Mort de Lola : quelle peine pour la suspecte ? Sa santé mentale pose question

Mort de Lola : quelle peine pour la suspecte ? Sa santé mentale pose question

MORT DE LOLA. Alors que les obsèques de Lola se sont tenues ce lundi 24 octobre, l'enquête sur sa mort se poursuit. La suspecte a reconnu être à l'origine du meurtre mais il faut encore trancher la question de la responsabilité liée à sa santé mentale.

L'essentiel
  • Dix jours après la mort de Lola, les obsèques de la jeune adolescente de 12 ans retrouvée sans vie dans une valise se sont tenues ce lundi 24 octobre à partir de 14h30 à Lillers, dans le Pas-de-Calais.
  • Les obsèques de Lola étaient ouvertes à tous mais "l'inhumation au cimetière [s'est faite] dans la plus stricte intimité" a précisé la famille de la collégienne dans un communiqué.
  • Alors que les obsèques de l'adolescente avaient lieu ce lundi, l'affaire de la mort de Lola continue de solliciter les enquêteurs. Le déroulé des faits est entièrement connu et la suspecte a avoué durant sa garde à vue avoir abusé et tué la collégienne mais la santé mentale de la mise en cause interroge encore. Pour l'heure, la jeune femme semble en mesure d'être jugée responsable de ses actes mais l'expertise psychiatrique doit encore indiquer si un trouble psychique a "aboli le discernement" ou le contrôle de ses actes.
  • Dans l'affaire Lola, la principale suspecte dans l'affaire, Dahbia B, est mise en examen pour "meurtre sur mineur de 15 ans accompagné de tortures ou actes de barbarie" et "viol sur mineur" et placée en détention provisoire à la prison de Fresnes depuis le 17 octobre. Elle a reconnu durant sa garde à vue avoir abusé et tué Lola mais le mobile du crime reste inconnu.
  • Le profil de la suspecte dans l'affaire Lola s'est précisé mais des interrogations subsistent concernant sa santé mentale. ce détail a pourtant toute son importance car si Dahbia B. est diagnostiquée avec des troubles mentaux en mesure d'abolir son discernement lors de l'expertise, elle pourrait être jugée irresponsable pénalement.
  • Le rôle du second suspect dans l'affaire Lola reste aussi à déterminer. L'homme a conduit Dahbia B. et la valise renfermant le corps de Lola mais assure ne pas être un complice et pas avoir été au courant du contenu de la valise.
En savoir plus

Mort de Lola, une adolescente de 12 ans

La mort de Lola a de quoi retourner les estomacs. La jeune collégienne de 12 ans a été retrouvée morte asphyxiée dans une malle laissée dans la cour de l'immeuble du 19ème arrondissement de Paris dans lequel elle vivait avec ses parents, dans la nuit du vendredi 14 au samedi 15 octobre 2022. Les enquêteurs ont rapidement mis la main sur six suspects et en ont interrogé quatre durant le week-end, avant de resserrer l'étau, dès le lundi 17 octobre, autour de deux personnes : la principale suspecte, une femme SDF de 24 ans prénommée Dahbia B., et un homme d'une quarantaine d'années, Rachid N., le conducteur du véhicule ayant transporté le corps de Lola. La première a été mise en examen dès le lundi soir et placée en détention provisoire à Fresnes (Val-de-Marne), tandis que le second a également été mis en examen et placé sous contrôle judiciaire.

Du côté de l'enquête et du mobile de l'assassinat, une information judiciaire a été ouverte par le parquet de Paris lundi 17 octobre pour plusieurs chefs d'accusation qui traduisent l'horreur de l'affaire : meurtre sur mineure de moins de 15 ans en lien avec un viol commis avec actes de torture et de barbarie, viol sur mineur de 15 ans avec actes de torture et de barbarie et recel de cadavre. Les raisons qui ont motivé le crime effroyable sont encore inconnues mais les enquêteurs creusent deux pistes : celle de la vengeance après une altercation entre la suspecte et la mère de Lola et celle d'un meurtre gratuit sur fond de marginalité.

Qui est Dahbia B., la principale suspecte dans l'affaire Lola ?

Seulement quelques heures après la découverte de la mort de la collégienne Lola, six personnes ont été placées en garde à vue le samedi 15 octobre, quatre le sont restées dimanche mais une femme s'est démarquée comme étant la principale suspecte. Il s'agit de Dahbia B., une jeune femme de 24 ans née en Algérie, sans domicile fixe et sans travail qui logeait chez sa soeur dans le même immeuble que la famille de Lola au moment des faits. Les derniers éléments de l'enquête révélés par BFMTV précisent que la suspecte est en situation irrégulière et visée par une obligation de quitter le territoire sous 30 jours qui court depuis le 21 août 2022. Dahbia B. est arrivée en France légalement en 2016 avec un titre de séjour étudiant mais n'est plus en situation régulière depuis la péremption de ce titre.

