Les vins et spiritueux français peuvent-ils encore échapper aux droits de douane de 15 % ?

Les vins et spiritueux français peuvent-ils encore échapper aux droits de douane de 15 % ? Ursula von der Leyen et Donald Trump ont conclu un accord de 15 % de droits de douane pour les produits européens exportés aux États-Unis. Des taxes censées s'appliquer sur les vins et spiritueux, mais la France n'a pas dit son dernier mots.

Le vin français va devenir de plus en plus cher aux Etats-Unis. Si l'accord conclu entre l'Union européenne et les Etats-Unis et fixant les nouveaux droits de douane des produits européens exportés outre-Atlantique à 15 % prévoit de rares exceptions pour certains secteurs, ce n'est pas le cas pour les vins et spiritueux. C'était pourtant un objectif des autorités françaises conscientes de l'impact de telles taxes sur le vin français qui représente plus de 30 % des exportations mondiales dans son domaine.

Les espoirs de plusieurs ministres de voir les vins et spiritueux exemptés de taxes américaines ont été douchés le jeudi 31 juillet par les déclarations de plusieurs responsables et diplomates de l'UE à Reuters. Le vins jusqu'alors taxé à 10 %, verra bien les droits de douane passer à 15 %. Mais quand ? Les droits de douane devaient entrer en vigueur le vendredi 1er août, et le décret a bien été signé par Donald Trump dans la matinée du premier jour d'août. Mais dans un énième rebondissement, le président américain a décidé de reporter l'application des nouvelles taxes au jeudi 7 août. Une décision prise pour permettre aux douanes de s'organiser pour la collecte a indiqué un responsable de la Maison Blanche.

Une hausse des droits de douane temporaire sur les vins ?

Malgré l'entrée en vigueur des nouvelles taxes, la France entend bien poursuivre les négociations pour protéger les secteurs des spiritueux. "Ce que nous poussons de façon très claire, c'est une exemption pour le secteur (...) des vins et des spiritueux, en plus de l'aéronautique", a déclaré Éric Lombard, ministre de l'Économie, à l'issue d'une réunion organisée à Bercy le mercredi 30 juillet. Une position partagée par certains européens, dont le porte-parole de la Commission européenne, Olof Gill : "On continue les négociations avec nos partenaires américains. Notre objectif, c'est d'avoir des exemptions sur ces produits", a-t-il souligné le 31 juillet.

Les vins et spiritueux ne feront manifestement pas partie de la "première tranche" des produits non taxés, mais ils pourraient être exemptés ou a minima moins taxés dans les prochains mois. Des négociations sur la base de l'accord conclu par Trump et von der Leyen devraient se poursuivre jusqu'à l'automne. Rien n'est donc gravé dans le marbre pour le moment.

Certains au sein de l'Union européenne espèrent alors obtenir un taux à 0 %, ou un taux fixé sur le principe de "la nation la plus favorisée (NPF)". Cela signifie que la taxe serait fixée par litre et non pourcentage. Il faut dire que, suite à cet accord, les produits de l'UE seront taxés à 15 %, mais il n'y a pas de principe de réciprocité. En effet, les produits américains exportés en Europe ne seront pas plus taxés. La Commission espère donc des exemptions aux produits taxés par les Américains, comme l'aéronautique, comme annoncé par Ursula von der Leyen, ainsi que les vins et spiritueux.

"Beaucoup d'incertitudes planent et méritent d'être éclaircies", déclarait mercredi 30 juillet la ministre de l'Agriculture Annie Genevard. "Nous exportons pour 5 milliards d'euros, 4 milliards pour le vin et les spiritueux, et 1 milliard pour le lait et les produits d'épicerie. 15 %, c'est donc 800 millions d'euros qui s'ajoutent pour les consommateurs locaux", a-t-elle ajouté le lendemain. Si les droits de douane de 15 % sont une mauvaise nouvelle pour le secteur, la Fédération des exportateurs de vins et spiritueux (FEVS) estimait en début de semaine que "la catastrophe (était) évitée" avec cet accord qui "évite l'application de droits de 30%" initialement prévu.