Choisir son métier dès la maternelle ? Borne s'explique sur "les capacités des élèves"
Lundi matin, la ministre de l'Education nationale Elisabeth Borne appelait à songer à la question de l'orientation, et ce, dès la petite enfance. "Il faut se préparer très jeune, dès le départ, presque depuis la maternelle, à réfléchir à la façon dont on se projette dans une formation et dans un métier", disait l'ex-Première ministre sur LCP. Selon elle, le projet professionnel ne doit pas être "défini" au moment de Parcoursup, mais bien plus tôt. Des propos qui ont déclenché un tollé, l'obligeant a réagir sans tarder. Un rétropédalage express effectué sur le réseau social X, mardi.
La ministre s'est montrée claire : "Non ! On ne va pas orienter les élèves dès la maternelle !". Elle rappelle notamment la nécessité de veiller à ne pas conditionner les choix d'orientation des élèves, notamment entre filles et garçons. Si "le goût des filles pour les mathématiques à l'entrée au CP est le même que celui des garçons, au bout d'un trimestre, il y a un écart au détriment des filles qui se creuse tout au long de la scolarité", regrette-t-elle. Des propos martelés ce mercredi 9 avril au micro de Sud Radio, en donnant davantage d'éléments.
"Veiller à ce que les élèves puissent prendre confiance en eux"
"Manifestement, mes propos n'étaient pas clairs", reconnaît-elle. "Ce que j'ai voulu dire, c'est que l'orientation est un sujet global et on doit veiller à ne pas prédéterminer, conditionner des choix. On sait qu'il y a beaucoup de biais dans l'orientation qui sont très forts et qui apparaissent très tôt. Par exemple, au niveau de l'entrée en CP, ou pour les mathématiques. Au bout d'un trimestre, les filles décrochent et l'écart se creuse tout au long de la scolarité", abonde Elisabeth Borne. Une problématique à laquelle elle souhaite répondre.
D'après elle, il est indispensable de "veiller à ce que les élèves puissent d'abord découvrir leurs capacités, prendre confiance en eux, qu'on leur donne envie d'apprendre et que ça permette le moment venu d'avoir les choix les plus éclairés et avec le moins de biais (...) Veillons à ne pas fermer des portes. Je pense que mes propos n'étaient pas clairs", tenait-elle à rappeler pour éteindre l'incendie.
En effet, les déclarations de la ministre de l'Education nationale (lundi) ont été jugés comme "lunaires" par Guislaine David du syndicat des professeurs des écoles. "Elle nous avait dit qu'elle n'était pas spécialiste de l'éducation, en effet, elle ne l'est pas", pestait-elle dans les colonnes de RMC. "L'orientation ne peut pas se faire évidemment à la maternelle, c'est pour ça que madame Borne a rétropédalé. Elle a bien compris qu'elle avait été un petit peu ridicule", juge de son côté Lisa Kamen-Hirsig, une professeure des écoles interrogée par le média.
Pour rappel, la question de "l'alternance, l'apprentissage et l'orientation dès la 5ème" avait été évoquée par Emmanuel Macron lui-même lors d'un déplacement en Charente-Maritime, en mars 2022. Mais selon l'entourage de la ministre, l'orientation de certains élèves vers des filières techniques dès la classe de 5ème n'est pas d'actualité, assure BFMTV. "Ce qu'elle a voulu dire, c'est que l'Education nationale doit donner confiance aux jeunes", rien de plus, explique l'une des membres de son cabinet auprès de la chaîne d'informations en continu.