Ses impôts, son passeport, son fils, son cholestérol... La lettre de Gérard Depardieu

Ses impôts, son passeport, son fils, son cholestérol... La lettre de Gérard Depardieu Conspué après son exil fiscal en Belgique, Gérard Depardieu a exprimé sa colère dans une lettre publiée par le JDD. Sa cible : Jean-Marc Ayrault. Il y évoque aussi des sujets douloureux, dont son fils Guillaume Depardieu.

Le Premier ministre en personne a dû réagir. Après la publication d'une lettre indignée de Gérard Depardieu dans son édition du 16 décembre, le JDD a forcé Jean-Marc Ayrault à se défendre de toutes insultes envers l'acteur. Interrogé mercredi 12 décembre sur le cas de la star, partie s'établir en Belgique pour échapper au fisc, le Premier ministre avait déclaré : "Je trouve cela assez minable." Aujourd'hui, il assure que le qualificatif visait davantage le comportement de l'exilé fiscal que le personnage en lui-même. Mais le mal est fait. Dans une "Lettre ouverte à Jean-Marc Ayrault, Premier ministre de M. François Hollande", celui qui incarne Obélix à l'écran attaque dès la première ligne. "Minable, vous avez dit minable ?", s'interroge-t-il avant d'attaquer avec virulence le chef du gouvernement et d'exprimer sa volonté de couper les ponts avec la France : "Je vous rends mon passeport et ma Sécurité sociale, dont je ne me suis jamais servi."

Depardieu rappelle dans sa lettre que, "né en 1948", il a commencé à travailler à 14 ans et qu'il n'a "jamais failli" à ses devoirs de citoyen et de contribuable. Puis il se justifie immédiatement de son exil fiscal assumé à Néchin : "Je n'ai malheureusement plus rien à faire ici, mais je continuerai à aimer les Français et ce public avec lequel j'ai partagé tant d'émotions !" Il accuse Jean-Marc Ayrault et son gouvernement de vouloir "sanctionner [...] le succès, la création, le talent". Gérard Depardieu se plaint dans plusieurs paragraphes de son courrier des impôts dont il a dû s'acquitter en France. Il estime avoir payé 145 millions d'euros au fisc en 45 ans bien qu'ayant fait travailler 80 personnes dans plusieurs entreprises. En 2012, il estime que le montant de ses impôts a dépassé 85 % de ses revenus.

Mais Gérard Depardieu, en exprimant son dégoût pour la France, se livre aussi sur d'autres sujets polémiques. Il évoque très subrepticement son fils, Guillaume Depardieu, décédé en octobre 2008 d'un staphylocoque. Ce dernier avait dû être amputé en 2003 d'une jambe après un accident de moto en 1995 suivi de nombreuses complications. Gérard Depardieu reproche à la justice française de s'être "acharnée" sur cet homme torturé, Guillaume Depardieu ayant été sévèrement condamné pour la détention de deux grammes d'héroïne en 1988. La star rappelle qu'il avait écopé de "trois ans de prison ferme [...] quand tant d'autres échappaient à la prison pour des faits autrement plus graves". La prise de parole sur ce sujet est étonnante : Gérard Depardieu s'est rarement exprimé sur son fils depuis son décès et les relations entre Guillaume Depardieu et son père ont toujours été des plus tendues. Guillaume s'est toujours refusé à appeler Gérard Depardieu "papa". Il le disait en interview "pourri par le désir d'être aimé", pointant parfois son égoïsme et son "besoin d'argent". Plusieurs altercations violentes mèneront à la rupture. Une rupture jamais vraiment révolue jusqu'à sa mort.

De manière moins tragique, la lettre revient sur les excès de Gérard Depardieu. L'acteur écrit qu'il "ne jette pas la pierre à tous ceux qui ont du cholestérol, de l'hypertension, du diabète ou trop d'alcool ou ceux qui s'endorment sur leur scooter" estimant être "l'un des leurs". Une référence édulcorée à sa récente arrestation : Gérard Depardieu avait été placé en garde à vue fin novembre après avoir eu un accident de scooter avec un taux de 1,8 g/l d'alcool dans le sang.

EN VIDEO - Le ministre du Travail Michel Sapin a jugé dimanche 16 décembre que l'attitude de Gérard Depardieu, qui a annoncé qu'il rendait son passeport français après avoir été critiqué pour s'être installé en Belgique, attestait d'"une forme de déchéance personnelle".

"Depardieu : Michel Sapin parle d'une "forme de déchéance personnelle""