Renault : le rachat de Lotus F1 enfin lancé

Renault : le rachat de Lotus F1 enfin lancé Renault va bien faire son retour en F1. La marque française annonce ce lundi la signature d'une lettre d'intention avec les propriétaires de l'écurie Lotus, premier pas vers le projet d’une écurie Renault en Formule 1 en 2016.

[Mis à jour le 28 septembre à 10h01] Cette fois, le Renault F1 Team prend forme ! Après plusieurs semaines de rumeurs, infirmations et petites déclarations, Renault franchit une étape et devrait bien faire son retour en F1 dès la saison 2016. Tout le paddock de la Formule 1 fourmillait d'impatience depuis près d'un mois et la conférence de presse tenue par le directeur de Renault Sport F1, Cyril Abiteboul, lors du Grand Prix d'Italie à Monza début septembre. Depuis rien, ou presque ! On attendait une confirmation à Singapour mi-septembre mais rien n'est venu. C'est finalement au lendemain du Grand Prix du Japon dimanche à Suzuka (remporté par Lewis Hamilton sur Mercedes) que Renault officialise la nouvelle par le biais d'un communiqué. "Le Groupe Renault et Gravity Motorsports S.a.r.l., une filiale de Genii Capital SA, ont le plaisir d'annoncer la signature d'une Lettre d'Intention portant sur l'acquisition potentielle par Renault d'une participation majoritaire dans le capital Lotus F1 Team Ltd", explique l'entreprise française. Il était temps puisque Lotus, criblé de dettes, devait être mis en faillite ce lundi même par le tribunal de commerce de Londres. Ce week-end au Japon, le personnel de l'écurie était privé de son motor-home faute de moyens et a dû partager les repas du personnel du circuit nippon. Incroyable en F1, sport célèbre pour ses paillettes, ses VIP et son faste !

Tout devrait aller mieux pour eux ces prochaines semaines sous réserve que les négociations entre les deux parties aboutissent. Mais Renault ne s'en cache pas, par la signature d'une lettre d'intention, c'est un vrai pas en avant que fait la firme au losange. "La signature de cette Lettre d'Intention marque le premier pas vers le projet d’une écurie Renault en Formule 1 en 2016, poursuivant ainsi 38 ans d'engagement de la marque dans la discipline reine des sports mécaniques", explique ainsi le communiqué. Il faut dire que Renault et la F1, c’est un éternel recommencement. Et après plusieurs semaines de négociations, tractations et hésitations, la marque au losange serait donc tout proche d’entériner le rachat de l’écurie Lotus, celle-là même dont elle avait cédé les parts au groupe luxembourgeois Genii Capital fin 2010. Redevenu simple motoriste (la firme au losange équipe cette saison Red Bull et Toro Rosso), Renault devrait faire son retour en tant qu’écurie à part entière dès 2016. Pour Renault, l'enjeu est simple : montrer son savoir-faire technologique en mettant en avant sa propre marque. Depuis plusieurs mois, son partenaire Red Bull ne cesse de critiquer les moteurs hybrides Renault qui équipent ses monoplaces. En proie à des problèmes de fiabilité, ils peinent en effet à suivre le rythme de Mercedes ou Ferrari. Red Bull a toutefois oublié bien vite les années V8 atmosphériques, couronnées de succès avec quatre titres mondiaux entre 2010 et 2014. Pour faire simple, Renault en a assez de noter que quand Red Bull gagne, c'est grâce à ses monoplaces et que quand l'équipe autrichienne perd, c'est à cause des moteurs Renault... Une contrepub qui passe mal dans les rangs du constructeur français. En reprenant son indépendance, la marque au losange aurait tout loisir de mettre davantage sa technologie en avant, certes via un investissement plus conséquent. Mais la décision semble bel et bien prise comme en attestaient déjà les déclarations de Cyril Abiteboul à Monza au début du mois : "On est bien conscients que notre positionnement de motoriste ne tient plus la route", avait-il confié. Il n' y avait donc que deux solutions : quitter la F1 ou s'y investir pleinement avec sa propre écurie.

Depuis plusieurs mois, Renault travaille en coulisses à des propositions de rachat. Le groupe s'est intéressé à Toro Rosso et Force India mais Lotus a rapidement fait la différence, notamment en raison de la qualité des installations de l'usine d'Enstone en Angleterre, là-même où Renault a conçu les monoplaces victorieuses des titres mondiaux en 2005 et 2006 avec Fernando Alonso au volant. Renault reviendrait pour du long terme. Le constructeur souhaite en effet obtenir le statut d’écurie historique au même titre que Ferrari, McLaren ou Mercedes. Cet honneur a un impact financier dans la redistribution des revenus commerciaux de la F1. En échange, Renault s’engagerait à rester en F1 pour une période de dix ans. Un long bail pour le constructeur français engagé sous son nom entre 1977 et 1985 puis entre 2002 et 2010. Pour gagner un peu plus en visibilité et popularité, le projet pourrait également intégrer Alain Prost via un poste clé dans l’organigramme de l’équipe. Le quadruple champion du monde de F1 exerce déjà un rôle d’ambassadeur pour la marque Renault, lui qui avait également lancé sa propre écurie en 1997 avant de mettre la clé sous la porte en 2001.

Le calendrier se serait en fait accéléré ces dernières semaines au fil des déboires de Lotus dont les dettes semblent colossales. En dépit de la brillante troisième place décrochée par son pilote français Romain Grosjean à Spa-Francorchamps lors du dernier Grand Prix de Belgique fin août, Lotus était dans une situation financière intenable à moyen terme. Même la cantine de l'usine d'Enstone a fini par fermer ses portes faute de moyens, comme la soufflerie de l'écurie (point fondamental pour développer l'aérodynamique des F1) pour cause d'impayés d'électricité comme le note L'Equipe ce lundi.  L’écurie basée en Angleterre fait même l’objet de procédures judiciaires de la part de fournisseurs ou partenaires réclamant leur dû. Selon la presse anglaise, Lotus n’a pas pu honorer les salaires de ses 400 salariés cet été, le grand argentier de la F1 Bernie Ecclestone réglant la mise via une avance sur les futurs revenus touchés en fin de saison par les équipes. Le salaire de Romain Grosjean serait désormais payé par des sponsors personnels. Autant d’éléments qui accréditaient la thèse de l’urgence d’une vente... Romain Grosjean n'a pas pu patienter plus longtemps. Le Français doit annoncer prochainement son départ de l'écurie pour rejoindre la nouvelle équipe américaine Haas. L'ancien pilote Renault avait pourtant réalisé un miracle dimanche au Japon en prenant la 7e place d'une course disputée à bord d'une monoplace Lotus privée d'évolutions et d'améliorations depuis le premier Grand Prix de la saison à Melbourne mi-mars !