Gaspard Gantzer : qui est le conseiller de François Hollande ?

Gaspard Gantzer est la révélation du documentaire d’Yves Jeuland diffusé lundi soir sur France 3. Son parcours, son épouse Emilie Lang, son influence... Qui est ce conseiller très influent, bien connu des journalistes, beaucoup moins du grand public ?

[Mis à jour le 29 septembre 2015 à 11h51] Son nom : Gaspard Gantzer. Sa fonction depuis avril 2014 : conseiller pour la presse et la communication du président de la République. Gaspard Gantzer, 36 ans, est le véritable héros du film d’Yves Jeuland diffusé lundi 28 septembre sur France 3. Le documentariste a pu filmer pendant six mois les coulisses de l’Elysée. Et devant la caméra, le jeune énarque est omniprésent. Il faut dire que depuis le remaniement d’avril 2014, Gaspard Gantzer a sérieusement repris en main la communication de François Hollande, comme nous l’indiquions il y a plusieurs mois dans un de nos articles (lire "François Hollande paniqué par son image ?"). Avec lui, finies les approximations de la période 2012-2014, quand le duo Christian Gravel-Aquilino Morelle était aux manettes de la com’ élyséenne : les photos insolites sujettes aux moqueries, les cravates de travers, les fuites mal contrôlées dans la presse, les interventions impromptues et souvent brouillonnes du chef de l’Etat au milieu d’un déplacement... Gaspard Gantzer fait ce qu’il a déjà fait à la mairie de Paris, pour Bertrand Delanoë, ou au Quai d'Orsay, pour Laurent Fabius : il verrouille et veille au moidre détail.

Bébé de SciencesPo Paris (il y était encore maître de conférence il y a quelques semaines), passé par l’ENA dans la même promotion que son camarade Emmanuel Macron, mais aussi que Boris Vallaud, un autre conseiller très intriguant de l'Elysée (promotion Senghor diplômée en 2004), Gaspard Gantzer a en effet plusieurs fois eu l’occasion de faire ses preuves. Il passe d’abord trois années au ministère du Travail, où il sera "chef du bureau des relations collectives" entre avril 2004 et août 2007. Recasé au Centre national de la cinématographie après l’élection de Nicolas Sarkozy à l’Elysée, il est repêché par la gauche après un an d’exercice, puis entre au service de Bertrand Delanoë. A la mairie de Paris, il sera successivement "directeur de cabinet de l'adjoint au maire chargé de la Culture", "conseiller auprès du maire de Paris" (communication et presse) puis "conseiller politique et porte-parole" du même maire de Paris. Trois intitulés en trois ans qui donnent la mesure de l’ascension de ce "spin-doctor" à la française.

Auprès de son ami Emmanuel Macron et de sa compagne Emilie Lang

En 2012, Gaspard Gantzer fait donc logiquement partie de la jeune garde proche du Parti socialiste qui travaillera dans les cabinets ministériels. Conseiller communication et presse au cabinet de Laurent Fabius pendant un an et demi, il passe des affaires parisiennes aux affaire étrangères. Une autre dimension. Après le remaniement d’avril, il est nommé "directeur adjoint de cabinet, chargé du porte-parolat" auprès de Stéphane Le Foll, lequel vient lui-même d’ajouter la fonction de "porte-parole du gouvernement" à celle de ministre de l'Agriculture. "Porte-parole du porte-parole" : Gaspard Gantzer devient alors l’une des grandes voix du pouvoir pour les journalistes. Mais le départ précipité d’Aquilino Morelle de l’Elysée va bouleverser la donne en un mois à peine. Gaspard Gantzer est appelé à la rescousse au "château", pour remplacer celui qui est alors accusé de conflit d'intérêts avec un laboratoire pharmaceutique (Aquilino Morelle a depuis été blanchi). Le Graal.

Gaspard Gantzer ne s’en cache pas : s’il est arrivé au sommet, c’est parce que des gens qui lui voulaient du bien ont soufflé son nom à l’oreille du président. Son ami de l'ENA, Emmanuel Macron, conseiller économique influent de Hollande avant d’être propulsé à Bercy, ne semble pas innocent à cette ultime promotion. Auprès de lui à l'Elysée, il retrouvera aussi Emilie Lang, la mère de ses quatre enfants, rencontrée à la mairie de Paris. Elle travaille au service de presse de l'Elysée depuis mai 2012.

Dans l’ombre, mais sans se cacher (il reste très actif sur Twitter et n'hésite pas à y faire la promotion du documentaire), Gantzer fait depuis partie des trentenaires qui incarnent le nouveau visage du hollandisme avec les Vallaud-Belkacem, Pellerin, El Khomri, l’éphémère Thévenoud... et l’incontournable Macron.

VIDEO - Lors de la nomination d'Emmanuel Macron à Bercy, Gaspard Gantzer prendra soin de briefer les journalistes sur le nouveau ministre de l'Economie. Un retour d'appareil ?

Hollande, un client difficile pour Gantzer ?

Gaspard Gantzer, toujours proche de son "patron", est désormais le passage obligé des journalistes à qui il martèle les éléments de langage, l'organisateur au millimètre des interventions présidentielles comme des déplacements. Mais surtout, ce grand bosseur ultra-connecté surveille voire pilote le chef de l’Etat en permanence avec une attention particulière accordée au Web. De quoi attirer bon nombre de fantasmes au sujet de son influence supposée sur la marche du pays. Mais aussi quelques jalousies. Gaspard Gantzer sera ainsi attaqué en septembre 2014 pour une photo publiée sur Facebook et sur laquelle on le voit fumer ce qui ressemble fort à un pétard...

Las : ni sorcier ni gourou, Gaspard Gantzer est bien devenu l'un des "tauliers" de l'Elysée. Avec un client pourtant difficile : l'indécrottable François Hollande aime les confidences glissées à l’oreille des journalistes, les bains de foule imprévus (comme avec Ségolène Royal et les filles du Moulin Rouge à Broadway) et les selfies. Ce qui n’empêche pas le duo de fonctionner depuis près d’un an et demi, comme le montrent en creux les caméras d’Yves Jeuland. Et beaucoup considèrent depuis que, sur la forme au moins, Gaspard Gantzer a amélioré la communication de François Hollande.

TWEET - Gaspard Gantzer reste très actif sur Twitter et n'a pas hésité à faire plusieurs fois la promotion du documentaire diffusé lundi soir.