Emma Mackey (Sex Education) : "Les scènes de sexe étaient chorégraphiées"
A l'occasion de sa venue à Paris pour la Fashion Week, la jeune comédienne franco-britannique Emma Mackey a répondu à nos questions concernant la saison 1 de Sex Education, qui est le premier grand rôle de sa carrière. Un entretien qui nous a permis d'en apprendre plus sur le tournage de la série événement de Netflix, mais aussi sur la préparation d'Emma Mackey pour incarner Maeve Wiley et ses attentes sur une possible saison 2.
Comment vivez-vous le succès de Sex Education ?
Emma Mackey : C'est complètement bouleversant. On est tous très fiers, très heureux et honorés. On est très contents que les gens aiment la série, que les réactions soient aussi positives.
Maeve est votre premier grand rôle, comment s'est déroulé le casting ?
EM : Après l'université en Angleterre j'ai pris des cours de théâtre pratiquement toutes les semaines et ça a été ma formation. Mon prof de théâtre m'a recommandée à une agence et j'ai eu une agente grâce ça. J'ai été avec elle durant six mois je crois et j'ai décroché ce rôle. C'était magique.
Ensuite ça s'est passé de manière très ordinaire. On m'a fait parvenir le scénario, j'ai lu les deux premiers épisodes et j'ai fait à peu près quatre ou cinq auditions sur une période d'un mois.
Comment avez-vous travaillé les scènes de sexe dans la série ? J'ai cru comprendre qu'il y avait une "coordinatrice d'intimité" avec vous sur le plateau ?
EM : Je pense que c'est différent pour tout le monde mais sur cette série en tout cas on a eu une journée avec Ita O'Brien (coordinatrice d'intimité, ndlr) avant de commencer à tourner. On a aussi eu un atelier sur l'intimité, sur les scènes intimes, sur la communication, sur le consentement, sur toutes les choses importantes. Pour beaucoup, c'était la première fois que l'on tournait, donc ils se sont vraiment bien occupés de nous. La confiance et la communication étaient là dès le premier jour, avant même qu'on commence de tourner.

Sur le plateau, pour moi et Kedar (Williams-Stirling, qui joue Jackson, ndlr), les scènes d'intimité étaient semblables à des chorégraphies. On faisait un processus de consentement physique : "Est-ce que je peux toucher les épaules ? Je t'embrasse pendant trois secondes. Tu me mets sur le lit pendant deux secondes". En fait, on faisait les mouvements comme une danse et quand on a commencé à tourner, on l'avait tellement fait que ça avait l'air réel. C'est fascinant, je ne savais pas du tout que ça se passait comme ça. Mes peurs se sont complètement évaporées car on était très à l'aise. Il n'y avait que quelques personnes sur le plateau et on parle tous ensemble, donc c'est super.
"Il y a énormément de personnages féminins forts, qui ont leurs propres histoires et qui ne sont pas simplement des satellites autour des garçons"
Est-ce que cet atelier et cette façon de travailler a rapproché le casting ?
EM : Absolument, ça nous a permis de briser la glace. Durant cette journée on était aux côtés des producteurs, des scénaristes, des réalisateurs et on parlait tous de notre expérience. Ça a duré trois heures et j'ai trouvé ça vraiment important. Ça nous a tous aidés.
Il y a beaucoup de femmes derrière la caméra (au scénario, à la réalisation). Qu'est-ce que vous pensez de ce changement dans le paysage télévisuel ?
EM : Je trouve ça normal (rires). Je n'ai pas vraiment de points de comparaison comme c'est ma première expérience, mais justement je suis vraiment heureuse de commencer avec cette série. Je pense qu'on a fait beaucoup de choses importantes sur Sex Education. Le scénario a été écrit par un groupe de femmes, on a travaillé avec une chef op, une réalisatrice... Et puis il y a énormément de personnages féminins forts, qui ont leurs propres histoires et qui ne sont pas simplement des satellites autour des garçons. C'est ça qui m'a plu et qui nous a tous fait plaisir dès la première lecture.
Dans la série, même si c'est un homme qui prodigue des conseils aux femmes, l'écriture évite toujours les écueils sexistes et faciles.