Dahbia B. a été vue entrer dans l'immeuble où vivait sa soeur et la famille de Lola au même moment que la jeune adolescente par les caméras de vidéosurveillance de la résidence. Elle a ensuite été filmée en train de quitter l'immeuble sans Lola mais avec deux valises. Des témoins disent l'avoir vue en fin d'après-midi chargeant les valises dans une Dacia conduite par le deuxième suspect mis en examen, l'un d'eux explique même avoir aidé la jeune femme et avoir remarqué qu'une valise était "tachée de sang" et qui "sentait fortement l'eau de javel". La jeune femme a pris la route à bord du véhicule pour se rendre chez le second suspect à Asnières-sur-Seine (Hauts-de-Seine) avant de revenir chez sa soeur en VTC toujours munie des valises. Dahbia B. a toutefois laissé les malles dans la cour de l'immeuble avant de remonter dans l'appartement de sa soeur. Interpellée et mise en examen, la principale suspecte est en détention provisoire à la prison de Fresnes (Val-de-Marne).

La suspecte soumise à une expertise psychiatrique

Les témoignages ont décrit une jeune femme au comportement étrange dans l'après-midi du vendredi 14 octobre. Des passants disent l'avoir vue en chaussettes, d'autres assurent l'avoir entendue dire "Il l'a fait ! Il l'a fait ! Il l'a fait !" au téléphone. Le plus troublant est que, selon un témoin, Dahbia B. aurait parlé de trafic d'organes. Certaines déclarations de la soeur de la suspecte, reprises par le Parisien, donnent de nouveaux éléments sur la santé mentale de Dahbia B. La jeune femme se serait marginalisée depuis quelques années et aurait, depuis, des discours décousus. Plus jeune, la suspecte aurait aussi souffert de la mort de ses parents.

Les propos de Dahbia B. lors des auditions montrent aussi des facettes de la jeune femme. Elle a d'abord été très prolixe et a fini par raconter en détails la mort de Lola avec un certain détachement, selon les informations d'Europe 1. Mais au fil des auditions, la jeune femme est revenue sur sa première version, expliquant avoir décrit un rêve plutôt que la réalité et a prétendu s'être défendue contre un agresseur non identifié et s'être battue contre un fantôme. Pour que sa santé mentale soit examinée afin de déceler l'existence de "potentiels troubles psychiatriques", la suspecte va prochainement passer une expertise. Pour l'heure, elle semble en mesure de répondre d'elle-même et peut être jugée responsable de ses actes selon les experts.

Qu'est-il arrivé à la collégienne Lola ?

Les parents de Lola, gardiens d'immeuble dans le 19ème arrondissement de Paris, ont signalé la disparition de leur fille le vendredi 14 octobre en milieu d'après-midi alors que Lola n'était pas rentrée après ses cours au collège Georges-Brassens. La dernière fois qu'une trace de Lola est enregistrée, c'est par la caméra de vidéosurveillance placée à l'entrée de sa résidence : autour de 15h20, la jeune fille est aperçue en train de rentrer dans l'immeuble, accompagnée d'une femme dont la description physique correspond à celle de Dahbia B. À 23 heures le même jour, un SDF signale la découverte du corps de Lola dans une malle déposée dans la cour du même immeuble de l'arrondissement de l'est parisien. Lola est retrouvée le visage scotché, pieds et poings liés avec une plaie béante à la gorge. Selon les conclusions de l'autopsie, la jeune fille est morte par asphyxie.

Les déclarations de Dahbia B. lors de son audition devant les policiers, rapportées par Europe 1, permettent de savoir ce qui s'est passé entre le moment où Lola est entrée dans l'immeuble et celui où elle a été retrouvée sans vie. La suspecte dit avoir entrainé la jeune fille dans l'appartement de sa soeur. Là, elle a demandé à Lola de se doucher avant de la contraindre à des actes sexuels lors desquels la suspecte précise avoir joui selon le média. Après quoi la jeune femme raconte avoir scotché le visage de la jeune fille et asséné son corps de plusieurs coups de ciseaux et de couteaux, dont deux à la gorge. A la fin de ce récit déjà atroce, la suspecte ajoute avoir bu un peu de sang de la victime et en avoir conservé dans un flacon. Le contenant n'a pas été retrouvé. Le corps de Lola a ensuite été placé dans une malle avec laquelle la suspecte s'est déplacée durant la fin de journée. Il s'agit de la même valise avec laquelle la jeune femme a été vue quittant l'immeuble un peu avant 17 heures. Le trajet du corps de Lola suit ensuite celui de la suspecte : il est chargé dans la voiture du deuxième suspect pour aller jusqu'à Asnières-sur-Seine (Hauts-de-Seine) avant de revenir devant l'immeuble du 19ème arrondissement et d'être trouvé par un SDF dans la cour de la résidence à 23 heures.

