Sommaire

En savoir plus

Sujet illustré


Christine, 61 ans, est aujourd'hui retraitée. En 1968, elle avait 21 ans et était étudiante.



J'ai connu l'époque où je ne pouvais pas avoir la pilule ni la demander à ma mère. Je me souviens qu'elle la prenait avant la loi Newirth : elle la faisait venir de Suisse. J'avais une mère moderne !

"Avec mai 68,
on a pu avoir des relations sexuelles sans crainte"

Avec mai 68, du jour au lendemain, on a pu avoir des relations sexuelles sans crainte. La première fois que j'ai demandé la pilule, j'avais 21 ans et c'était en 69. Le pharmacien m'a regardé avec un air un peu méfiant. J'ai été obligé de remplir un formulaire et de le signer. Mais ensuite, mon père m'a mise en quarantaine. Il ne voulait plus me voir parce que j'avais des relations sexuelles et que je n'étais pas mariée. Et encore j'avais des parents relativement libéraux.

La pilule a changé complètement les rapports entre homme et femme. Avant, les hommes pouvaient nous imposer des choses. Quand vous avez plusieurs enfants non désirés, vous ne pouvez avoir ni carrière ni indépendance financière. A partir du moment où les femmes ont eu le choix, elles n'ont plus accepté que les hommes jouent les nababs. Et puis le jour où elles en avaient marre, elles partaient. Les femmes ont arrêté de se soumettre.



"On m'avait conditionné pour être une petite femme gentille"

Au moment de mai 68, je faisais mon stage de fin d'études en province dans une entreprise industrielle de confection. C'était trop tard, on avait réussi à m'inculquer que je ne ferai pas les études que je voulais faire.

On m'avait conditionné pour être une petite femme gentille lors de mes 10 ans d'internat chez les bonnes sœurs. Je voulais faire HEC et du coup j'ai suivi la voie des études courtes avec un BTS de secrétariat de direction. Ce n'est qu'à l'âge de 36 ans que j'ai repris mes études pour me prouver à moi-même que j'aurai été capable de faire les études que je voulais. J'ai donc fait l'Institut technique de banque qui donne le niveau DESS.




En 1974, j'ai voulu inscrire mon fils dans une école et on m'a demandé la signature de mon mari. Cela m'a mis dans un état de rage absolue. Vous vous rendez compte l'humiliation que ça représente ? Je l'avais déjà vécu au travers de ma mère, chef d'entreprise. Lorsqu'elle signait des contrats, elle était obligée de faire venir mon père pour qu'il signe le " bon pour autorisation maritale ". En tant que femme, on était traitée comme des mineurs, des incapables. Mais heureusement en 1975, la loi sur l'autorité -et l'égalité- parentale était votée.



 

» Réagir à son témoignage

» Donnez votre avis : Ce qu'a changé mai 68 dans vos vies

» Et aussi : Tous les dossiers mai 68


EN IMAGES  Mai 68 : au cœur de la révolution
Mai 68 en images Mai 68 en images Mai 68 en images
18 photos Toutes les photos de mai 68 dans la Galerie photos


Magazine Histoire Envoyer Imprimer Haut de page

Votre avis sur cette publicité

Sondage

Quel est votre roi de France préféré ?

Tous les sondages