Cet endroit paradisiaque était surnommé l'"île des rêves", il a pourtant été totalement abandonné
C'est une époque difficile à imaginer pour les rares touristes qui l'approchent aujourd'hui mais sous le soleil méditerrannéen et au bord de la mer Egée, ce lieu fut un temps l'un des sites les plus courus de ce pays très touristique. Ses plages de sable fin et les eaux cristallines d'un îlot boisé de pins, relié au continent par un isthme étroit, étaient prises d'assaut chaque été par des hordes de vacanciers venus de la capitale à seulement quelques heures de route.
Hôtels, restaurants, night-clubs... Tout était prévu pour les accueillir au mieux. On y dansait jusqu'au bout de la nuit dans les discothèques à la mode, on y dormait dans d'élégants bungalows au cœur de la pinède et on y prenait des bains de soleil sur des transats en admirant le paysage de carte postale.
Cet éden au bord de la mer Égée n'était autre que Pézonissi, une île minuscule située près d'Erétrie sur la côte ouest de l'Eubée, au nord de la capitale grecque, Athènes. Surnommée "l'île des rêves" dans les années 70, la destination était incontournable pour la jeunesse branchée et la haute société athénienne. Après des débuts en fanfare, son étoile a pourtant progressivement pâli, jusqu'à ce qu'elle sombre dans un oubli total au début des années 2000.

Comment expliquer un tel revirement de fortune ? L'histoire tortueuse de Pézonissi est en fait emblématique des dérives du tourisme de masse en Grèce, juge aujourd'hui le site grec Ethnos, tiré de l'ex-journal politique du même nom. Le déclin a commencé dans les années 80, quand les infrastructures vieillissantes n'ont pas été rénovées, la clientèle a changé et la concurrence d'autres destinations s'est accrue.
Mais c'est surtout un imbroglio juridique et administratif qui a porté le coup de grâce. L'île, propriété de la municipalité d'Erétrie, a vu se succéder les changements de statuts, les baux précaires, les projets de reprise avortés et les procédures judiciaires. Résultat : plus personne ne sait vraiment qui y fait quoi et qui possède les bâtiments. Les ruines des anciens hôtels, restaurants et boîtes de nuit tombent en lambeaux au milieu d'une nature reprenant ses droits.
Le naufrage de "l'île des rêves" illustre ainsi de manière spectaculaire les conséquences désastreuses d'un tourisme incontrôlé, mal géré par les pouvoirs publics, et uniquement motivé par des intérêts à court terme, juge le site d'informations grec. Un modèle de développement prédateur qui a défiguré de nombreux sites naturels remarquables dans l'archipel grec à partir des années 60. Pézonissi, l'ex-"île des rêves" en est devenu l'un des tristes symboles.