Où sont passés les millions de Bernard Tapie ?
Bernard Tapie souffre de l'affaire Adidas grâce à laquelle il aurait reçu plus de 200 millions d'euros. Aujourd'hui, il affirme ne pas détenir cette fortune. Comment est-elle placée ?
L'ancien ministre, comédien et homme d'affaires Bernard Tapie ne finit pas de faire parler de lui. Il domine cette année le classement des hommes d'affaires les mieux payés établi par le magazine américain "People with money". Un titre flatteur pour celui dont la fortune est évaluée à 305 millions d'euros depuis l'arbitrage qui lui a été favorable en 2008 dans l'affaire de la vente d'Adidas au Crédit Lyonnais. Mais cette somme, établie au doigt levé, reste complexe à déterminer avec précision au vu des nombreuses spéculations qui circulent.
Bernard Tapie, qui a été placé en garde à vue le 24 juin par des enquêteurs qui cherchent à déterminer si l'arbitrage qui lui a été favorable ne cachait pas un coup monté, aurait touché 285 millions d'euros en 2008, dont 45 pour "préjudice moral". Avec les intérêts, la somme est portée à 403 millions d'euros. En soustrayant les dettes et les frais, Bernard Tapie affirme quant à lui n'avoir reçu que 77 millions d'euros, quand la presse rapporte le chiffre de 220 millions d'euros... Mais une chose ne fait pas de doute : l'étendue de sa fortune. Entre placements boursiers, biens immobiliers ou encore biens matériels, Bernard Tapie a su se construire un empire à sa manière.
1- Un patrimoine immobilier très riche
Bernard Tapie est à la tête de la société luxembourgeoise South Real Estate Investment qui va par exemple lui permettre d'acquérir en 2012 une villa tropézienne de 500 mètres carrés pour une somme de 47 millions d'euros. S'ajoutent à son patrimoine immobilier un hôtel particulier à Saint-Germain-des-Prés, rue Saints-Pères, estimé à 40 millions d'euros, et un autre à Neuilly-sur-Seine de 23 chambres, avec ascenseurs intérieurs et un terrain de 2000 mètres carrés, estimé à 45 millions d'euros fin 2012. Enfin, Bernard Tapie a acquis une maison à Combs-la-ville en Seine-et-Marne en 2010, avec piscine, courts de tennis et terrain de quatre hectares, par le biais d'une autre de ses entreprises, Themepark Properties.
2- Yacht de luxe et jet privé
Le tribunal arbitral va aussi permettre à Bernard Tapie d'enrichir son patrimoine de luxe. A commencer par l'acquisition d'un jet privé, le bombardier Global Express, immatriculé à Malte et dont la valeur s'élève à 17 millions d'euros. Enfin, le yacht baptisé Reborn et considéré comme l'un des plus beaux au monde, a fait débourser 40 millions d'euros à Tapie. D'une longueur de 76 mètres et doté d'un équipage de 25 personnes, il se loue aux alentours de 500 000 euros la semaine.
3- Un groupe de presse puissant
Bernard Tapie a aussi attiré sur lui les projecteurs en 2012 pour l'acquisition de la moitié du groupe Hersant Média pour un total de 25 millions d'euros. Bernard Tapie possède ainsi Corse Matin, Nice Matin et La Provence. Sa stratégie industrielle : créer un pôle Sud qui regrouperait les médias méditerranéens, des frontières italiennes à espagnoles. On prête aussi à Bernard Tapie de viser la marie de Marseille lors des municipales de 2014 grâce à ces outil d'influence. Un objectif qu'il a nié avec force jusqu'à aujourd'hui.
4- Une flopée de sociétés
Grâce à l'affaire Adidas, Bernard Tapie a, enfin, gonflé le nombre des sociétés qu'il détient. C'est en 1979 que l'homme d'affaires crée le Groupe Bernard Tapie, estimé aujourd'hui à 305 millions d'euros. De l'affaire Adidas vont naître plusieurs filiales homologues qui vont lui permettre de s'implanter à l'étranger et de bénéficier de taxes avantageuses. On découvre ainsi, après que Bernard Tapie a vitupéré contre la décision de Bernard Arnault du groupe LVMH d'adopter la nationalité belge en automne dernier, la création de plusieurs holdings belges.
De mêmes noms que leurs équivalents français, ces filiales vont permettre à l'homme d'affaires d'accumuler des biens après le versement du chèque de l'Etat. On compte ainsi, parmi les plus grands, le holding belge "Groupe Bernard Tapie" créé en 2010, la filiale bruxelloise "Aircraft Management Service", la société luxembourgeoise "South Real Estate Investment", la société anglaise "Themepark Properties" dont il est devenu directeur en 2010... Ces entreprises n'auraient pas payé d'impôt de 2009 à 2011 compris.
Une fortune difficile à récupérer
Bernard Tapie a donc fait preuve d'ingéniosité pour s'enrichir. Et s'il a promis de rembourser l'Etat en cas "d'entourloupe", la récupération de sa fortune sera difficile. L'homme d'affaires a usé de plusieurs ruses pour éparpiller son argent entre Londres, Bruxelles, Luxembourg, Malte, l'île de Man et Monaco, soit plusieurs paradis fiscaux dans lesquels son pactole semble intouchable et légalement insaisissable.
EN VIDÉO - Bernard Tapie rachète la Provence en 2012.