"Nous allions taquiner le pavé..."

Jean-Pierre, 56 ans, habite à Verines. En 1968, il avait 16 ans et était collégien.

J'étais délégué de classe et le roi de la polycopieuse pour éditer divers tracts et revendications des collégiens, comme : fumer en récré, classes mixtes, cheveux plus longs, moins de discipline et autres doléances plus ou moins folkloriques...

Nous faisions l'école buissonnière et allions "taquiner le pavé" dans quelques quartiers comme le boulevard Sébastopol ou Saint-Denis. Les CRS faisaient barrage devant toutes les pharmacies pour empêcher les manifestants de se faire soigner en leur donnant en prime quelques coups de matraque.

Bien sûr, à Saint Michel, c'était une vraie poudrière où les affrontements étaient les plus violents et les plus médiatisés. A la Bourse, je me souviens d'une manifestation mémorable où le bâtiment a failli complètement prendre feu. Dehors, des CRS s'en sont pris à une dame âgée qui rentrait chez elle et ont commencé à la mollester. Mais c'était sans compter avec quelques rugbymens présents qui, ayant vu la scène, se sont mis à charger ces CRS et à les plaquer à leur façon. Nous avons même eu une réunion avec Alain Gesmard et Bernard Sauvageon.

Mai 68, c'est un peu notre Révolution de 1789 à nous. La France vieillote et un peu ringarde "de papa" a commencé à changer. A partir de là, nous nous sommes émancipés et sommes devenus, malgré nous, les champions du monde des manifestations et des grèves... Ca lui a fait du bien à notre chère France et ce qui se passe en ce moment commence étrangement à ressembler à tout ça. Je pense que pour les 40 ans de Mai 68, ces vieux démons vont sûrement se réveiller. Ce n'est qu'un début, continuons le combat !

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EN IMAGES  Mai 68 : au cœur de la révolution