Marion Bartoli : " Le plus stressant, ce sont les interviews en bord de terrain"

Marion Bartoli : " Le plus stressant, ce sont les interviews en bord de terrain" Aux commentaires sur Amazon et à la TV anglaise, intervieweuse sur le court… Marion Bartoli sera sur tous les fronts lors ce Roland Garros 2021, qu'elle aborde avec "excitation et envie", mais aussi avec une bonne dose de stress. Interview.

Linternaute.com : Dans quel état d'esprit abordez-vous ce Roland Garros 2021 ? Est-ce que c'est l'excitation qui prédomine ou est-ce que vous ressentez aussi une certaine forme de pression avec cette nouvelle aventure chez Amazon ?

Marion Bartoli : "Les deux ! J'ai envie de bien faire, que les gens soient satisfaits de mes commentaires, que mes analyses apportent quelque chose dans la compréhension du jeu, et il y a aussi beaucoup d'excitation et d'envie. Le plus stressant, finalement, ce sont les interviews en bord de terrain, que je vais continuer d'assurer sur ce Roland Garros. Il faut en quelques minutes, réussir à capter et à faire passer l'émotion d'un joueur et d'une joueuse qui vient de gagner, et ce sont des propos qui sont largement relayés et pas uniquement en France, cela a de grosses répercussions. C'est une grosse montée d'adrénaline et cela demande plus de préparation. En plateau, on a plus de temps (Retrouvez en exclusivité les night sessions de Roland Garros sur Amazon Prime Video).

Il n'y aura pas de public en soirée jusqu'au 9 juin, craignez-vous de commenter des affiches plus modestes si les meilleurs joueurs ne veulent pas se prêter au jeu de la night session ?

Non, ce n'est pas vraiment une crainte. Les joueurs ont été habitués à une jauge de 1 000 personnes l'an passé et franchement, dans un stade d'une capacité de 15 000 spectateurs, c'est vraiment très peu. Je pense surtout que bon nombre d'entre eux seront contents de jouer en soirée plutôt que d'être programmés dès 11h le matin.

Qui peut gêner Nadal et Djokovic dans ce Roland-Garros 2021 ?

Bien sûr, Rafael Nadal et Novak Djokovic sont les très larges favoris. "Rafa" n'a pas gagné tous les tournois sur terre battue cette saison mais on sait que sur les courts de Roland Garros, le rebond de la balle est plus haut, et cela le favorise. C'est l'une des clés de ces multiples victoires à Roland Garros. Ce n'est pas la seule bien sûr, mais ça compte. Il y a quand même quelques autres joueurs qui peuvent être ambitieux. Stefanos Tsitsipas peut changer la donne. Andrey Rublev est aussi très en forme. Il faudra les surveiller de près. Côté français, j'espère vraiment que Jo-Wilfried (Tsonga), Gaël (Monfils), Richard (Gasquet), Gilles (Simon) vont briller, ils le méritent, d'autant qu'ils disputent sans doute l'un de leurs derniers Roland Garros.

Qui est votre favorite dans le tableau féminin ?

Iga Swiatek et Ashleigh Barty sont favorites et j'jouterai Aryna Sabalenka qui a remporté le tournoi de Madrid, même si on sait que les conditions à Madrid sont très différentes de celles de Roland Garros. Le manque d'expérience et le fait qu'elle ait souvent sous-performé en Grand Chelem peuvent aussi jouer en sa défaveur. En Grand Chelem, il ne faut pas non plus écarter Serena Williams. Ses récentes défaites face à des joueuses beaucoup moins bien classées pourraient la piquer au vif, et si elle prend confiance, elle peut aller très loin.

Que peuvent espérer les Françaises ?

Ce serait vraiment formidable de voir une joueuse aller en quart de finale et même plus loin. On sait que le bon parcours d'un Français crée un engouement et avec la magie de Roland Garros, on ne sait jamais. L'an passé, Fiona Ferro et Caroline Garcia avaient fait un beau parcours (NDLR : éliminées en 8e de finale), elles peuvent le rééditer cette année. Kristina Mladenovic aussi, si elle se met bien en route, si elle prend confiance. En tout cas, elles ont le potentiel. Chez les jeunes, j'espère que certaines réussiront à aussi bien que Clara Burel l'an passé (NDLR : après avoir bénéficié d'une wild card, elle avait atteint le 3e tour). En tout cas, je leur souhaite le meilleur et de profiter de ces moments rares et précieux.

On a l'impression d'avoir un trou de génération dans le tennis français ? Qu'en pensez-vous ?

Oui je reprendrai les termes de Nicolas Escudé, notre nouveau directeur technique national (NDLR : ce dernier, lors de son intronisation en mars, avait notamment fait part de sa volonté de minimiser les trous générationnels en élargissant notamment la base du recrutement et en repensant l'enseignement). On espère vite repartir sur de belles années que j'ai connues, avec des joueuses et et des joueurs tricolores présents dans le top 10, aux Masters. On sait que c'est un étendard pour le tennis et que cela peut avoir un gros impact sur les licences et les  inscriptions dans les écoles de tennis.

Comment vous positionnez-vous sur les idées émises ces derniers temps sur les éventuels changements à apporter sur le format de jeu : supprimer le cinquième set ou la deuxième balle, raccourcir les sets à quatre jeux… Le tennis a-t-il besoin d'être réformé ?

Le principal problème est la baisse d'audience du tennis. Du coup, tout le monde essaye de trouver des solutions tous azimuts. Moi, je suis plutôt une fervente défenseuse des traditions en ce qui concerne le jeu. L'enjeu, c'est surtout de rendre le spectacle télévisuel plus attrayant, plus interactif, en modifiant la manière de filmer…. Ce qu'a fait Netflix avec la Formule 1, par exemple, en créant notamment une série documentaire, qui a permis de créer un lien entre le public et les pilotes en montrant les coulisses des courses, est intéressant. C'est la bonne direction à prendre.