Quel est le mobile dans l'affaire de la mort de Lola ?

L'enquête sur l'affaire Lola progresse mais les policiers recherchent encore le mobile ou les raisons qui ont poussé la principale suspecte à agir comme elle l'a fait, selon ses propres aveux. Deux pistes sont pour le moment retenues. D'abord les enquêteurs ont privilégié la piste "d'un meurtre gratuit et insensé sur fond de marginalité" comme l'a révélé le Parisien. Mais dans la soirée du lundi 17 octobre, après les révélations sur une altercation entre la principale suspecte, Dahbia B., et la mère de Lola, la thèse de la vengeance est mise sur la table. Lors de son audition, la jeune femme de 24 ans a dit avoir eu une dispute avec la mère de la collégienne, qui est aussi la gardienne de l'immeuble dans lequel vit sa soeur, après avoir essuyé un refus d'obtention d'un badge d'accès à la résidence. Reste qu'aucun coup n'a été échangé lors de l'altercation et que les supplices physiques et sexuels infligés à Lola semblent démesurés par rapport au mobile. Autre limite à la piste de la vengeance : les parents de Lola ont tous les deux dit ne pas connaître la suspecte à la vue des images de vidéosurveillance. Ces éléments poussent les enquêteurs à douter mais ils n'écartent pas la thèse pour autant.

Evoquée plus tôt dans l'enquête, l'autre piste sur un possible trafic d'organes n'est plus poursuivie par les enquêteurs. Les déclarations d'un témoin avaient incité les enquêteurs à creuser dans ce sens : la suspecte aurait, durant ses déplacements avec la valise renfermant le corps de Lola, demandé à un passant de l'aider en échange d'un peu d'argent obtenu via des transactions liées à un trafic d'organes. Mais rien dans l'affaire Lola, à part ce témoignage, n'a à voir avec ce genre de trafic. L'avocat de Dahbia B. a lui même balayé l'hypothèse le 17 octobre sur BFMTV, de même que celles évoquant des "rituels sataniques sur des enfants".

La réaction des parents de Lola

Les parents de la jeune adolescente sont les premiers à souffrir de la mort de Lola et de l'affaire qui en découle. Ce sont eux qui ont donné l'alerte sur la disparition de leur fille le 14 octobre, quelques heures avant qu'elle soit retrouvée morte dans une valise à l'intérieur même de l'immeuble dans lequel ils habitaient et assuraient le gardiennage. Les parents de Lola sont restés très discrets depuis la funeste découverte et n'ont jamais pris la parole dans les médias. Selon BFMTV, le couple a préféré quitter Paris, leur appartement du 19ème et leur travail au sein de la résidence le temps de faire le deuil de leur petite fille de 12 ans. Ils ont trouvé refuge et compte s'installer dans le Pas-de-Calais, vers Fouquereuil, commune dont est originaire une partie de la famille de Lola.

Les rares fois où ils se sont exprimés, les parents de Lola ont surtout appelés au "respect" et à la "dignité" et insister sur leur volonté que la mort de Lola ne fasse pas l'objet de récupération politique. Quant au différents hommages et marches annoncées et organisées en l'honneur de Lola, le couple n'a donné son accord qu'à la mobilisation organisé à Fouquereuil le vendredi 21 octobre avec la mise à disposition d'un livre à condoléances.

Obsèques de Lola

Les obsèques de Lola se sont tenues ce lundi 24 octobre 2022 à Lillers dans les Pas-de-Calais, plus précisément à la collégiale Saint-Omer. Les parents de Lola ont décidé de rendre la cérémonie religieuse publique et de l'ouvrir "à toutes celles et ceux qui souhaitent lui rendre un dernier hommage". Des centaines de personnes se sont rendues aux obsèques qui pourront être suivies depuis l'extérieur du bâtiment grâce à des haut-parleurs. Après les obsèques publiques, "l'inhumation de Lola au cimetière [s'est faite] dans la plus stricte intimité" avec les parents, les frères et la famille proche de la collégienne.

Là encore les parents de Lola ont refusé que ce moment soit l'occasion de récupération politique et seuls deux membres de gouvernement ont étét présents aux obsèques avec l'accord de la famille de Lola : le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, et la secrétaire d'Etat chargée de l'Enfance, Charlotte Caubel.