurrencer les cadors du football mondial.
Tout cela pour dire que sans une politique des dirigeants, peut-être plus osée sur les transferts (à l’exemple du FC Porto), sans une réelle volonté de garder ses meilleurs éléments. Et sans surtout une encore plus grande motivation des joueurs eux-mêmes pour rendre le championnat de France plus attractif et plus beau, la France continuera d’être le centre de formation des plus grandes équipes européennes. Pour le plus grand bonheur des présidents de club français qui amassent ici de l’argent. Pour le plus grand malheur des spectateurs qui continueront de payer des places pour un football français sans ambition.