Vincent Peillon : un candidat pro-cannabis à la primaire, à l'inverse de Valls et Montebourg

Vincent Peillon : un candidat pro-cannabis à la primaire, à l'inverse de Valls et Montebourg L'ancien ministre de l'Education nationale, Vincent Peillon, s'est déclaré candidat à la primaire de la gauche. Il entend défendre le bilan de François Hollande et met ainsi en danger Manuel Valls.

[Mis à jour le 12 décembre 2016 à 09h12] La revanche des ex-quadras, devenus quinquas, se concrétise. Après Benoît Hamon, après Arnaud Montebourg et après Manuel Valls, c'est un quatrième socialiste issu du vieux "NPS" de 2002, Vincent Peillon, qui s'est déclaré candidat à la présidentielle 2017 par le biais de la primaire de la gauche. Ce Nouveau Parti socialiste avait été fondé après la débâcle présidentielle, par de jeunes et ambitieux élus,  pour combattre le tournant social-libéral du parti. Principale avancée proposée par ces quatre trublions à l'époque : l'instauration d'une VIe république plus démocratique.

Désormais, les quatre rebelles sont en passe de s'affronter lors d'une primaire en vue de la présidentielle 2017 qui promet quelques escarmouches. Car de l'eau a coulé sous les ponts depuis 2002 et leur union contre les "éléphants" de l'époque. Le NPS a volé en éclat au congrès du Mans dès 2005. Après un pacte avec l'aile gauche du PS, Vincent Peillon, suivi par Benoît Hamon et Henri Emmanuelli, acceptera une "synthèse" avec un certain François Hollande. Tout comme Manuel Valls. Arnaud Montebourg, dépité, quittera le NPS. L'animosité entre ces quatre-là va s'aggraver au fil des années, avec le référendum européen, l'échec de la campagne de 2007 de Ségolène Royal (dont ils furent tous ou presque les lieutenants), le congrès délétère de 2008 jusqu'aux rivalités croissantes dans les gouvernements successifs de François Hollande.

Vincent Peillon, l'alternative au duel Valls-Montebourg ?

Vincent Peillon, en retrait depuis son éviction du gouvernement en 2014 et sa réélection au parlement européen, fait donc un retour fracassant pour se poser en alternative du duel annoncé entre Manuel Valls et Arnaud Montebourg. Le premier l'a sèchement viré du gouvernement il y a deux ans, alors que Vincent Peillon était en difficulté après une campagne européenne catastrophique et des rythmes scolaires qui faisaient déjà gronder les élus. Le second a bien voulu cohabiter pendant leurs années communes au gouvernement, mais les déchirures du passé semblaient déjà irréparables. 

Mais qu'est-ce qui, sur le fond, différencie Vincent Peillon de ses deux principaux adversaires ? Pour l'instant, il n'y a évidemment pas l'ombre d'un programme. Mais on peut imaginer qu'il sera un opposant à la ligne dure de Manuel Valls sur les questions de sécurité et de laïcité tout en refusant la ligne très à gauche, voire "mélenchoniste" pour certains, d'Arnaud Montebourg sur l'économie. On se souvient que dès 2012, le ministre de l'Education avait provoqué le premier couac du quinquennat Hollande en se prononçant pour la dépénalisation du cannabis. Un "sujet majeur" selon lui, qui méritait "un débat" en France, pays "retardataire" sur la question.

Peillon, Valls, Montebourg... Des divergences sur le cannabis

"Il y a une économie parallèle dans ce pays, c'est l'économie de la drogue. Alors, on peut lutter par les moyens de la répression, je suis absolument pour", avait déclaré Vincent Peillon. "Mais en même temps je vois que les résultats ne sont pas très efficaces, parce que ça fait combien d'années et combien de lois qu'on nous dit ça ?", s'était-il ensuite interrogé avant de demander que la question du cannabis soit "posée", et "sereinement". Beaucoup moins serein, Manuel Valls a plusieurs fois indiqué, en tant que ministre de l'Intérieur comme en tant que Premier ministre que la dépénalisation du cannabis n'était pas d’actualité. Jean-Marie Le Guen, qui est pourtant l'un de ses lieutenants, en a fait les frais récemment, après avoir laissé entendre qu'il voulait rouvrir le débat en avril dernier.

"J'ai la conviction, comme le président de la République, que toute société doit savoir fixer des interdits. Je crois que la consommation du cannabis, parce qu'elle a un impact sur la santé publique, doit en rester un", avait sèchement coupé Manuel Valls. Quant à Arnaud Montebourg, il indiquait en septembre 2011 être "fermement opposé à toute forme de libéralisation de cannabis". En tant que ministre, il n'a pas changé de ligne, reconnaissant néanmoins qu'un référendum pouvait sans doute trancher la question. Aujourd'hui, ce thème de campagne n'a pas été abordé par le candidat. Vincent Peillon pourrait trouver finalement plus d'atomes crochus chez son vieux camarade Benoît Hamon, pour qui il faut légaliser purement et simplement le cannabis, la "vraie gangrène" des quartiers.