Attentat à Paris : Marine Le Pen entre consensus, politique et polémique

Attentat à Paris : Marine Le Pen entre consensus, politique et polémique PRINCIPALES DECLAS - Pour Marine Le Pen, il est indispensable que la France retrouve la maîtrise de ses frontières nationales définitivement". Son intervention a suivi celles de François Hollande et de Nicolas Sarkozy. Certains propos font fi de l'unité nationale.

[Mis à jour le 14 novembre 2015 à 17h32] Après l'attentat à Paris hier, Marine Le Pen a pris la parole en fin d'après-midi ce samedi, avec des propos mi-consensuels, mi-polémiques. "Je veux faire part aux familles éprouvées et meurtries de ma plus grande compassion", a commencé la patronne du FN en saluant les "forces de l'ordre et de secours". Mais rapidement, la future candidate à la présidentielle 2017 s'aventure sur le terrain politique : "La France et les Français ne sont plus en sécurité, mon devoir est de le dire et des mesures d'urgence s'imposent", continue-t-elle. "La France doit déterminer qui sont ses amis et qui sont ses ennemis", indique celle qui pointe des "pays alliés aux relations ambigües".
Les thématiques clés du Front national ne sont jamais loin : "Quoi qu'en dise l'UE, il est indispensable que la France retrouve la maîtrise de ses frontières nationales définitivement", martèle Marine Le Pen, qui estime que "la France a été rendue vulnérable". "Elle doit se réarmer. Elle doit rétablir ses moyens militaires, de défense, de renseignement et de douane", dit-elle. "Le fondamentalisme islamiste doit être anéanti", tranche enfin la leader frontiste qui parle d'expulsions, de déchéances de nationalité, de fermetures de mosquées radicales...

François Hollande parle d'un "acte de guerre" et annonce un deuil national

Avant Marine Le Pen, François Hollande a pris brièvement la parole peu avant 11 heures ce samedi matin. "Ce qui s'est produit hier à Paris et à Saint-Denis, c'est un acte de guerre, et face à la guerre, le pays doit prendre les décisions appropriés", a déclaré le chef de l'Etat. Il a surtout évoqué un "acte de guerre commis par une armée de terroristes : Daesh". "C'est un acte préparé et organisé de l'extérieur", a-t-il ajouté, attribuant ainsi de fait la paternité de ces attaques à l'Etat islamique. "C'est un acte d'une barbarie absolue. 127 morts et de nombreux blessés. Le pays est dans la peine", a conclu le chef de l'Etat.

François Hollande a livré trois autres informations clés. Le chef de l'Etat proclame d'abord le deuil national pour 3 jours à partir de ce dimanche. François Hollande félicite les armées et les secours "lesquels sont mobilisés au plus fort" et indique par ailleurs un dispositif militaire maximal. "Les militaires patrouilleront dans Paris ces prochains jours", ajoute le chef de l'Etat. Enfin, François Hollande en appelle à l'unité au rassemblement et au sang froid. Il s'exprimera lundi à Versailles face au Parlement réuni en Congrès.

"Attaques de Paris : Hollande parle d"'acte de guerre mené par une armée djihadiste""

Nicolas Sarkozy : une minute de silence

Nicolas Sarkozy a aussi prononcé un discours en fin de matinée. "L'heure est à la solidarité à l'endroit des victimes et de leurs proches", indique le président des Républicains qui manifeste son soutien aux victimes. Tout en félicitant les forces de l'ordre, il affirme que "la guerre que nous devons livrer doit être totale". "Rien ne peut être comme avant", ajoute-t-il , concluant par un point plus politique : "Nous soutiendrons toutes les décisions qui iront vers un renforcement drastique des mesures de sécurité". Nicolas Sarkozy a demandé une minute de silence en direct avec les cadres de l'opposition.

UDI, FN... Une unité fragile après l'attentat à Paris

D'autres réactions politiques se sont succédé depuis hier soir. Certaines rompent déjà clairement avec l'"unité nationale" qui avait prévalu après les attentats de janvier. Ainsi, sur France Info, le président de l'UDI Jean-Christophe Lagarde met en doute la réaction de la France aux attaques qui ont eu lieu il y a dix mois et les moyens donnés au renseignement pour prévenir ces actes kamikazes. Au Front national aussi, la responsabilité de François Hollande et du gouvernement est pointée.

Le député LR Laurent Wauquiez, candidat aux régionales en Rhône-Alpes, Auvergne, s'est lui aussi fait remarquer dans ce flot de commentaires. L'élu, qui fait partie des dirigeants des Républicains, préconise l'ouverture de centres d'internement pour les jihadistes présumés. "Dans la quasi-totalité des attaques terroristes que nous avons connues, il s'agissait d'individus qui étaient déjà surveillés. On ne peut plus attendre qu'ils passent à l'acte. Je demande que toutes les personnes fichées soient placées dans des centres d'internement anti-terroristes spécifiquement dédiés", a-t-il déclaré ce samedi à l'AFP. Des propos réitérés et assumés sur France Info dans l'après-midi.

Bernard Cazeneuve remercie l'unité des "républicains"

Bernard Cazeneuve est quant à lui intervenu en tout début d'après midi ce samedi pour décrire le dispositif de sécurité en place. "J'ai demandé aux préfets d'organiser lundi 16 novembre à 12h un moment de recueillement", a aussi indiqué le ministre de l'Intérieur qui "salue l'élan d'unité nationale et de soutien à nos forces de l'ordre de la part des responsables politiques républicains". Une précision et un dernier mot qui ont leur signification : utiliser le mot "républicains" serait une manière d'exclure des cadres du FN et de pointer leurs interventions depuis hier soir.