EM : Sur ce point-là, Otis est montré avec beaucoup d'empathie, il ne juge pas. Au début il est confus, il juge peut-être un peu plus, mais par exemple avec la problématique du couple lesbien, il ne juge pas du tout. Il tente de comprendre car il sait qu'il y a un problème avec leur relation. En général le couple lesbien est un fantasme, alors que là il veut les aider. Je trouve cette histoire vraiment bien car elle change notre perspective.
Maeve est un personnage très lettré, très cultivé. Est-ce que vous avez apporté beaucoup de vous dans le rôle ?
EM : Il y a une grande partie de moi dans le rôle évidemment. Je pense que c'est normal, ça vient avec le travail. Je lui ressemble, mais elle a beaucoup plus confiance en elle que moi à son âge. J'étais très studieuse, j'aimais beaucoup lire et je me perdais un peu dans mes bouquins. Je n'aimais pas trop le drame des cliques, je m'en foutais. J'étais très focalisée sur mes études jusqu'à la fin de la fac. J'ai beaucoup lu et j'ai fait Lettres Anglaises à l'université.

Le personnage était écrit comme ça à l'origine et de mon côté j'ai essayé de lire un peu de Virginia Woolf, mais comme j'en avais déjà lu avant j'avais déjà tout emmagasiné dans ma tête. J'ai aussi fait une playlist "Maeve Wiley" sur Spotify avec plein de musiques punk des années 80 et 90, du grunge, un peu de tout (rires).
En regardant le premier épisode, on ne sait pas tout de suite dans quelle époque on se situe. C'était une volonté de la part de la créatrice de la série ?
EM : Beaucoup disent ça c'est vrai. Le but de l'esthétique est de faire une rencontre entre l'américain et l'anglais. On a un humour très anglais et on a une esthétique colorée très américaine. Notre réalisateur nous a dit que c'est une lettre d'amour aux films de John Hughes (Breakfast Club, La folle journée de Ferris Bueller). C'est la meilleure façon de décrire Sex Education. L'esthétique plait aux gens. Même mes grands-parents regardent et se reconnaissent dedans. Ils m'ont dit : "Nous aurions vraiment aimé que cette série existe quand on était jeunes." Vous imaginez ? Je trouve ça super et je pense que beaucoup de gens peuvent se retrouver dans la série et s'identifier aux personnages.
"Elle est pragmatique et on voit ça à travers toute la série"
Justement, comment ont réagi les membres de votre famille en vous découvrant à l'écran ?
EM : Ma famille me soutient beaucoup et est très fière. Mes parents, mes frères, mes grands-parents, tout le monde est fier. Ce n'est pas que je m'en fiche des autres, mais je suis ravi que les gens qui me tiennent à cœur soient fiers de moi.
Ma prochaine question est celle que se posent tous les fans de Sex Education. Que se passe-t-il dans la tête de Maeve lorsqu'elle voit Otis embrasser Ola à la fin de la saison ?
EM : Dans la dernière scène, on voit Maeve retrouver Amy chez elle. Au début, elle n'était pas écrite comme ça, elle a été rajoutée après et je trouve ça super parce que justement ça donne une autre perspective. Au lieu que Maeve voit ça, commence à pleurer et se dise que c'est la fin de sa vie, elle pleure un peu et se dit : "C'est bon c'est terminé, je repars de l'avant." Elle est pragmatique et on voit ça à travers toute la série. Je trouve ça bien qu'elle réagisse comme ça. Amy est là pour elle et j'ai l'espoir de voir une amitié entre les deux femmes dans la saison 2.
Est-ce que vous avez quelques infos à me donner sur une possible saison 2 ?
EM : Cela fait deux semaines que la série est sortie (au moment de l'interview, ndlr), donc non ! (rires). Personnellement, je n'en sais rien, mais je sais qu'on aimerait tous beaucoup faire une deuxième saison. J'ai hâte de découvrir ce qu'ils vont inventer pour mon personnage, où on va aller, j'ai envie de savoir ce qui va se passer ! On espère qu'il y aura une saison 2 parce qu'on veut savoir !