"Les filles ont le choix de leurs études"

Viviane, 54 ans, comptable, habite à Romainville. En 1968, elle avait 13 ans.

A l'époque, les filles ça comptait pour du beurre. Mes parents m'ont dit :

C'est pas grave si tu ne travailles pas bien à l'école, si tu as de mauvaises notes, tu te marieras. A la puberté, en tant que fille, j'étais plus surveillée, je ne sortais plus. Ma mère avait été élevée dans une famille qui avait du personnel de maison et sans l'idée de travailler. Il n'y avait que mon frère qui comptait à la maison. Ma mère a toujours préféré son fils.


Après le bac, ma meilleure amie a décidé de faire "compta". Mes parents ont dit " tu pars avec elle". je voulais pas apprendre la comptabilité, jepréférais les métiers de garçon : jockey, marin. Mais c'était impossible. A l'heure actuelle, les filles ont le choix de leurs études. Ma fille, aujourd'hui, fait ce qu'elle veut. Quand j'ai commencé à travaillé, ma mère voulait que je lui verse mon salaire, comme le faisait mon frère. A 18 ans, j'ai dit non. Je me suis rebellée.

Je n'étais pas préparée à la vie active. Après quelques années de travail dans la comptabilité, j'ai traîné. Je partais avec des amis, je restais dans la rue, comme une adolescente de 19-20 ans. C'est ma fille, née en 1975, qui m'a permis de trouver le chemin du travail. J'ai réagi quand j'ai eu un enfant. Etre enceinte m'a donné le coup de fouet qui me faisait défaut.


Je me souviens très bien de ce mois de mai. Tous les soirs, on allait jouer dans un grand champ, près de la zone pavillonnaire. Il y avait tous les CRS. On leur envoyait le ballon, ils étaient très gentils. Ils gardaient la voie ferrée car on était près des usines Renault.

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